Attaché à une histoire vue d'en bas, ce récit interroge les aspirations et les infortunes d'un jardinier de la Manche pendant l'entre-deux-guerres, puis sa détention au Stalag XI A entre 1940 et 1945. Porté par son petit-fils, ce travail biographique lève le voile sur les non-dits familiaux et éclaire la vie de cet homme issu des classes communes de la première moitié du XXe siècle. Face à des sources lacunaires, l'auteur reconstitue patiemment cette trajectoire singulière, tout en questionnant les méthodes d'écriture historique et les procédés narratifs pour restituer la personnalité et les émotions de son aïeul.Cette quête donne naissance à un récit hybride, où le lecteur navigue entre le vécu du jardinier et les incertitudes du biographe. Croisant histoire sociale, mémoires familiales et réflexions épistémologiques, cet ouvrage explore une écriture alternative des sciences sociales se donnant pour mission le partage du sensible. Manifestes d'intention, fragments de carnet de captivité, récit de vie: autant de matériaux mis à disposition pour offrir une expérience de lecture immersive et originale.
On présente souvent l'œuvre de Claude Simon comme austère et difficile d'accès, cet essai d'une lecture simple, en montre l'aspect ludique, érotique et critique. Il prend comme point de départ Le Jardin des Plantes pour relire l'ensemble de l'œuvre et montrer la capacité de renouvellement et la lutte contre l'avancée de la mort qui s'effectuent plus encore dans les derniers romans. Prenant acte de l'inversion de la signification de la mélancolie, définie comme "avidité de vivre", il en tire la conséquence d'une forme retrouvée de joie de vivre, que Le Jardin des Plantes manifeste. En raison de ce nouveau rapport à la vie, Claude Simon décrit également un nouveau rapport aux femmes. Alors qu'auparavant, le sexe et la mort s'identifiaient, place est faite au plaisir. Cet accroissement de la vie procuré par une vision plus enjouée et par le désir a des points de convergences avec les recherches surréalistes. Ce travail les fait apparaître. Enfin, revenant sur un autre tabou des anciens néo-romanciers, cet essai montre la dimension politique de l'écriture de Claude Simon.
À la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe, les Anglais et les Néerlandais se lancent à l'assaut de l'empire établi depuis un siècle dans l'océan Indien par les Portugais, qui contrôlaient le lucratif commerce des Indes orientales, notamment celui des épices. On considère souvent que les Français n'ont rien entrepris dans ce domaine avant 1664, lorsque Colbert fonda la célèbre Compagnie française des Indes orientales, qui est la seule retenue par l'histoire. Au contraire, cet ouvrage, qui souhaite s'adresser à la fois à des chercheurs et à un public élargi de non-spécialistes, vise à démontrer que les Français ont eux aussi pris part à cette "course aux épices" dans le premier quart du XVIIe siècle. La confrontation de différentes sources françaises, anglaises et néerlandaises (récits de voyages dignes d'un roman d'aventures, documents manuscrits contemporains, archives…) permet de faire revivre ces événements presque oubliés de l'histoire maritime française. Sont ainsi relatées quatre expéditions entreprises entre 1601 et 1622, ainsi que la fondation d'une première compagnie par Henri IV dès 1604. Ces premières tentatives constituent ainsi véritablement la préhistoire de la Compagnie des Indes orientales.
Au lendemain de la partition, la distance se creuse peu à peu entre l'Irlande et sa diaspora en Amérique du Nord. Cependant, à partir des années 1960, les deux Irlandes, désireuses d'attirer des investissements étrangers, décident, chacune de leur côté, de faire appel à l'élite entrepreneuriale de la diaspora aux États-Unis. Les autorités irlandaises parviennent ainsi à tisser de puissants réseaux. Au fil des décennies, elles se sont efforcées de pérenniser cette collaboration.Cet ouvrage de civilisation irlandaise met en lumière le rôle discret, mais néanmoins essentiel, que ces hommes d'affaires de premier plan ont joué dans le développement économique des deux Irlandes à des moments charnières de leur histoire récente. Cette étude dévoile l'influence grandissante de magnats irlando-américains sur la politique économique irlandaise et la nature complexe de leurs relations avec les dirigeants irlandais où se mêlent bons sentiments, intérêt mutuel et rapports de force plus ou moins tangibles.
L'Armée républicaine irlandaise provisoire (Provisional lrish Republican Army), principal groupe paramilitaire républicain, fut fondée en 1969. Dès lors, elle lutta contre la présence britannique en Irlande du Nord et pour la réunification de l'île d'Irlande. Le désarmement de l'IRA, considéré comme irréalisable jusqu'en 2001, s'est pourtant bel et bien accompli entre 2001 et 2005 dans le cadre du processus de paix. Le 26 septembre 2005, l'IRA a officiellement déposé les armes. Quels mécanismes ont alors permis, au sein du processus de paix nord-irlandais, d'aboutir à la " mise hors d'état de nuire " de l'arsenal de l'IRA qui déclarait pourtant encore en 1998 qu'elle n'accepterait pas de rendre les armes ? Mais quels étaient les enjeux de l'abandon de la violence et du désarmement pour l'IRA et le Sinn Féin durant tout le processus de paix ? Quelle était la portée symbolique du désarmement pour le groupe armé clandestin et pour le mouvement républicain dans son ensemble ? Enfin, quels mécanismes, tant diplomatiques que psychologiques, ont pu convaincre l'IRA d'abandonner la violence, puis de désarmer ? À la demande du groupe clandestin, la nature du dispositif de désarmement et le nombre d'armes détruites demeurent confidentiels. Cet ouvrage ne prétend donc pas révéler des secrets d'État, mais bien de mettre en évidence la dynamique du processus qui a mené l'IRA de la violence armée à l'abandon des armes.
En 2005, la plus vieille armée secrète du monde, l'IRA (Armée républicaine irlandaise), déposait les armes et déclarait la fin de sa guerre contre les Britanniques. En quittant la scène, elle permettait à la société irlandaise de revenir sur ce qu'avait véritablement représenté cette armée de l'ombre qui a ponctué l'histoire du XXe siècle d'événements tragiques, tant par leur violence que par leur dimension émotionnelle puissante. Des hommes et des femmes ont tué, torturé et violenté leurs contemporains, qu'ils soient Irlandais, Britanniques ou autres. Ils ont assassiné des indicateurs, fait disparaître des civils, fait exploser des bombes en pleine ville, et leur violence s'est souvent retournée contre eux. Ils ont toutefois aussi protégé une population qui se sentait abandonnée par les autorités, qui ne savait à qui s'en remettre lorsqu'elle se sentait en insécurité. Ils sont morts aux mains de leurs nombreux ennemis, tombant sous les balles des soldats britanniques ou des forces de l'ordre nord-irlandaises, exécutés par les gouvernements des deux côtés de l'île, périssant des suites de grèves de la faim dans les prisons du Nord et du Sud. Pourtant, leur but ultime, la réunification de l'Irlande, n'a toujours pas été atteint.À travers l'analyse historique et politique de l'IRA, ce livre étudie les enjeux de toute guerre asymétrique: politiques et législations antiterroristes, fonctionnement et stratégies de mouvements politiques violents, mais aussi mécanismes de tout processus de paix, et conditions nécessaires pour permettre une transition de la guerre à la paix. Il apporte un éclairage essentiel sur ce territoire postcolonial que constitue l'Irlande du Nord, théâtre du conflit le plus long qu'ait connu l'Europe au XXe siècle, et enjeu essentiel des négociations sur le Brexit.
De plus en plus, les entreprises et les institutions demandent aux individus qu'elles encadrent de savoir décrire leurs activités, leurs métiers, leurs projets professionnels. Cette exigence est devenue explicite dans les situations de recrutement, d'évaluation, de formation, ou encore dans le cadre des démarches qualité, et dans toutes les procédures de contrôle et de rationalisation du travail.Les chercheurs en sciences humaines et sociales prennent aujourd'hui la mesure de ces phénomènes discursifs et sont de plus en plus sensibles au fait que s'emparer du discours des acteurs, c'est en grande partie se confronter à des productions de soi, à du travail identitaire. Dans de nombreuses disciplines des sciences humaines et sociales, les travaux portent en effet sur la manière dont les individus se produisent comme personnes sociales dans leurs environnements socioprofessionnels, sur la manière dont ils construisent leur image, pour eux-mêmes et pour autrui, et sur la façon dont ils rendent compte de leurs activités et de leurs compétences professionnelles.Le but de cet ouvrage est donc de proposer des outils, théoriques et méthodologiques, simples à mobiliser et modulables, pour rendre compte de cette épaisseur du discours. Son originalité et son intérêt résident dans la manière de définir et d'étudier le travail de production de soi et de réflexion sur les activités socioprofessionnelles des personnes. À partir de la notion d'ethos discursif, l'ouvrage offre un moyen de comprendre et d'étudier cette activité de production de soi que mènent les individus concernés dans leurs discours. Il reprend des outils de l'analyse littéraire et linguistique (approche structurale, approche pragmatique), qui ont déjà démontré toute leur pertinence dans l'analyse littéraire, pour étudier les mécanismes de la subjectivité dans les discours.
" La Norvège fait-elle véritablement partie de l'Europe occidentale? "C'est par cette question provocatrice, posée lors de la conférence pour la reconstruction de l'Europe après la Deuxième Guerre mondiale, que commence l'histoire d'une Norvège hésitante. De fait, entre 1905 et 1994, la Norvège s'est opposée à la plupart des coopérations européennes et internationales. Or, si la vision de la Norvège s'était imposée, le monde serait différent aujourd'hui. À la rencontre de l'Europe montre à quel point les Norvégiens ignoraient tout, en 1994, de la façon dont l'Union européenne et l'Espace économique européen fonctionneraient.Ce livre entraîne le lecteur au cœur des négociations politiques secrètes entre l'Union européenne et la Norvège, donne des exemples d'intérêts norvégiens débattus et défendus à Bruxelles. Enfin, il examine les défis posés par l'Europe et leur importance pour la Norvège. C'est la contribution de Paal J. Frisvold à un débat renouvelé sur la relation qu'entretient la Norvège avec l'Union européenne, l'Espace économique européen et l'Europe, vingt ans après le référendum de 1994.
La mémoire collective nationale, qui a bien intégré le souvenir de la première femme bachelière, ne se souvient pas de celle qui fut la première à se voir décerner le titre de docteur ès lettres en histoire. Pas davantage dans sa région que dans son département d'origine! Pourtant, elle est Normande. Après une licence de lettres obtenue à Caen et des études à la Sorbonne, c'est en 1923 que Madeleine Deries, une Saint-Loise, a ce privilège. L'événement est salué partout comme l'aboutissement d'une longue démarche d'émancipation féminine. Les amis, la presse, la communauté tout entière ne ménagent pas leurs congratulations hautement méritées. Ses thèses ont été publiées – Le district de Saint-Lô pendant la Révolution et L'école centrale du département de la Manche: an IV-an XI –, suivies d'articles d'un incontestable intérêt historique. Madeleine Deries représente cette longue revendication légitime d'égalité des sexes devant la connaissance. La jeune Saint-Loise, de ce point de vue, à la manière d'un guide de haute montagne, est une ouvreuse de voie. Son parcours, exemplaire à plus d'un titre, méritait bien qu'on s'y attarde. Et, pour ajouter à la pertinence de l'entreprise, la jeune femme, née en 1895, pleinement inscrite dans la vie locale saint-loise et caennaise du début du XXe siècle, va également vivre intensément les événements liés à la Grande Guerre avant de rejoindre Paris et sa prestigieuse université, la Sorbonne, tout en éprouvant les heurs et malheurs de la vie conjugale et de la maternité. Ce portrait de femme, raconté à la manière d'une passionnante enquête, contribue incontestablement à dissiper l'insupportable silence qui entoure ces pionnières oubliées.
Durant de longues années, des membres de l'université inter-âges de Saint-Lô ont consacré leur temps libre à la recherche de l'origine des noms des rues et des lieux-dits de leur ville. D'abord seuls, puis sous la direction d'un linguiste confirmé, Stéphane Laîné, ils ont fouillé les archives anciennes et récentes pour retrouver les dénominations passées, les changements intervenus au cours des siècles, les tendances qui ont présidé au choix des noms des artères. Au coin des rues de Saint-Lô est un ouvrage original et novateur, qui met pour la première fois en application une typologie odonymique conçue par un chercheur du CNRS, Pierre-Henri Billy. C'est aussi un livre de découverte, facile à feuilleter, qui permettra au grand public de mieux connaître Saint-Lô à travers l'histoire des noms de ses voies. Voici un livre qui propose une promenade savante et divertissante au lecteur…
Cet ouvrage présente une analyse sémantique de la construction Nom + de + Nom (N1 + de + N2) en français contemporain, dont l'usage correspond à des expressions binominales sans déterminant devant N2. À l'appui d'un corpus d'exemples attestés, l'auteur tente dans un premier temps de rendre compte de la grande diversité d'emploi de cette construction en proposant une sous-classification fondée sur les relations sémantiques qui s'instaurent entre les deux noms. Les sous-catégories ainsi établies sont ensuite intégrées dans un réseau sémantique où la majorité d'entre elles peut être analysée comme des extensions sémantiques d'un nombre limité d'emplois prototypiques. Le but de cet ouvrage est de montrer que l'ensemble des emplois de la construction N1 + de + N2 forme une catégorie polysémique complexe, c'est-à-dire un tout non arbitraire qui reflète notre façon même de catégoriser.
La Chute secrète de Constance Wilde représente l'existence masquée de l'épouse d'Oscar Wilde, dont Thomas Kilroy dessine les côtés obscurs et douloureux. Sans gommer le calvaire existentiel d'Oscar, Kilroy s'attache à un autre visage de la souffrance, et met l'accent sur Constance. Sur un mode souvent comique, dans un style proche de celui des comédies wildiennes, Kilroy compose un drame d'une grande profondeur. Écrit féministe, La Chute secrète de Constance Wilde donne à voir la manière dont un monde étouffe deux êtres, l'un rejeté du fait de son homosexualité, et l'autre, silencieusement anéantie par des codes sociaux mortifères. Le dramaturge irlandais double son travail d'écriture par une approche scénique forte et atypique, car la pièce met en tension une forme fictivement classique et l'esthétique du Bunraku.