Recueil d'études en hommage à Catherine Jacquemard
Née à Dinan, Catherine Jacquemard a fait ses études à Caen puis à Paris lorsqu'elle a intégré l'ENS de jeunes filles de Sèvres. Titulaire de l'agrégation de grammaire, elle a enseigné entre autres au lycée Lebrun de Coutances. Puis, après avoir soutenu sa thèse sous la direction de Pierre Flobert, elle a été nommée à l'université de Caen comme maître de conférences avant de devenir, dans la même université, professeur de langue et littérature latines. C'est à la littérature latine de l'Antiquité tardive et du Moyen Âge que Catherine Jacquemard a consacré l'essentiel de son travail de recherche, d'abord dans le domaine de l'histoire des sciences, puis dans celui de l'érudition et de la transmission des savoirs par le livre avec, notamment, la création de la Bibliothèque virtuelle du Mont Saint-Michel. Les contributions de ses étudiants et amis, réunies dans ce volume, portent sur trois grandes thématiques qui lui sont chères: la Normandie, notamment médiévale, la transmission des savoirs scientifiques et enfin la littérature antique, latine et grecque, dans tous ses aspects. Dans leur diversité, ces articles constituent autant d'hommages à l'insatiable curiosité intellectuelle de Catherine Jacquemard.
Les articles rassemblés ici constituent un hommage à Franck Bauer, qui fut professeur de littérature générale et comparée à l'université de Caen Normandie. Insoucieux des honneurs et des grandeurs, voire de sa carrière, exempt de préjugés si bien que sa pensée semble souvent paradoxale, ouvert à toutes les curiosités, Franck Bauer a été défini par une de ses collègues, la romancière Julie Wolkenstein, comme " un Don Quichotte qui aurait avalé Sancho Pança ". Ces mélanges veulent être, à l'image de leur dédicataire, éclectiques, généreux et non conformistes. On y retrouvera la diversité des centres d'intérêt de celui à qui ils sont offerts, et s'ils relèvent tous de la poétique, le terme doit être ici entendu en son sens le plus large: tout ce qui fait la spécificité, donc le plaisir du texte – d'un texte qui n'est en dernier ressort comparable qu'à lui-même.
Topographie du réel et de l'imaginaire. hommages à Anne-Marie Gresser
Si les textes sont le plus souvent lus et étudiés du strict point de vue de leur contenu, la question des lieux de rédaction des œuvres est rarement abordée. Il est évident que le lieu de rédaction conditionne la forme et le message délivré par l'auteur. Il suffit pour s'en convaincre d'avoir à l'esprit les textes, le plus souvent des poèmes, rédigés par les prisonniers des camps de concentration ou du goulag. La problématique est également abordée sous l'angle de la création d'un espace d'écriture imaginaire par la projection de l'auteur dans un espace fictif ou inventé. La question de l'exil en tant que lieu d'écriture conclut un ouvrage varié embrassant de nombreux domaines culturels et linguistiques.
Chemin faisant. Parcours en géographie sociale: estimant que le temps en est venu, l'universitaire retrace la démarche intellectuelle construite au cours de sa carrière. Il saisit les héritages et les contextes qui l'ont inspirée durablement et les événements qui en ont marqué le cheminement. Aussi le livre peut-il se lire de diverses manières. À chacun de choisir la voie qui paraît lui convenir pour s'y engager. Flâner, au gré des humeurs, entre le désordre des photographies initiales et l'essai de mise en cohérence des expériences successives à partir desquelles s'est élaborée la position du géographe. Ou emprunter le parcours en géographie sociale comme on s'attelle à la lecture d'un manuel d'initiation, mais un manuel qui voudrait inciter à s'écarter des sentiers convenus, pour tenter de mieux comprendre par leurs géographies les hommes en société. Ou bien s'interroger sur les complaisances que l'on ressent pour les terroirs de ses origines et sur l'obligation qui s'impose de se confronter aux crises qui, à l'échelle des banlieues ou à celle du monde, secouent les sociétés contemporaines. Ou encore, de confidences personnelles en essais théoriques, explorer les rapports entre ce qui relève de l'intimité et la nécessaire rigueur des savoirs partagés. Et ainsi préparer le regard et l'esprit à connaître les sociétés et se donner les moyens d'y tenir son rôle, aujourd'hui et pour les temps à venir.
Regards socio-historiques sur une alternative éducative et pédagogique.
Élaborée juste après la première guerre mondiale, la Pédagogie Freinet nouait ensemble les tendances de l'Éducation nouvelle, l'ambition d'une Éducation populaire nourrie des idéologies du XIXe siècle et la volonté de changement social portée par la génération d'anciens combattants progressistes et pacifistes. Comment cette pédagogie peut-elle être encore d'actualité, près d'un siècle plus tard, malgré les mutations sociales et culturelles qu'a connu la période ? L'auteur montre comment Célestin Freinet, le fondateur charismatique de cette pédagogie, a aussi créé les bases d'un mouvement coopératif d'instituteurs, un "intellectuel collectif" qui, génération après génération, réélabore et met en œuvre la pensée et les pratiques de l'émancipation à l'école (coopération, expression libre, éducation du travail, tâtonnement expérimental, personnalisation des apprentissages…). Avec la même approche empruntant à la sociologie et à la sociologie historique, Henri Peyronie interroge un autre enjeu important – trop peu étudié – des pratiques éducatives, et ignoré de la culture dominante de l'évaluation : quels sont les effets sociaux et humains de cette pratique éducative alternative portée par le mouvement Freinet de l'École moderne ?
L'originalité de ce travail est d'avoir voulu appréhender la pédagogie Freinet à partir des méthodes d'observation et d'investigation de l'anthropologie et plus particulièrement dans une de ses pratiques les plus significatives : le texte libre. Les outils théoriques mobilisés par l'auteur sont principalement ceux de la génétique textuelle, mais l'essentiel réside en ceci : adopter ce que les anthropologues appellent le " point de vue de l'indigène ", soit que se passe-t-il quand un enfant écrit un texte, pourquoi tel texte, à quel moment, qu'en attend-il, comment le commence-t-il, le finit-il ? Au cours des différents chapitres, Pierre Clanché évoque aussi Tolstoï, Munch, précurseurs du texte libre, ou Wittgenstein et étudie des situations d'écriture qui vont de l'école primaire à la classe de seconde.