Le malentendu est sans doute au cœur de toute rencontre. On ne connaît d'abord de l'autre, même le plus proche, que la surface qu'il donne à lire de lui-même. L'autre se construit alors à travers les significations et les valeurs projetées sur lui. La méconnaissance de soi et de l'autre est d'ailleurs l'un des grands thèmes littéraires de la modernité. Toute rencontre expose à des interprétations qui manquent parfois leur objet et provoquent la rebuffade ou, à l'inverse, un étonnement agréable venant flatter le narcissisme. L'organisation spécifique de la médecine, avec ses spécialités, ses hiérarchies, sa division des tâches semble aller de soi pour ceux qui travaillent dans le système de soin ou qui ont l'habitude d'endosser le rôle de patient, mais elle peut dérouter ceux qui ne sont pas familiarisés avec cet univers. Le milieu médical a son langage, ses règles, ses procédures, ses codes implicites, ses rites, ses manières d'organiser l'espace et le temps, autant d'usage qui perdent de leur évidence lorsqu'on les découvre de l'extérieur. L'accommodement réciproque peut prendre du temps, or c'est justement ce qui manque le plus dans un contexte où les professionnels doivent faire face à des urgences et à de multiples impératifs. Dans leur souci d'établir des priorités, il arrive que les explications nécessaires deviennent secondaires. Une communication rapide ou partielle est propice aux malentendus. Ceux-ci découlent aussi de l'effort pour s'adapter à l'interlocuteur. L'ouvrage, à travers une série d'abords différents, analyse ces malentendus qui rendent les soins parfois difficiles à mettre en œuvre. Au fil des pages se dégage une éthique de la conjugaison des différences pour une prise en charge thérapeutique.
L'éducation thérapeutique est souvent décrite par les soignants éducateurs comme la découverte d'une autre activité que celle du soin et aussi comme l'occasion pour eux de nouveaux apprentissages. Elle les amène à des modifications de leurs instruments de travail, et à l'invention de nouveaux gestes professionnels mobilisés dans une nouvelle classe de situations de travail. La pratique de l'éducation thérapeutique, bouleverse, interroge ou renforce les organisations identitaires des professionnels du soin. Il apparaît que l'intégration de la dimension éducative dans le soin transforme tout autant la pratique ordinaire du soin que les acteurs eux-mêmes. Cette mise en tension témoigne de la complexité de l'entrée de la dimension éducative au sein des pratiques soignantes.Au-delà des similitudes liées par exemple au type d'affection, chaque personne est perçue comme unique. Une compétence importante chez les praticiens réside dans la capacité à percevoir et comprendre les particularités des personnes. Il s'agit de la connaissance du public qui s'appuie à la fois sur la clinique et sur des connaissances théoriques.
Apprendre à se former après 50 ans : quels enjeux et quelles pertinences ?
L'espérance de vie a augmenté de manière spectaculaire dans nos sociétés ces dernières décennies, forçant plusieurs disciplines universitaires à s'intéresser plus particulièrement à la dernière phase de la vie. La médecine à travers la gériatrie a été sans doute l'une des premières concernées, ouvrant la voie aussi aux sciences de l'éducation. Des offres comme des " ateliers équilibre " ou des séances d'activation cérébrale en témoignent. Mais la formation des adultes âgés ne se limite pas à des offres de formation formelle (cours, ateliers, etc.). Des processus d'apprentissage se déroulent également dans le cadre de formations moins ou pas du tout formalisées, comme dans l'accompagnement ou en autoformation (autodidaxie).Si les sciences de l'éducation en Allemagne, Angleterre et États-Unis s'intéressent depuis le début des années 1960 aux adultes âgés, l'intérêt pour la thématique a été plus tardif en France où, malgré la fondation de la première Université du Troisième Âge à Toulouse en 1973, l'on ne trouve une activité scientifique conséquente que fi n 1970, début 1980. Cependant, depuis quelques années, plusieurs travaux portant sur la formation dans la deuxième moitié de la vie ont été réalisés et un groupe de chercheurs s'est constitué autour de la thématique " formation et vieillissement ". Un colloque a eu lieu en novembre 2011 à l'Université de Haute Alsace à Mulhouse pour faire le point sur les questions épistémologiques de la formation des adultes âgés.Le présent ouvrage constitue en quelque sorte la suite de ces premiers échanges. Il contient un recueil d'articles de différents spécialistes internationaux portant sur l'introduction thématique, épistémologique et psychologique, sur la place des adultes âgés dans la continuité, respectivement la discontinuité de la formation, sur le regard de ces sciences connexes que sont l'histoire, l'anthropologie et l'économie. Il propose également une approche de ce qui se passe au-delà de nos frontières proches, en Allemagne et en Suisse-Romande. Il fait état de deux applications particulières de la formation des adultes âgés, sur la question de l'appropriation des TIC et des enjeux et défis de la formation des travailleurs seniors.L'objectif est une exploration de la définition du champ. En tant que réflexion sur la base épistémologique de la formation des adultes âgés, cet ouvrage s'adresse aux chercheurs et aux étudiants de toutes les disciplines concernées par la formation des adultes âgés, mais également aux professionnels et privés (bénévoles) ayant des responsabilités dans ce vaste domaine.