Les crises monétaires sont des moments privilégiés pour analyser le fait monétaire dans toute sa complexité. Dans ces crises, en effet, la monnaie est remise en question et dénaturalisée ; le voile monétaire se déchire et l'essence de la monnaie comme construction sociale apparaît au grand jour. Sont ainsi révélés les fondements de l'acceptation des formes monétaires qui ont cours dans chaque société, acceptation reposant sur des rapports de confiance d'ordre économique, mais aussi politique et symbolique.Cet ouvrage s'appuie sur l'analyse de telles situations pour, d'une part, élargir la base empirique de la théorie de la monnaie comme confiance, d'autre part, dégager une morphologie des crises monétaires qui rende compte de leur complexité, enfin, ouvrir un dialogue avec l'ensemble désormais large des chercheurs – économistes, historiens, anthropologues, politologues et sociologues – qui travaillent à la compréhension du fait monétaire.Ce volume présente et analyse une grande diversité de crises monétaires dispersées dans le temps sur une période de vingt-cinq siècles – depuis la Grèce de l'époque de la guerre du Péloponnèse jusqu'à l'Argentine de 2002 – et dans l'espace sur trois continents – l'Europe, l'Asie et l'Amérique. Par l'observation de ces situations critiques où la confiance dans la monnaie se délite, voire s'effondre, les auteurs mettent à l'épreuve des faits les hypothèses théoriques qui font de la monnaie un rapport de confiance, et en montrent le caractère institutionnel, politique et symbolique, et non pas seulement économique et instrumental.Un deuxième volume aborde les crises monétaires en Allemagne et en Russie. Les deux ouvrages constituent un tout mais peuvent se lire indépendamment l'un de l'autre.
Vol.2 Crises monétaires en Allemagne et en Russie au 20ème siècle
Les crises monétaires sont des moments privilégiés pour analyser le fait monétaire dans toute sa complexité. Dans les crises - ici celles de la Russie et de l'Allemagne du 20e siècle, en effet, la monnaie est remise en question et dénaturalisée ; le voile monétaire se déchire et l'essence de la monnaie comme construction sociale apparaît au grand jour. Sont ainsi révélés les fondements de l'acceptation des formes monétaires qui ont cours dans chaque société, acceptation reposant sur des rapports de confiance d'ordre économique, mais aussi politique et symbolique.Cet ouvrage s'appuie sur l'analyse de telles situations pour, d'une part, élargir la base empirique de la théorie de la monnaie comme confiance, d'autre part, dégager une morphologie des crises monétaires qui rende compte de leur complexité, enfin, ouvrir un dialogue avec l'ensemble désormais large des chercheurs – économistes, historiens, anthropologues, politologues et sociologues – qui travaillent à la compréhension du fait monétaire.Ces réflexions enrichissent notre saisie de la nature intime de la monnaie, de ses dimensions non seulement économiques mais aussi politiques, sociales et symboliques.Un premier volume analyse une grande diversité de crises monétaires d'hier et d'aujourd'hui survenues sur trois continents : l'Europe, l'Asie et l'Amérique. Les deux ouvrages constituent un tout mais peuvent se lire indépendamment l'un de l'autre.
L'espace dans le caméralisme et l'économie politique, 1740-1820
Comment les économistes allemands envisagent-ils les relations entre État, économie et espace dans l'Allemagne des Lumières et des bouleversements de l'époque révolutionnaire et impériale ? Pour aborder le statut de l'espace dans le discours économique allemand des années 1740-1820, l'auteur tient compte de trois niveaux d'analyse : les contenus théoriques, leurs fondements conceptuels et épistémologiques, le rapport des discours à leur contexte historique. L'étude, en prenant en compte l'appareil conceptuel et l'ancrage social et institutionnel des discours étudiés, éclaire d'un jour nouveau une dimension souvent négligée par la pensée économique : l'inscription spatiale des phénomènes économiques.
La construction nationale d'un groupe professionnel
L'ouvrage permet de comprendre comment, sous l'Ancien Régime un ensemble d'hommes partagent un titre et des droits — sans toujours exercer la même activité — se transforment dans la première partie du 19e siècle en une "profession libérale". Aux échelles de la ville, du ressort judiciaire et de la France entière, il restitue la naissance d'une profession que l'État et les barreaux dotent d'un droit commun, et analyse le discours et les mythes par lesquels se forgent des représentations historiques et sociales communes. L'histoire du "barreau français" est celle d'une profession qui s'édifie à un tournant de l'histoire de l'État et de la nation. En s'interrogeant sur les modalités d'harmonisation des pratiques et des langages dans l'espace du pays, l'auteur éclaire la construction conjointe de la nation et d'une catégorie sociale et professionnelle. Cette étude constitue la première synthèse nationale sur l'histoire des barreaux.
La politique de sainteté est une réaction créative et nouvelle à la crise et aux processus de sécularisation et de modernisation, en même temps qu'un signe de politisation croissante du catholicisme contemporain. Or ce "nouveau saint", figure religieuse "hors normes" pour son époque, concentre tous les éléments sur lesquels devait se fonder la réorganisation catholique du 19e siècle, et la nouvelle présence de l'église dans la société selon les principes du catholicisme intransigeant. L'étude vise également à éclairer les modes de représentation, de perception et de construction/utilisation des modèles et rites religieux dans le cadre des relations entre religion "populaire" et église institutionnelle.
À la fin du 13e siècle, de nombreuses communes italiennes ont cherché à brider la violence de certaines familles de l'aristocratie citadine et rurale réputées pour leur indiscipline, et à les écarter des responsabilités politiques. À Florence, qui désignait ces lignages comme "magnats", l'exclusion politique a été à maintes reprises confirmée jusqu'à l'époque des Médicis et les mesures d'exception destinées à prévenir et sanctionner les méfaits de ces "Grands" ont été reconduites et parfois amplifiées au cours de cette période. Parallèlement, durant le 14e siècle, les dirigeants communaux ont réintégré les magnats, par groupes entiers de parenté ou individuellement, dans l'ensemble des citoyens politiquement actifs — le popolo. Ces retours à la cité, qui ont suscité des résistances, ont été acquis par des compromis de l'élite marchande au pouvoir avec les magnats. La commune florentine s'efforça de contrôler les agissements délictueux ou factieux des magnats en retournant contre eux leur sens de la solidarité familiale, mais aussi en leur offrant les moyens d'échapper au carcan du lignage. Le contrôle des signes de leur identité, le nom, les armoiries, qui signale les pressions exercées sur les magnats, ont été rapidement étendu aux familles ordinaires. Il place ainsi le vieil antagonisme du popolo et des grands aux racines de l'État moderne.
La succession de Charles II dans l'Empire espagnol
En Espagne, pendant la guerre de succession au trône de Charles II (1700-1714), les camps adverses habsbourgeois et bourbonien se sont livrés à des "batailles de propagande". À partir de la "publicistique" (littérature politique) de l'époque, l'enquête montre comment ils ont créé à dessein un climat de "guerre de religion", entre catholiques. Pamphlets, libelles, correspondances et chroniques du temps révèlent l'utilisation de la religion dans le discours politique. Prédicateurs et publicistes des deux camps ont recours aux mêmes procédés : exaltation mystique du combat, invocation des symboles religieux, représentation du surnaturel, exploitation d'une attitude endémique à la superstition, et diabolisation de l'ennemi, traité d'hérétique. Avec distance et humour, et avec une finesse d'analyse remarquable, l'auteur nous fait retrouver le langage propagandiste de l'époque, ses méthodes d'insinuation, le maniement des mots et l'extrême violence polémique.
Savoirs, écriture et sociabilité urbaine, Lyon, 17e -18e siècle
Aux 17e et 18e siècles, l'action culturelle de la Compagnie de Jésus s'appuie, un peu partout en Europe, sur une représentation nouvelle de la ville où la circulation des inscriptions, des livres, des informations, des savoirs tient désormais le premier rôle. Pour naturaliser la présence de l'Ordre, tardivement arrivé dans le paysage urbain de la modernité, les jésuites vont se présenter comme un corps d'experts auprès des corps de ville, capables par leur maîtrise de l'écrit et des sciences de donner un contenu, une solidité et une unité à la fonction culturelle des cités où ils sont implantés. Ce processus sociohistorique de la naturalisation de l'intervention culturelle jésuite dans la ville moderne est étudié via un double choix d'échelle d'analyse. En premier lieu, l'unité d'observation a été réduite à un ensemble d'acteurs particulièrement visibles dans la ville, les auteurs de collège. Ensuite, en se focalisant sur Lyon, capitale provinciale de première importance dans le réseau européen des établissements jésuites, il s'agissait de prendre au sérieux les dynamiques spatiales à l'œuvre dans la construction de l'universalisme de la Compagnie. Cette recherche est à la croisée des histoires institutionnelle, religieuse, culturelle et sociale. L'approche combinatoire et pragmatique permet de saisir la façon dont s'élabore au 17e siècle dans l'interaction et se dissout au milieu du 18e siècle une économie chrétienne des grandeurs urbaines.
Le mouvement d'envoi des jeunes instruits à la campagne en Chine, 1968-1980
De 1968 à 1980, près de 17 millions de "jeunes instruits" chinois — les zhiqing — ont été envoyés autoritairement par le pouvoir maoïste à la campagne pour le reste de leurs jours. Ce mouvement — xiaxiang — constitue une entité historique spécifique, tant par son ampleur et par sa forme autoritaire que par ses justifications et par son rôle dans la lutte politique de la fin du règne de Mao. Pour apporter une connaissance globale du mouvement, depuis les motivations des dirigeants qui l'ont lancé, jusqu'à la réalité vécue par les jeunes instruits à la campagne, l'auteur a confronté une très vaste documentation — statistiques désormais disponibles, œuvres littéraires, supports de propagande, documents politiques et administratifs internes — aux exceptionnels témoignages de "jeunes instruits", notamment d'anciens gardes rouges ayant fui la Chine.
C'est à une lecture inédite du paysage comme incarnation de la nation que ce livre veut introduire. La démarche nécessite une longue enquête qui retrace l'histoire du concept de paysage à partir de son apparition dans la langue française au 16e siècle puis à ses multiples usages dans l'art, en géographie, en sciences sociales et dans leurs prolongements politiques lors de l'affirmation des nations aux 19e et 20e siècles. C'est alors que se déploie le temps du paysage, durant lequel l'utilisation plurielle des références paysagères constitue un véritable dispositif social et culturel.
Les années d'après-guerre ne peuvent être pensées sans placer les sciences au centre de l'analyse. Une volonté de créer un nouvel univers s'installe où science et technique sont susceptibles d'assurer des progrès infinis. Les techniques de gestion se sont elles-mêmes faites sciences dans une mesure radicalement neuve, les frontières entre science et engineering, entre science comme savoir et science comme maîtrise sur les choses et les hommes se sont estompées, voire dissoutes. La science devient un moyen de guider l'action. De sorte que la période qui court de l'après-guerre jusqu'au début des années 60 redéfinit profondément le contrat social, de même que la place occupée par la technoscience. Les douze contributions formant l'ouvrage examinent les nouveaux aspects de la science au cours de cette période, ses pratiques et ses cousinages avec les techniques, les offres qu'elle fait au politique et à l'économique et les demandes que le social lui impose.
Après l'effondrement des régimes du "socialisme réel", le rejet du communisme devint un trait constitutif des régimes démocratiques en formation en Europe Centrale dans les années 1990, mais certains, comme les Tchèques, sont allés plus loin que d'autres. Leur dispositif juridique de décommunisation est l'un des plus riches de la région, et la question du passé, plus qu'ailleurs, reste au centre des processus d'identification politique et sociaux. En confrontant plusieurs registres de discours sur le passé dans la société tchèque - politique, juridique, historien, national, partisan, communautaire - sondant ce qui lie ces discours entre eux, ce livre propose une sociologie de la mémoire du communisme chez les Tchèques dans les années 1990, pour contribuer à une meilleure compréhension des mutations mentales à l'œuvre dans cette société.