La région des Hauts-de-France (anciennement Picardie et Nord - Pas-de-Calais) a été comme d'autres régions françaises partie prenante de ce que l'on appelle " l'aventure de la décentralisation théâtrale ". Mais si l'on retient les noms de Reybaz, de Robichez, ou de structures qui pour une grande part existent encore aujourd'hui, on connaît peu leur parcours et leur place dans l'histoire des politiques publiques de ces dernières décennies. Qui furent les acteurs locaux de cette aventure? Quels réseaux ont été mis en place, par quelles tutelles, selon quelle logique politique? Quel bilan peut-on tirer de ces quelques décennies – de l'après-guerre aux années 1990 – qui virent l'essor du Centre Dramatique du Nord ou de la Maison de la Culture d'Amiens, ou les heurs et malheurs des compagnies, connues ou moins connues, qui sillonnèrent ce territoire? Cet ouvrage, à travers études, entretiens et documents iconographiques, vise à mettre au jour une mémoire pour une bonne part effacée, et à en dégager l'originalité dans le paysage artistique et culturel français de la seconde moitié du XXe siècle.
La femme devant ses juges de la fin du Moyen Âge au XXe siècle reflète les divers aspects et toute la richesse d'un sujet à la croisée de plusieurs champs de recherches en histoire des rapports sociaux, des femmes et du genre, de la criminalité, du droit et de la justice, enfin de l'histoire religieuse et des mentalités. L'objectif initial était de confronter la réalité factuelle d'une délinquance particulière et ses représentations chez les hommes et les femmes formant le corps social, les juges, les théologiens et les femmes criminelles elles-mêmes. Trois points de vue sur la criminalité féminine se dégagent: celui des femmes délinquantes elles-mêmes, principalement lors de leurs interrogatoires, pourtant de nature à le recomposer; celui de la société: hommes et femmes, famille, voisins, plaignants et accusateurs, tous dans leur normalité définie, reconnue et intégrée; celui, enfin, d'une justice des hommes et de Dieu entièrement masculine.
Le Registre des calenges du bailli d'Arras est un remarquable document surl'histoire de la justiceet de la société du Moyen Âge, garde mémoire despoursuites criminelles faites par les échevins sur la saisine (" calenge ") dubailli comtal du 26 janvier 1362 au 4 novembre 1376.Il relate en tout cent soixante-dix crimes pour lesquels sont précisés les noms des victimes etdes accusés, le récit des faits incriminés – plus de la moitié sont des vols, environ un tiers sontdes homicides – ainsi que le mode de défense adopté: aveu, déni, invocation de la légitimedéfense qui donne lieu à une " contreplainte " dirigée contre la victime.Les dépositions de quelques témoins sont enregistrées pour les deux tiers des affaires.L'accusé est une fois sur deux relaxé, dans le reste des cas banni ou puni de mort, plus rarementcondamné à une amende ou une peine corporelle.Il s'agit d'un édition critique d'un texte inédit, traduit du franco-picard en français moderne.
L'évolution de trois générations à travers les milieux associatif et familial (1945-2015)
Près d'un siècle après l'arrivée de la plus grande vague d'immigration polonaise en France, une partie de ses descendants conserve des traditions polonaises. Cet ouvrage retrace l'évolution de la polonité, c'est-à-dire l'attachement des migrants polonais et de leurs descendants à la Pologne et sa culture, entre 1945 et 2015 au sein des pays miniers de Saône-et-Loire et du Nord - Pas-de-Calais, et identifie les raisons de cette persistance. Le réseau associatif polonais, en particulier les sociétés sportives et artistiques, et le milieu familial sont interrogés pour étudier cette spécificité chez les deuxième, troisième et quatrième générations de migrants polonais. La dimension comparative ici mobilisée met au jour les rôles du territoire sur la polonité dont les constituants et les acteurs sont déterminés. La lecture de la polonité ici adoptée, pouvant s'appliquer à d'autres populations issues de l'immigration, offre un nouveau regard au sein du domaine de l'histoire de l'immigration.
La Révolution française et les secousses qu'elle a durablement engendrées en Europe ont souligné de manière inédite l'influence du Verbe sur la politisation collective.Selon quelles modalités le bouillonnement rhétorique de la Révolution a-t-il été assimilé, mis à distance et pour partie réinventé en Europe occidentale dans le demi-siècle qui a suivi? Quelle a été l'incidence de cette rhétorique fondatrice dans la politisation d'individus de toutes conditions sociales?Du monde anglo-saxon aux confins méridionaux de l'Europe en passant par le territoire flamand, la rhétorique de 1789 a fait l'objet d'adaptations profondes, quand elle n'était pas franchement rejetée. En France même, loin d'une diffusion de valeurs républicaines directement issue du Verbe révolutionnaire, les analyses présentées ici suggèrent toute la complexité des entrelacements argumentatifs dans la maturation progressive d'un modèle politique national jusqu'en 1848.
Ce volume comporte neuf communications données à l'occasion d'un colloque international organisé par le CREHS (Anne Gagey, Pierre Schneider, Marie-Odile Laforge-Charles et Stéphane Lebreton), qui s'est tenu à l'université d'Artois les 15 et 16 octobre 2014. Le grand intérêt des communications a poussé plusieurs collègues à en souhaiter l'édition. L'intérêt de cet ouvrage consiste à confronter différents champs disciplinaires sur la notion de frontière au sens propre comme au sens figuré: frontière linguistique, religieuse, économique, sociale, géographique, culturelle, artistique, religieuse et naturellement politique. On y trouvera dès lors des contributions (3 pour l'Antiquité, 6 pour le Moyen Âge) portant sur l'histoire, la géographie, l''histoire de l'art, l'archéologie et les religions, mais aussi des études linguistiques et culturelles. La définition et la perception de la frontière sont envisagées comme une zone de rencontres, d'échanges, de regroupements mais aussi comme une zone de confrontation ou de fracture politique, religieuse, militaire.
La position particulière de Calais, interface naturelle entre le continent et la Grande-Bretagne depuis les temps les plus reculés, en fait un lieu d'observation privilégié des circulations dans le nord de la France, et plus précisément des déplacements des hommes. Longtemps pris dans un sens restrictif, ce dernier terme a occulté la présence féminine. Pourtant, les femmes sont bien présentes, pas uniquement épouses fidèles de maris voyageurs: pèlerines, filles à marier ou femmes de mauvaise vie, colporteuses ou messagères, activistes ou réfugiées, elles traversent la région de part en part depuis le Moyen Âge. Artistes, femmes du monde (ou du demi-monde), commerçantes, aventurières n'hésitent pas à franchir le détroit, sans parler des sportives qui relèvent ce défi à la nage!Ce territoire géographiquement limité s'avère ainsi d'une grande richesse et participe, par petites touches ou par des études plus étendues, à bâtir une meilleure vision des déplacements des femmes. Il apporte ainsi sa pierre à l'édifice de l'histoire des femmes comme à celui de l'histoire des circulations et contribue à sa mesure à établir le pont entre les deux.
La caricature politique est indissociable de l'essor des libertés démocratiques. Elle tourne en ridicule les décideurs politiques et les ténors du Parlement. Cet ouvrage rend hommage à la liberté de la presse, toujours menacée, et au rôle multiforme du dessin politique et parlementaire depuis Daumier. Abondamment illustré, il étudie l'évolution du rôle et des formes de la caricature politique et parlementaire en France de Louis XVIII à François Mitterrand, avec un utile détour comparatiste du côté de l'Italie.À travers cet éclairage, c'est toute l'histoire des usages de la scène parlementaire et des joutes des leaders et des familles politiques qui est revisitée. Un tableau politique se dessine, articulant étroitement l'éloquence de la tribune et le trait du dessinateur de presse, le poids des mots du représentant de la nation et le choc de sa représentation.
L'année 2014 a été l'occasion de commémorer le bimillénaire de la mort d'Auguste, premier empereur romain (63 a.C.-19 août 14 p.C.). Le présent volume, fruit de deux journées d'études tenues à l'Université de Bourgogne (Dijon, novembre 2014) et à l'Université d'Artois (Arras, 2015), se propose d'analyser la manière dont la mémoire de la personne et du règne du fondateur du Principat s'est construite, pérennisée mais aussi transformée au fil des siècles. Figure exemplaire pour les uns, crainte voire critiquée pour les autres, Auguste ne laissa ni ses contemporains ni les siècles postérieurs indifférents. Les Romains du Principat ou de l'époque tardive, tout comme les hommes du Moyen-Âge et de l'époque moderne ont oscillé entre deux appréciations du personnage, y voyant selon les cas le restaurateur de l'ordre politique ou l'instaurateur d'une servitude durable. C'est la construction de la mémoire d'Auguste à travers les siècles que cet ouvrage entend explorer, conduisant ainsi le lecteur de l'Auguste de Prima Porta au Siècle d'Auguste du peintre Jean-Léon Gérôme.
Art et archéologie dans les territoires occupés 1914-1921 / Kunst und Archäologie in den besetzten Gebieten 1914-1921
Le sort (préservation, appropriation, propagande) réservé au patrimoine des territoires occupés est un enjeu encore peu exploré de la Grande Guerre.À l'Ouest, archéologues et historiens de l'art allemands organisent leurs travaux autour de trois pôles: la recherche archéologique, la conservation des musées et les publications patrimoniales qui témoignent de leur volonté d'inventaire, d'analyse, et de valorisation, notamment par le recours à la photographie.Sur le front oriental, la situation se renverse au cours de l'été 1917: les mesures de protection du patrimoine urbain et rural laissent place à la négation du caractère original de l'art polonais, considéré désormais comme une imitation de l'art allemand.Le marché de l'art, notamment allemand, subit le contrecoup du conflit: baisse de l'offre, hausse des prix, mais aussi exportation de nombreuses œuvres entraînant des mesures d'inventaires et de protection des biens artistiques en possession des particuliers.L'Armistice, qui pose la question des réparations artistique, induit une réflexion sur le statut de l'œuvre d'art qui mobilise les experts internationaux dans l'Entre-deux guerres.
Abordée dans la perspective des mutations documentaires du second Moyen Âge (XIIe-XVe siècles), la question des archives princières s'inscrit dans un courant historiographique qui vise à contribuer aux renouvellements de l'histoire politique, en s'attachant à l'étude des usages de l'écrit, et plus particulièrement aux mécanismes de la production et de la conservation documentaires. Fondées sur les méthodes les plus récentes de la science diplomatique, les études ici rassemblées, attentives aux dynamiques temporelles, portent sur les principautés d'un vaste espace européen, centré sur l'aire d'influence française. Leur objet se situe à l'intersection de l'histoire des archives, des pratiques d'archivage, et des institutions. Au-delà de leur dimension proprement juridique et financière, les problèmes posés par la gestion des archives des princes touchent aux pratiques et aux techniques de l'administration et du gouvernement, tandis que la formation de la mémoire écrite d'une principauté constitue en elle-même un enjeu pour le pouvoir princier. Sur ces thématiques, encore peu étudiées, le présent ouvrage constitue un premier bilan, un instrument de travail, et une invitation à poursuivre la recherche.
Le tome VI de l'Histoire des provinces françaises du Nord conclut la série dirigée par Alain Lottin sur l'histoire du Nord-Pas-de-Calais. Il propose une synthèse des recherches récentes dans un style accessible. L'ouvrage comprend de nombreuses illustrations, une chronologie ainsi qu'une dizaine de documents d'époque.Consacré à la période 1914-2014, le livre s'intéresse aux figures majeures de la région (Lebas, Schumann, de Gaulle, Mauroy, etc.). Il insiste sur deux particularités, l'attachement au catholicisme et le poids du socialisme et du communisme, sans éluder une caractéristique plus récente : l'importance du Front National. Sont également évoqués le sport (RC Lens, LOSC), les loisirs ou les mutations de la vie culturelle, avec notamment l'ouverture du Louvre-Lens. L'ouvrage fait la part belle aux développements industriels, avec de nombreuses illustrations sur l'histoire minière notamment, mais aussi aux reconversions récentes (Tunnel sous la Manche, etc.). Il ne néglige pas les nombreux et douloureux conflits sociaux, en particulier les grèves propres à la région, de 1941 et de 1963. Enfin, les richesses artistiques ne sont pas oubliées, du peintre Matisse à Mallet-Stevens (villa Cavrois), en passant par les Tulipes de la japonaise Yayoi Kusama à Euralille.