De l'insurrection de 1871 à l'apparition des formations nationalistes dans l'entre-deux-guerres, l'Algérie entre dans une période de colonialisme triomphant. L'administration se renforce, les terres sont massivement transférées à des colons européens et l'ordre semble régner sur ce territoire colonisé. Pourtant, à y regarder de plus près, la vie rurale reste rythmée par une vive conflictualité sociale. Les usages des territoires forestiers font l'objet d'affrontements âpres. Les terres confisquées continuent souvent d'être occupées. Et surtout, un banditisme rural émerge et ne cesse de préoccuper l'administration coloniale. Dans les années 1890, les autorités considèrent le banditisme comme le ferment potentiel d'une insurrection. Cette résistance perçue suscite une réaction répressive qui se heurte à une sourde hostilité de la société rurale qui met régulièrement en échec les tentatives de destruction des bandes. Primes de dénonciation ou de capture, internement des familles de bandits, campagnes militaires, condamnation au bagne ou à la peine capitale sont quelques-unes des mesures prises pour venir à bout des résistances à son autorité. Cet ouvrage cherche à suivre pas à pas ces bandits ruraux, de leur prise d'armes ou de leur fuite face à l'administration coloniale jusqu'à leur ultime souffle, de leur ancrage dans un territoire rural en proie à la dépossession à leur transportation au bagne. Ces trajectoires conflictuelles sont scrutées au travers d'un ensemble de sources allant des archives de la répression à la poésie populaire en passant par la presse et des correspondances privées.
C'est en Grande-Bretagne que l'histoire de l'éducation physique et l'histoire du sport sont nées, à la fin du 19e. Qualifiée d'impériale en imposant une origine britannique aux sports modernes, l'historiographie britannique a ensuite subi l'influence du marxisme à partir des années 1950, en mettant l'accent sur le sport populaire et les minorités. Ailleurs en Europe le récit sportif, davantage né vers la seconde moitié du 20e et lié à la reconnaissance universitaire des formations en sciences du sport, s'intéresse aux figures fondatrices de la pédagogie du corps et de la gymnastique militaire. L'historiographie européenne a d'abord été scindée en deux, de part et d'autre du rideau de fer. La création de divers comités lié à l'histoire du sport en Europe a permis de jeter les bases d'une histoire comparée entre les pays. Aujourd'hui l'histoire du sport se renouvèle et s'intéresse à la circulation des modèles pédagogiques et scolaires, attentive aux médiateurs et à la réception de l'enseignement sportif, aux catégories de genre, d'origine, de classe sociale.Ce seizième volume explore des thèmes aussi divers que la création de la Fédération internationale du sport universitaire, la revue brésilienne A Gazeta, les rapports entre le sport "ouvrier" et "bourgeois" en Grèce dans les publications communistes de l'entre-deux-guerres, la trajectoire d'Anne Almeida, la "comtesse" du basket français ou encore les principes de la création à Varsovue d'un district olympique durant entre-deux-guerres.
Le stade de football a pris place dans l'espace urbain depuis les années 1880. Édifié à la périphérie des villes, il a d'abord une fonction utilitaire. Il est devenu un temple du ballon rond attirant les touristes du monde entier. Il est le lieu de formalisation des traditions sportives inventées et de la cristallisation des identités sociales, urbaines et nationales. Ce sixième numéro de Football(s), invite à reconsidérer son histoire du Brésil à la Hongrie, en passant par l'Allemagne, l'Espagne, la France et les Pays-Bas. Il y est autant question d'histoire urbaine que rurale, puisque les campagnes ont aussi leurs stades, que d'histoire du spectacle, de la mémoire et du patrimoine sportif.
Pourquoi Adèle fut-elle pendant trente ans vilipendée par ses pairs, bourgeois ruraux au XIXe siècle, puis devint soudain un sujet de fascination? Une conversation imaginaire à l'été 1899 révèle sa biographie, documentée grâce à une étude approfondie réalisée dans d'abondantes archives et près de dix mille lettres, écrites pour la plupart à Arlay, village du vignoble jurassien, qui forment le terreau d'une thèse d'Histoire publiée aux PUFC en 2023.Les bavardages épistolaires où émergent le rôle prépondérant des femmes bourgeoises de la campagne, ignorées et rendues muettes par l'administration française du XIXe siècle, construisent ce roman d'histoire.
L'intérêt pour les spectacles de la Révolution tient-il à l'émotion ardente qui saisit les spectateurs dans la salle comme dans la cité ? Les grands succès dramatiques entre 1789 et l'Empire sont liés à un contexte émotionnel spécifique, mais aussi à la conscience qu'ont les contemporains de vivre l'Histoire, d'être des témoins privilégiés des débats des assemblées, des incidents de la rue ou des conflits civils et militaires. Le spectateur se retrouve " sous le coup de l'émotion ", entre la réactivation d'un traumatisme et l'anticipation d'un possible avenir, entre l'enthousiasme patriotique et l'éclat de rire libérateur ou fédérateur. Autant d'émotions individuelles et collectives qui ne sauraient être mises à distance ou anesthésiées par une transposition sur les planches.La perspective de l'histoire des émotions permet de considérer sous un nouveau jour ces métamorphoses sensibles et ouvre une voie pour comprendre les interférences entre théâtralité spectaculaire et théâtralité politique. Les études réunies ici dessinent une esthétique nouvelle, tenant compte du remaniement profond de la société, des représentations et des pratiques sous la Révolution française.
Le doctorat n'est pas un diplôme comme les autres: puisque la thèse sert à prouver la capacité à produire des savoirs nouveaux, la soutenance est le seul examen où le jury en sait moins sur le sujet traité que le ou la candidat·e. Mais comment un grade universitaire en est-il venu à certifier l'originalité et la nouveauté, plutôt que la conformité et la maîtrise de savoirs acquis? Quelles en sont les conséquences sur le travail intellectuel et ses pratiques, sur l'organisation des mondes savants et sur la structuration des disciplines? Qui s'engage dans une telle aventure, avec quels objectifs et pour quels résultats?
Encore un témoignage sur le Débarquement? Certes, mais celui de Jeanne Le Corsu se distingue par sa spontanéité et la fraîcheur de son regard. Adolescente de 14 ans issue d'une famille d'agriculteurs de la plaine de Caen, elle écrit sur le vif les bouleversements qu'elle traverse, des premiers bombardements à la reprise de l'école parmi les ruines.Son journal, rédigé entre juin et novembre 1944, offre un éclairage rare et intime sur le quotidien des civils, l'exode, la présence des troupes allemandes puis britanniques et la lente reconstruction après la Libération. Sans détour et parfois avec humour, elle décrit les réactions de son entourage et la vie dans un territoire meurtri.Grâce à une introduction contextualisée et des annotations précises, ce témoignage unique éclaire sous un jour nouveau la guerre vue par les plus jeunes. À ce titre, il s'inscrit dans la continuité des travaux sur les écritures adolescentes et les regards juvéniles sur la guerre.Cet ouvrage s'adresse autant aux historiens qu'aux lecteurs curieux de découvrir la Seconde Guerre mondiale à hauteur d'enfant.
Quand le jeune Johann Mayer, 4 ans, eut son oeil crevé, il ne pouvait imaginer que cet incident aurait une telle influence sur sa vie. Né en 1920, il devra s'engager dans la Wehrmacht, où, malgré une vision partielle il sera conducteur de camion et chargé de logistique durant toute la guerre, livrant des pièces détachées et alimentant la puissante logistique mise en place par les nazis. Ses trajets l'emmèneront de la Bretagne à la Russie, en passant par sa Bavière natale.La vie de Johann Mayer est celle d'un parmi ces millions de Mitlaüfer qui ont choisi de suivre la machine de guerre nazie. Cette enquête, menée par son petit-fils, explore ses archives personnelles huitante ans après la capitulation. Mêlant sources originales et enquête historique, ce récit unique nous plonge dans le quotidien d'un jeune Allemand dont les silences sont finalement ce qui nous frappera le plus.
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