Changer les voix en éducation : décolonisation et pensées critiques de la race II – Éducation, études critiques et colonialité
Ce dossier complète les études consacrées à la question de l'éducation et de la race, publiées dans le numéro précédent. Il réunit des approches critiques et décoloniales variées, afin d'abonder scientifiquement le débat sur les nouvelles voix en éducation et de proposer des alternatives aux chimères contemporaines de l'identité. Il aborde entre autres les thèmes du féminisme décolonial et les usages de l'héritage de Paulo Freire, en donnant la parole à des chercheurs brésiliens mexicains et français.
Changer les voix en éducation : décolonisation et pensées critiques de la race (I) – Éducation et race
Les questions de racisme en éducation sont de plus en plus étudiées au sein de la recherche francophone. Ce numéro s'inscrit dans leur prolongement et fait écho à une actualité brûlante en France. Le positionnement de l'école vis-à-vis des élèves musulmans et/ou non blancs invite à réfléchir à la reproduction d'un racisme institutionnel en éducation, ce que se propose de faire ce numéro du Télémaque.
Avorter au MLAC, une histoire entre féminisme et médecine
La promulgation de la loi relative à l'IVG en 1975 est un retournement majeur dans l'histoire des femmes: l'État parvient enfin à réguler la pratique abortive. Faisant de l'acte une prérogative exclusive des médecins, la " loi Veil " est un retour à l'ordre. Elle referme une phase d'appropriation revendiquée des savoirs abortifs par des femmes ordinaires. Comment expliquer que, à un moment de l'histoire où la maîtrise de l'avortement par le groupe social des femmes est à portée de main, cette possibilité tourne si rapidement court?Pour élucider cette énigme, Lucile Ruault s'intéresse au Mouvement pour la liberté de l'avortement et de la contraception (MLAC), et en particulier à l'action insoupçonnée de groupes dissidents ayant poursuivi la pratique des aspirations abortives jusqu'en 1984. En montrant que la constitution de l'avortement en question sanitaire a été l'enjeu de conflits, cette ethnographie historique tient ensemble la médicalisation de l'avortement et les résistances à ce processus par la pratique abortive profane, dans un sens féministe.
Les artistes femmes sont moins visibles que les artistes hommes dans les expositions, les collections publiques et privées et sur le marché de l'art contemporain. Elles sont pourtant majoritaires dans les écoles d'art et presque la moitié des artistes plasticien.nes sont des femmes. Comment expliquer ce paradoxe? Les artistes femmes seraient-elles moins talentueuses que les hommes? Leur travail de moins bonne qualité?Cet ouvrage propose un éclairage inédit sur les inégalités de genre dans les carrières artistiques en s'intéressant aux parcours des diplômé.es d'une prestigieuse école des beaux-arts française. Il est fondé sur une enquête d'envergure, réalisée entre 2014 et 2018, faite de données quantitatives, d'entretiens et d'observations. Du recrutement dans l'école à l'exposition en galerie, en passant par la formation artistique et la construction d'un réseau professionnel, cet ouvrage rend compte des mécanismes défavorables aux carrières artistiques féminines et saisit les ressorts qui permettent de réussir malgré tout. Ce faisant, il enrichit notre compréhension des résistances et des ressources nécessaires à la progression des femmes dans les professions supérieures.Ouvrage destiné à un large public, il intéressera, au-delà des universitaires, des artistes et des professionnel.les de la culture, toutes celles et ceux souhaitant comprendre la fabrique et le maintien des inégalités de genre dans les arts et les mondes du travail.
Y a-t-il un problème entre les femmes et les sciences, voir entre les femmes et le fait de savoir en général? Non, bien sûr que non. Et pourtant, la rumeur continue à circuler en boucles paresseuses, la misogynie des doctes n'a pas désarmé, l'égalité est loin d'être là et des énoncés assurant que les vraies femmes sont illettrées continuent d'être publiés.Michèle Le Dœuff entraîne lectrices et lecteurs dans des fouilles archéologiques visant à retrouver l'origine enfouie de réflexes toujours contemporains, dont l'ampleur reste à mesurer: existe-t-il un lien entre la méconnaissance des rapports sociaux entre les sexes, les mécanismes subtils ou grossiers mis en œuvre par les institutions intellectuelles pour maintenir en leur sein autant de domination masculine qu'elles peuvent et le mode de constitution des savoirs que l'école diffuse ou ne diffuse pas?Un parcours savant et caustique en compagnie de Platon, Christine de Pisan, Thomas More, Gabrielle Suchon, Bacon, John Stuart Mill, Harriet Taylor... Ou comment, sortant de sentiers battus, il paraît nécessaire de réinventer certaines questions: pourquoi la culture est-elle supposée diminuer le sex appeal? Pourquoi y a-t-il des choses que bien des hommes ne veulent pas comprendre? Et comment l'intuition est-elle venue aux femmes?
Le dossier de ce nouveau numéro apporte un éclairage sur le poids de l'âgisme et son cortège de discriminations, mais offrent aussi des perspectives pour une vieillesse épanouie. Les différents textes analysent la sexualité invisible, les inégalités économiques, la réception genrée de l'aide à domicile et les opportunités d'émancipation grâce à la parité de participation et à la création artistique. Un article du Champ libre invite de plus à un décentrement du regard en suivant le parcours d'une soignante et sociologue. Un numéro à lire absolument!Ouvrage collectif, sous la coordination de Farinaz Fassa Recrosio, Clothilde Palazzo, Vanina Mozziconacci et Marion Repetti.
Une autre histoire du Mali contemporain (1956-1991)
Depuis 2012, le Mali est plongé dans une crise qui semble s'enraciner. Le récit proposé ici se situe aux antipodes des représentations chaotiques diffusées à l'égard de ce pays africain. Ce livre raconte une histoire mixte, celle des combats multiples menés par les femmes et les hommes du Mali qui, en dépit de la répression, se sont révoltés, insurgé, mobilisés contre l'ordre établi et pour faire vivre leurs rêves. Situé à la croisée de l'histoire du genre et de la sociologie des mouvements sociaux, l'ouvrage propose une analyse inédite des dynamiques sexuées qui imprègnent les formes de l'action collective et de la manière dont l'engagement contribue à modifier les rapports de genre dans le Mali contemporain. De décolonisation en 1960 à la révolution de mars 1991, quatre décennies de luttes sociales et politiques ont façonné l'histoire éminemment non consensuelle de ce pays.
Cet ouvrage propose une des premières monographies dédiées à l'étude des rapports entre critique littéraire et théories du care. Il est le résultat d'une recherche interdisciplinaire entre care et littérature basée sur l'hypothèse d'un fort lien d'interdépendance entre les deux perspectives.
À l'heure où la défense des " éducations à l'égalité " semble plus audible et plus urgente et où les polémiques autour de la " théorie du genre " à l'école dramatisent la nécessité de se positionner en tant que féministe sur le terrain éducatif, cet ouvrage constitue une rupture épistémologique avec des impératifs tactiques qui semblent s'imposer d'eux-mêmes. En refusant de considérer qu'il va de soi que l'éducation est une modalité de la lutte féministe, l'autrice se propose de faire un pas de côté afin de mener un travail de clarification conceptuelle. Il s'agit ici de suspendre le postulat selon lequel l'éducation serait une évidence féministe pour laquelle les seules questions qui persistent seraient d'ordre technique, et se réduiraient au " comment faire? ", afin de revenir à une interrogation plus fondamentale, celle du " pourquoi faire? ". En effet, si l'éducation est bien omniprésente historiquement dans les revendications féministes, sa place mérite d'être problématisée philosophiquement. Alors même que le féminisme connaît de nombreuses transformations et variations, l'éducation en est une constante historique, et c'est précisément pour cela qu'elle mérite d'être étudiée de façon critique: la forte persistance de cette tradition jette en effet un soupçon sur sa consistance théorique et politique. De l'éducation conçue comme un droit auquel les femmes devraient également avoir accès jusqu'aux institutions éducatives utopiques qui subvertissent la frontière entre privé et public, en passant par la coéducation, la sororité émancipatrice et les pédagogies féministes, cette recherche vise à mettre en lumière les partis-pris épistémologiques, les dialectiques et les tensions qui traversent la conceptualisation de l'éducation au prisme des féminismes.