Si l'architecte Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc (1814-1879) n'eut que quelques expériences directes d'enseignement, il n'en eut pas moins de nombreux "élèves" car il ne renonça jamais à la transmission de ses idées. Outre les établissements dans lesquels il enseigna, ce fut au cours de sa pratique, dans son agence ou sur les chantiers de restauration, ou encore par le biais de ses publications qu'il transmit ses connaissances. Ainsi, si parmi ces "élèves" certains avaient réellement suivi un enseignement du "maître" dans un établissement d'enseignement, d'autres, les plus nombreux, reçurent les leçons violletleduciennes par d'autres biais, sans l'avoir nécessairement rencontré, ni même lui avoir été contemporains. Largement usité de nos jours, l'expression "élève de Viollet-le-Duc" méritait, nous l'avons cru, quelques éclaircissements. C'est l'ambition de ce volume qui, grâce aux contributions de 22 auteurs et autrices, interroge les biais de transmission de la pensée de Viollet-le-Duc et les productions de quelques-uns de ses continuateurs.
Des études récentes, associant l'histoire de l'art aux méthodes de l'archéologie du bâti et à la relecture des sources, renouvellent nos connaissances sur l'architecture religieuse et monastique du Moyen Âge central dans la partie septentrionale de l'ancienne province ecclésiastique de Reims (diocèses de Thérouanne, Tournai, Arras et Cambrai).Ces monuments, disparus ou encore présents, témoignent du dynamisme des bâtisseurs de cette vaste région, au carrefour de l'Europe du Nord, qu'il s'agisse de reconstructions sur des sites existants ou de nouvelles implantations, qu'elles soient canoniales ou monastiques. Les routes commerciales comme les voies fluviales – dont l'Escaut, frontière entre le Saint Empire romain germanique et la Flandre, fut un axe majeur – favorisèrent les échanges et permirent notamment la circulation de matériaux, accompagnée des transferts des formes et des techniques.
Les espaces intérieurs sont des territoires d'expérimentation pour différents acteurs de la conception. Seuls ou en collaboration, ils y travaillent à la frontière de plusieurs disciplines, perméables les unes aux autres, qui prennent la forme de dialogues, de transferts et de contaminations, visant à produire des effets en termes d'espaces, de perceptions et d'émotions. Depuis des perspectives critiques, expérimentales et contemporaines, cette notion d'intérieur est abordée de l'échelle du corps à celle de la métropole, à l'aune des enjeux et des pratiques d'aujourd'hui. En dépassant les partages et les oppositions traditionnelles, il s'agit de penser et redéfinir l'intérieur dans sa relation aux milieux, aux territoires et aux usages, d'en saisir la pertinence historique et synchronique, d'en cerner l'opérationnalité conceptuelle pour la démarche de projet. Qu'est-ce qui fait intérieur? Comment le conçoit-on? Comment le lit-on? Comment le pratique-t-on et le ressent-on?
L'histoire du chantier de restauration entre 1830 et 1914, en particulier celle de ses pratiques, reste encore à écrire. Les sources, tant archivistiques qu'archéologiques, sont profuses dans le domaine. Elles éclairent sur les procédés techniques et les savoir-faire des métiers (du gros-œuvre comme du second-œuvre) ainsi que sur l'organisation et la vie des chantiers. L'ambition de ce volume est de proposer une première approche de cette documentation. Les contributions réunies – études de cas, monographies ou essais – interrogent les stratégies d'approvisionnement en matériaux, l'évolution des procédés techniques de façonnage et de mise en œuvre, de même que les enjeux humains, économiques, sociaux, sociologiques et idéologiques qui motivèrent ces usages. Sous ce nouvel éclairage, le chantier de restauration révèle une matière inédite susceptible de relativiser nos acquis.
Au moment où les historiens de l'art réhabilitent l'architecture de la fin du Moyen Âge, nous avons souhaité rééditer l'ouvrage pionnier consacré par Roland Sanfaçon en 1971 à L'Architecture flamboyante en France. Notre motivation se fonde sur l'appel encore incontournable à son contenu, sur l'absence d'une synthèse française équivalente et, enfin, sur la nécessité de faire de cet ouvrage un objet de réflexion historiographique et épistémologique.Plusieurs auteurs se sont ainsi réunis autour de cette réédition pour évaluer leur dette envers la réflexion prodromique engagée par l'historien québécois sur l'architecture des XVe et XVIe siècles. Tout en interrogeant la problématique élaborée par l'auteur en son temps, forts d'un nouvel "outillage mental", ils écrivent les premières lignes d'une réflexion critique sur une architecture encore méconnue.
Les années 1970 avaient déjà vu les grands bureaux d'études parapublics s'intéresser de près aux jeux de simulation urbaine essentiellement en provenance des États-Unis. Ces jeux qui empruntent au Monopoly et aux jeux de rôle étaient assidûment pratiqués au Ministère de l'équipement mais aussi par le milieu de la recherche appliquée. Ces jeux étaient et sont toujours considérés comme étant de nature à comprendre et faire comprendre "la boîte noire" de la production urbaine. Dans une première partie, l'enfance, et plus globalement les différentes phases d'apprentissage de la jeunesse, et le jeu comme pratique ou dispositif pédagogique sont les points communs des textes rassemblés.La seconde partie insiste sur le jeu de construction principalement comme l'aboutissement d'une vie passée à tester les ressources d'une vision du monde appliquée à l'architecture ou comme l'expression d'une fiction mise en scène pour séduire, enseigner ou convaincre.Enfin, la dernière partie tire les leçons du jeu, qu'il soit funny game ou serio ludere, en interrogeant les enjeux de la gamification des pratiques professionnelles de fabrication de la ville, tant dans les bureaux d'études, qu'en matière de transition environnementale et participation.
Les cryptes médiévales constituent un patrimoine chargé de mystère dont la variété et les questions qu'elles suscitent restent méconnues. Trente chercheurs apportent leur contribution à la connaissance des cryptes de deux régions.L'Île-de-France et la Picardie présentent un corpus multiforme de cryptes, de l'époque carolingienne au XVe siècle, et des plus connues comme Saint-Denis, Jouarre ou Saint-Médard de Soissons, aux plus secrètes. Une approche pluridisciplinaire en aborde tous les aspects, tant sur le plan architectural que sur celui de l'utilisation liturgique, ou sur leur rôle dans la dévotion aux corps saints, dont un chapitre fait l'inventaire. Une analyse historique et archéologique renouvelée lève bien des interrogations. Une partie est consacrée à des structures situées sous des églises, mais qui ne sont pas des cryptes: des critères précis permettent de mettre fin aux confusions. Un inventaire des cryptes existantes, disparues ou rejetées clôt l'ouvrage.
"Qu'est-ce que l'architecture gothique?" Les essais rassemblés dans ce volume offrent des réponses inédites à cette question. Le singulier employé pour la formuler est volontaire. Il n'occulte pas la réalité d'une multiplicité d'architectures gothiques résultant de la longévité de son expression (XIIe-XVIe s.), de la mutation constante des formes et des techniques comme de la disparité des foyers culturels, des milieux géographiques, des structures sociales et des rythmes historiques.Au contraire, l'ambition de la question ainsi formulée est celle du croisement. En sollicitant, pour y répondre, un panel de spécialistes investiguant les gothiques des quatre pôles du domaine européen, il s'agit de permettre aux lecteurs d'identifier les lieux communs et de laisser apparaître les permanences gothiques à travers les âges et les milieux.Ce volume propose ainsi des interprétations, soulève des hypothèses et suggère de nouvelles visions.
Les bâtiments des centres d'archives, des bibliothèques et des musées fonctionnent comme des espaces de conservation et de présentation des collections. Présentant une diversité de formes architecturales et de modes de fonctionnement, réalisés à différentes périodes et susceptibles de transformations régulières, ils forment un corpus difficilement saisissable. Il s'agit donc, au travers d'études de cas et d'approches comparatives, de favoriser les croisements et les échanges sur plus de cinquante ans d'architecture de la conservation en France.L'évolution et les mutations des espaces sont interrogés dans une visée pluridisciplinaire. Les questionnements sur les pratiques, les expériences d'aménagement et de gestion des espaces, permettent de dresser un état des lieux global et de faire émerger des problématiques contemporaines, tout en dressant des pistes de réflexion communes. L'ouvrage se situe ainsi pleinement dans une actualité des politiques de la conservation et de la communication, et des pratiques d'aménagement de l'espace (architecture, urbanisme, design).
De 1940 à la fin du second conflit mondial, le Nord et le Pas-de-Calais subissent plusieurs vagues de destruction. Reconstruire la région est un processus complexe, d'autant que la guerre aggrave une situation déjà difficile – dès 1939 de nombreuses villes nordistes avaient déjà besoin de se moderniser.Relever les ruines ne suffit pas, un immense effort d'édification d'infrastructures et de logements neufs s'impose. Cependant, les résultats d'une telle entreprise apparaissent mitigés: la lenteur de cette seconde Reconstruction condamne beaucoup d'habitants à vivre des années dans des bâtiments provisoires et de surcroît peu esthétiques. Faut-il réviser ce jugement stylistique ?Le bilan économique semble tout aussi incertain. Les défis étaient peut-être trop importants pour une région ravagée deux fois en une génération. Mais les principes adoptés pour le relèvement de l'économie ne portent-ils pas aussi leur part de responsabilité?
En 1975, Jacques Thiébaut soutenait une thèse sur La cathédrale disparue de Cambrai et sa place dans l'évolution de l'architecture du Nord de la France. Sans mention de siècle non plus que de style, le titre de cette étude, bien que classique dans sa forme monographique, nous invite à cheminer librement à travers les lieux, les âges et les formes. L'auteur fait en effet une enquête qui ne plie pas sous le poids du monument. Au contraire, dégagé des contingences matérielles communes à ce type d'étude, il réussit à prendre le lecteur par la main ; de l'occident à l'orient il lui fait parcourir cette cathédrale détruite en l'analysant chronologiquement depuis sa tour de façade, sa nef et son transept du XIIe siècle, jusqu'à son chevet du XIIIe siècle. C'est ainsi qu'il redessine peu à peu le monument, restaure ses formes, imagine ses espaces, évalue la densité de sa luminance et, pour finir, en sollicitant l'imagination de ses lecteurs, reconstruit l'une des cathédrales majeure de la période gothique.
Construire et restaurer la cathédrale (XIe - XXIe s.)
" Construire et restaurer " sont les actions qui suscitent et régénèrent la cathédrale de Chartres du XIe au XXIe s. Sa stratigraphie est ainsi faite de traces, de marques et d'empreintes appartenant à des passés plus ou moins lointains. Ce sont ces temps enregistrés dans la matière par la main et l'outil que cet ouvrage propose d'investir.Abordée de la sorte la cathédrale dévoile la culture matérielle des bâtisseurs et leur recours à des choix technologiques signifiants. En élargissant l'étude aux restaurateurs apparaissent des individus qui, subordonnés au bâti, reproduisent les gestes et les savoir-faire de leurs lointains prédécesseurs. Ainsi étudiée dans sa matérialité diachronique, la cathédrale de Chartres permet de comparer les hommes et d'apprécier la transmission comme le transfert intergénérationnel des techniques.Dès lors se dévoilent ductus et habitus des tailleurs de pierre, des plombiers, des forgerons, des peintres et des maçons sur le long temps d'un lieu performant : le monument en chantier.