L'actuelle cathédrale d'Amiens, dont la reconstruction a commencé en 1220, il y a 800 ans, est souvent présentée comme un " joyau " ou un " chef d'œuvre " de l'art gothique. Ces appréciations témoignent de son rayonnement, qui se mesure aux échelles locale, régionale, nationale voire européenne, et qui s'inscrit dans de multiples registres, depuis le Moyen Âge jusqu'à nos jours. Ainsi, la cathédrale est célébrée par des écrivains, chantée par des poètes, fréquentée par des pèlerins venus vénérer l'insigne relique du chef de saint Jean-Baptiste. Elle est aussi un modèle du point de vue de son architecture et de sa construction. Elle est enfin le siège d'un pouvoir spirituel et temporel, celui des évêques et des chanoines, avant que de nouveaux enjeux politiques, civiques, touristiques et patrimoniaux s'en emparent. La cathédrale d'Amiens rayonne ainsi auprès de ceux qui y prient, la regardent, s'en inspirent ou la pensent, à travers l'imaginaire, l'art ou l'histoire.
Une histoire plurielle de la paternité (XVe-XXe siècle)
Qu'est-ce qu'être père ? Comment la paternité était-elle pensée et vécue au cours des derniers siècles ? Le présent ouvrage cherche à éclairer les profondes mutations de la figure paternelle en Occident du XVe au XXe siècle. S'intéressant aux relations personnelles et concrètes des pères avec leurs enfants, notamment tout-petits, aux émotions de même qu'aux enjeux de transmissions et de pouvoir, les contributeurs de ce volume donnent à voir les expériences paternelles et les modèles qui s'imposent aux pères dans toute leur diversité. Au profit d'un dépassement de stéréotypes et de simplifications communes, historiens et historiens de l'art mènent ici une série d'études variées qui révèlent des pans méconnus de la paternité d'hier et d'aujourd'hui.
Personnage majeur de la IIIe République et illustre représentant du Pas-de-Calais, Alexandre Ribot (1842-1923) demeure dans l'ombre de la mémoire collective. Cent ans après sa disparition, l'examen des multiples facettes de son parcours par une vingtaine d'historiens permet de saisir toute l'importance de cet homme d'État.Parlementaire influent, il a pesé sur les grands débats législatifs de son temps (protectionnisme, enseignement, Séparation des Églises et de l'État, accession à la petite propriété, retraites ouvrières et paysannes). Cinq fois président du Conseil, ministre des Affaires étrangères, de l'Intérieur, des Finances, de la Justice, il gouverna à des moments difficiles (Panama, Grande Guerre), fut l'un des artisans de l'alliance franco-russe (1893), puis réussit à financer l'effort de guerre et à surmonter les différents chocs de l'année 1917. La richesse de son action fut donc considérable dans tous les domaines de la politique et contribua à l'enracinement du régime.
Ouvrage publié avec le soutien du Dans un monde régi par le droit et la loi, l'idée d'un arbitraire du pouvoir est surprenante, voire choquante. On ne retient souvent du mot que sa connotation négative, celle du bon plaisir d'un maître dont l'appétit de puissance serait sans frein. Pourtant, la notion d'arbitraire est intimement liée à celles de prudence et de discernement. Elle est chargée de valeurs morales d'intelligence et de sensibilité que l'on réserve volontiers aux juges dans l'exercice de leurs fonctions. Le pouvoir arbitraire, dès lors, est un pouvoir d'arbitrage, dans le règlement des conflits et l'administration de la justice mais aussi face aux carences, aux incertitudes ou à l'incomplétude des normes établies. En Occident, entre le XIIe et le XVIIIe siècle, la notion d'arbitraire, zone grise du pouvoir, plutôt technique et neutre à l'origine, se charge progressivement de connotations négatives aboutissant à son rejet par les philosophes des Lumières. Le présent ouvrage aborde sous différents angles des aspects jusqu'ici méconnus d'une histoire conceptuelle du pouvoir dans la longue durée.
Les minorités religieuses et le peuplement du Nouveau Monde (XVe-XIXe siècles)
Les Amériques ont connu depuis leur conquête par les Européens de nombreux bouleversements démographiques, sociaux, politiques et culturels. Elles sont devenues pour beaucoup d'hommes et de femmes, désireux de fuir le vieux continent où ils étaient persécutés pour leurs convictions religieuses, une destination, un lieu d'accueil, une espérance.La question mérite cependant d'être reprise afin de saisir, au-delà de l'étude des raisons d'un départ qu'il est nécessaire de revisiter, la façon dont les minorités religieuses ont opéré pour s'insérer dans une nouvelle société. Les contributions réunies dans ce livre proposent des clefs pour la compréhension des logiques de peuplement de l'espace américain (continental et insulaire), à la croisée d'une histoire des minorités et des migrations.
Peu de monographies portent sur le rôle culturel d'une ville moyenne en France au XIXe siècle. Notre propos n'est pas de nier la centralité parisienne ni de modifier les hiérarchies Paris-province, mais plutôt, en changeant d'observatoire, de mieux comprendre les liens savants au sein de l'hexagone, la construction des savoirs à travers les circulations d'hommes, d'idées et d'objets qui unissent la côte proche, le port de Boulogne-sur-Mer spécifiquement, à la capitale, de voir comment la province s'alimente des savoirs parisiens et vice-versa.Au-delà des niveaux intra-local et translocal, la question se pose des relations avec les îles britanniques proches dans le façonnement de la spécificité culturelle boulonnaise. Dans le cadre d'une histoire connectée, se rendre à Boulogne-sur-Mer revient à rejoindre un milieu culturel certes secondaire, mais stratégique, à la jonction de liens suivis avec les capitales européennes que sont Paris, Londres et Bruxelles.
Marguerite de France hérite en 1361 des comtés d'Artois et de Bourgogne. Veuve, elle exerce désormais seule son autorité sur ces terres unies par le mariage de Mahaut d'Artois et Othon IV de Bourgogne. En un temps marqué par de profondes mutations dans le gouvernement des principautés, Marguerite va tenir des pays secoués par la guerre et les transmettre à son fils Louis de Male, puis à sa petite-fille Marguerite de Male et à son époux Philippe le Hardi. L'étude de son action éclaire sur les modalités d'exercice d'un pouvoir au féminin dans le cadre d'une union personnelle associant des terres éloignées, en un temps de bureaucratisation des principautés. Pour ce faire, l'analyse du processus de décision permet de saisir comment s'articulent gouvernement central et organes provinciaux, qu'il s'agisse du conseil, de la chancellerie ou des finances. Quant à ses réseaux, qui incluent parents, alliés et officiers, ils font émerger un milieu stable mêlant flamands, français, artésiens et bourguignons et reposant sur la combinaison de talents intellectuels, techniques et militaires.
Formation, vocation, profession dans les christianismes (XIIIe - XVIIIe s.)
La formation des clercs est une des préoccupations centrales des Églises chrétiennes à la fin du Moyen Âge et à l'époque moderne. Toutefois, elle a souvent donné lieu à des études considérant de manière découplée les enjeux liés à la vocation, la professionnalisation et la construction identitaire des membres du clergé.Les travaux ici rassemblés proposent à l'inverse de montrer comment s'articulent ces facettes, en examinant les orientations prises, les moyens investis et les dispositifs choisis pour présider à la fabrique du clerc. Tous les temps de la formation (initiale et continue) sont envisagés, du côté des formateurs comme des postulants, permettant d'observer les mobilités sociales et spatiales, l'imposition de normes ou encore l'émergence d'identités de corps souvent concurrentes (catholique, protestante, orthodoxe) mais qui s'observent et s'influencent mutuellement. Ainsi, les interrogations portées par l'ouvrage contribueront à stimuler les comparaisons entre clergés chrétiens européens.
Constance Markievicz (1868-1927), née Gore-Booth, fille d'une riche famille anglo-irlandaise, ne semblait en rien destinée à prendre les armes pour l'indépendance irlandaise et la cause des femmes. Femme et journaliste engagée, elle œuvre à la diffusion d'idéaux républicains, socialistes et féministes lors de la période révolutionnaire. Elle se bat aux côtés des hommes et appelle les femmes à s'engager pour la cause. Consciente du pouvoir des images, elle exploite ses talents artistiques pour transmettre ses idées politiques et mobiliser le public dans la lutte pour l'indépendance. Actrice puis dramaturge, elle revisite le récit national exclusivement masculin, afin que l'engagement politique des femmes entre dans la mémoire collective. L'objet de cet ouvrage est de montrer comment les œuvres de Constance Markievicz, armes au service de son activisme multiforme, lui ont permis d'exprimer et de mettre en scène sa résistance, dans l'espoir d'inspirer ses contemporaines.