Faire belle part à l'écriture de nouvelles, à la vie des autres, à de petites histoires à l'heure de l'hégémonie du roman, de l'écriture de soi, du récit bâti au creux de l'Histoire, voilà en quelques mots la position singulière de l'auteur suisse de langue allemande Peter Stamm.Comme par un premier paradoxe, c'est le succès d'Agnès, un roman, salué tant par la critique que par le grand public lors de sa sortie en 1998, qui lui permet de s'affirmer sur la scène littéraire germanophone et internationale. À cette œuvre fondatrice succèdent un vaste corpus de nouvelles, des pièces de théâtre, d'autres romans, des essais poétologiques, une production riche et composite qui lui vaut d'être lauréat du très prestigieux Prix du Livre Suisse en 2018.Pionnier dans l'étude de Peter Stamm, cet ouvrage retrace, en partant de l'analyse des nouvelles, le parcours de l'écrivain et apporte, en associant étude du détail et mise en perspective, un éclairage global sur ses textes. Il met progressivement au jour la prévalence de la notion de paradoxe dans la structuration profonde de l'œuvre.L'ouvrage est préfacé par Pierre Deshusses et se clôt sur deux récits brefs inédits en français, dont le tout premier jamais écrit par Stamm.
Grand écrivain romantique, George Sand a participé à tous les courants politiques, religieux, philosophiques et littéraires de son temps. Son œuvre, qui révèle une dimension d'universalité et d'humanisme, est marquée par une générosité exceptionnelle et un désir d'améliorer la condition humaine en plaçant toujours un réel espoir dans l'éducation.Ce livre éclaire l'unité de la pensée et de l'imaginaire sandien à travers trois fils conducteurs: l'engagement et l'éducation, la défense de l'art et des artistes, l'attachement intime à un territoire. Il souligne la modernité d'une œuvre dont le succès est grandissant depuis le dernier tiers du XXe siècle.
Voici le troisième volume d'une introduction à la lecture de La Cité de Dieu, des tomes XVI, XII – XXII qui étudie cette longue histoire des mélanges du " Temps de Dieu "-Jérusalem et du " Temps des hommes "-Babylone présentée par saint Augustin.L'auteur déroule son livre de l'âge d'Abraham à sa postérité, du Temps d'Israël jusqu'aux Rois, de la Royauté à l'exil à Babylone et jusqu'à la fin des temps
On entend ici par " récit de genèse " toute perspective de type créationniste dont le modèle occidental est le modèle biblique. L'ouvrage explore également les notions voisines mais distinctes d'origine et de commencement.Les contributeurs s'intéressent à la manière dont ces récits ont été non seulement élaborés mais aussi transformés en fonction des exigences de la période et/ou de la civilisation concernée. Ainsi est abordée la réception de ces récits de genèse dans les œuvres littéraires contemporaines en relation avec les modes de transmission de la mémoire culturelle. Il s'agit en outre de présenter et d'analyser ces récits en ne se limitant pas à la tradition européenne.En effet, outre des articles posant le socle que constituent les récits bibliques et leurs possibles sources babyloniennes et sumériennes, leur réception et les commentaires qu'elles ont suscitées, sont ainsi abordées d'autres aires culturelles : Asie (Inde, Japon), Amérique, Afrique.La notion de genèse est envisagée non seulement dans cette dimension thématique mais également dans sa transposition dans les domaines de la musique et des arts plastiques.
Cette synthèse offre le regard d'un " honnête homme " sur l'islam et une analyse du regard occidental sur l'Orient musulman depuis de longs siècles.La genèse de ces rapports est présentée des batailles de Poitiers, de Lépante à la constitution de nouvelles communautés musulmanes en Europe, en passant par l'Orientalisme du XIXe siècle.La mise en place de l'islam, une rapide biographie de Mahomet et la genèse du Coran donne aux lecteurs des éléments historiques et littéraires.Les mouvements d'expansion de la doctrine en Afrique du nord, en Europe puis plus tard en Asie sont abordés à travers leurs aspects politiques et culturelles.Pour terminer l'auteur brosse un tableau du démantèlement de l'empire ottoman, la naissance des empires coloniaux européens et de l'impact esthétique de l'Orient sur l'Occident.Abordant des problématiques d'actualité, cet ouvrage est clair, bien écrit, son contenu pourra atteindre le grand public auquel il est destiné.
Après avoir " revisité " l'histoire de l'Imperium Romanum dans les dix premiers Livres de La Cité de Dieu, voici qu'Augustin développe sous nos yeux une immense fresque embrassant l'Histoire universelle, des Origines de l'Univers à la Fin des Temps, véritable " Légende des siècles ".Avant de présenter ces douze Livres, il conviendra d'en évoquer les " chiffres-clefs " essentiels à leur compréhension, déjà en germe dans les œuvres antérieures, notamment dans Les Confessions. D'autre part, Augustin suivant strictement l'ordre temporel fixé par les Écritures, il a semblé utile — sous peine d'une vaine paraphrase — de resituer l'interprétation augustinienne dans l'histoire de la production et de la réception des différents textes au fur et à mesure qu'ils seront cités.Dans une première étape, Augustin considère les deux premiers " Âges du Monde " — selon sa propre classification — : * L'Infantia, ou " Aux Origines " ; la Création, puis les deux Cités angéliques, sorte de " Prologue dans le Ciel ", à double fonction, étiologique et exemplaire, se clôturant par le thème du Péché et de la Chute des Anges, source infinie d'inspiration littéraire et plastique dans l'histoire de notre culture ; * La Pueritia, ou " À l'Orée des Temps ", d'Adam au Déluge, dont l'épisode essentiel concernera, on s'en doute, le récit de la " Faute originelle " ; plus que jamais, il conviendra de situer les différents aspects de la théologie augustinienne comme l'aboutissement de toute une longue chaîne de lectures. Dans une seconde étape, parcourant les autres " Âges du Monde ", Augustin mettra en parallèle le " Temps de Dieu " et le " Temps des Hommes ", avant de se lancer dans une méditation sur les deux formes de l'Ultime : la Fin Ultime de l'Homme et l'Ultime Fin des Temps. Tel sera l'objet du troisième et dernier volet de cet essai d'Introduction à la lecture de ce magistral chef-dœuvre.
Confrontation des imaginaires et des écritures de Marcel Proust et d'Hubert Aquin
L'œuvre romanesque de l'écrivain québécois Hubert Aquin (1929-1977) en corrélation avec ses écrits théoriques constitue un socle pour une littérature canadienne-française en passe dans le courant des années soixante d'exister spécifiquement en tant que littérature québécoise. Pour l'auteur de Prochain épisode, le renouveau littéraire du pays de l'hiver rend nécessaire la confrontation d'une littérature " mineure " avec la littérature " majeure " de langue française. Parmi les auteurs de référence de l'imaginaire aquinien, nous émettrons l'hypothèse que Marcel Proust tient une place singulière. Hubert Aquin, écrivain paradoxal, ne tend-il pas à écrire envers et contre Proust, modèle " inavouable " dont seul l'implicite du discours fait ressortir l'influence ?
I. Une histoire revisitée. Une introduction à La Cité de Dieu, I-X
Voici une introduction à la lecture de La Cité de Dieu, essentiellement centrée sur le regard d'Augustin sur le Temps de l'Histoire, l'Histoire étant comprise comme une " Quête de critères d'intelligibilité dans un Réel disloqué - voire disloquant ". Si l'occasion de ce monumental ouvrage fut le " Sac de Rome ", en août 410, Augustin y songeait déjà depuis de longues années, et mit quelque quinze années à rédiger ses vingt-deux livres. C'est dire la place centrale que La Cité de Dieu occupe dans l'oeuvre et la pensée d'un des maîtres à penser de l'Occident, dont il a largement contribué à fonder l'Imaginaire. Dans les dix premiers livres - pour reprendre son propre plan -, Augustin s'attache à " revisiter " l'histoire politique et religieuse de l'Imperium Romanum, en remontant à ses plus lointaines origines légendaires ; il en reprend quelques épisodes, en évoque des figures célèbres, qu'il sera utile de situer dans leur cadre chronologique, avant de présenter les grands axes de l'Apologétique augustinienne, en considérant d'abord son contexte général, politique et religieux, en tentant ensuite d'en dégager quelques grands axes. Mais le mystère de la destinée des Empires aura besoin d'être replacé dans un ensemble infiniment plus vaste, dans un regard englobant, en une fresque extraordinaire, de la Création du monde au Jugement dernier, véritable " Légende des Siècles ", déployée tout au long des douze livres suivants, ce qui fera l'objet des prochains volumes : 2 - Le Temps des Commencements et 3 - Du Temps des Promesses aux Temps de la Fin.
Cet ouvrage est une illustration des rapports établis entre l'histoire, telle qu'on peut la reconstituer dans sa plausibilité, et l'imaginaire de l'histoire transposé en écriture et en littérature dans un processus incessant de mythification. La métamorphose des faits, sous la pression de l'imaginaire, crée une mythologie à forte valeur affective, qui prend le pas sur la réalité. Les collectivités civiles et religieuses s'inventent ainsi une histoire fabuleuse, qui entre dans la constitution de leur identité, et s'insère dans leurs littératures, pour justifier éventuellement leur position dans l'actualité, leur ambition dans l'avenir, ou établir les bases d'une exploitation littéraire. Onze chapitres réfèrent à l'héritage mythologique de l'Occident, à travers l'Antiquité, le Christianisme, les légendes nationales et des symboles à destinée littéraire féconde.