Le cataclysme de la Seconde Guerre mondiale, caractérisé par l'ampleur et la démesure des pertes humaines – 40 millions de morts sur le continent européen – l'est aussi par leur nature, les morts civils dépassant largement les pertes militaires. Un chaos qui a touché toutes les populations. Militaires, prisonniers de guerre ou politiques, populations déplacées, bombardées, massacrées, exterminées ou affamées.Cette démesure a bouleversé le destin démographique de centaines de millions d'hommes, de femmes, d'enfants. Séparations forcées, familles éclatées et décimées, deuils ont eu des conséquences sur la mortalité, la fécondité, la courbe des naissances, les mariages : des phénomènes qui se lisent sur la durée.Estimer des chiffres d'une telle envergure n'est pas allé de soi. Dès l'après-guerre, les démographes ont tenté de dresser des bilans et d'en évaluer les conséquences sur la pyramide des âges. Au fil des décennies, les estimations se sont affinées, avec la mise à disposition de nouvelles archives.70 ans après la fin de la guerre, ce recueil de textes, articles, extraits d'ouvrages de démographes et d'historiens offre une vision globale, au niveau européen, d'un tournant unique dans l'histoire de la population.
Les nombreuses cartes postales qui ont circulé dans la première moitié du xxe siècle, diverses dans leurs thèmes comme dans leur style, permettent d'illustrer les changements démographiques de cette période. La plupart des événements de la vie (naissance, mariage, divorce, veuvage, etc.) sont parfois dépeints avec une grande fantaisie, un certain humour, voire de manière satirique ou grivoise. Un bébé peut arriver dans une famille, récolté dans un chou ou dans une rose, pêché dans un lac, apporté par une cigogne, envoyé par la poste ou même fabriqué par une machine.Ces cartes ont illustré aussi bien des sujets légers que des thèmes plus graves. Durant la Grande Guerre, chaque bébé était vu comme un futur poilu et il ne semblait pas déplacé de le représenter à l'intérieur d'un obus de 75. Les cartes postales publiées à cette époque peuvent aussi véhiculer un message politique ou, du moins, lui faire écho. Traitant de dépopulation et de repopulation, questions devenues brûlantes après la défaite de 1870, elles méritent d'être replacées dans une perspectivedémographique. Mais elles racontent aussi l'intime, celle du soldat au front ou celle de " l'heureux événement ".De 1900 à 1950, du projet de loi contre la dépopulation aux premières années du baby-boom, cette histoire illustrée de la population française fait écho à nos propres histoires familiales.
Le conflit qui fit entrer le monde dans le XXe siècle est toujours, cent ans après, considéré comme l'un des plus grands traumatismes de l'histoire de l'humanité. Le cataclysme démographique qu'il a engendré, ne serait-ce que par le nombre de morts, plusieurs millions, mais aussi par ses conséquences sur les générations suivantes, n'a sans doute pas encore révélé toute son ampleur. On connaît le phénomène des " classes creuses ", mis en évidence par les pyramides des âges, conséquence de décès massifs de jeunes partis trop tôt sans laisser de descendance.Le deuil a été vécu de façon massive et brutale par la plupart des familles. Il a eu pour effet de retarder les mariages et de faire chuter la fécondité. Des transformations qui, accentuées par un contexte économique chaotique, ont laissé de profondes traces au sein de la société.Moins connu est l'impact de la guerre sur la mortalité infantile, que les pénuries et les maladies dues aux conflits ont aggravé. Autres grandes victimes de la guerre, les veuves, obligées de s'adapter à une nouvelle vie. Mais au-delà du sacrifice, les chiffres et leurs évolutions montrent aussi la capacité de la société à faire face.Cet ouvrage rassemble une série de textes, articles et extraits d'ouvrages déjà parus, qui permet de faire un bilan démographique, cent ans après le début de la Première Guerre mondiale, sur les conséquences que ce conflit majeur a eu notamment sur la population française.
Thérèse Locoh est celle par qui le concept de genre, que les démographes ont tardé à prendre au sérieux, a finalement acquis droit de cité à l'Institut national d'études démographiques et gagné l'ensemble de la communauté francophone des spécialistes de la population. Mais l'hommage qui lui est fait ici ne célèbre pas que ce seul aspect de sa remarquable contribution au développement des études de population des quarante dernières années. Thérèse Locoh a en réalité consacré l'essentiel de sa carrière à la démographie africaine, tout particulièrement à travers l'étude des familles africaines.Les auteurs de cet ouvrage collectif n'ont reçu pour toute consigne que de faire plaisir à Thérèse Locoh en prenant plaisir à écrire quelques pages sur un sujet libre. Le pari était fait qu'il s'en dégagerait nécessairement une cohérence, tant l'attraction exercée par Thérèse pour ses deux domaines de prédilection auprès de tous ses collègues était grande. Fait et aussitôt gagné ! Non seulement toutes les contributions traitent soit du genre soit de l'Afrique et souvent des deux à la fois, mais leur diversité a permis d'aborder tous les aspects de la trajectoire humaine : naissance, enfance, passage à l'âge adulte, sexualité, mariage, fécondité, famille, ménage, activité, emploi, migration, santé, mortalité, sans oublier quelques chapitres méthodologiques. Autant de sujets qui posent des questions de genre et qui, souvent, prennent un tour très particulier en Afrique.Quant aux quatre textes sur lesquels le livre se referme, évoquant sous des angles très différents l'itinéraire de Thérèse Locoh, gageons qu'ils ne pourront être lus sans émotion, ni par ceux qui connaissent Thérèse Locoh, ni par ceux qui la découvrent ici.
Gérard Calot a consacré toute sa carrière professionnelle à la démographie, à l'Insee (Institut national de la statistique et des études économiques), puis à l'Ined (Institut national d'études démographiques), enfin à l'ODE (Observatoire démographique européen). En plus de quarante ans consacrés à la connaissance démographique, il a participé à des courants de pensée, laissé ses propres traces, ouvert des voies. Cet ouvrage d'hommage esquisse un bilan, en revisitant quelques domaines où les contributions de Gérard Calot se sont progressivement accumulées au long des années et où une vue d'ensemble aide à mieux comprendre sa personnalité scientifique.Autour des cinq thèmes retenus pour " mesurer " l'apport de Gérard Calot (la statistique, l'analyse conjoncturelle, les projections de population, les politiques de population et l'internationalisation de la recherche), des chercheurs ont été sollicités en France et à l'étranger travaillant sur ces mêmes thèmes, souvent dans le même esprit que Gérard Calot lui-même mais parfois dans un esprit sensiblement différent. Le propos n'est donc pas hagiographique. Il ne s'agit pas davantage de faire parler les disciples après le maître.Le souci est de montrer que les préoccupations de Gérard Calot étaient partagées et continuent de l'être par des collègues à travers le monde, parfois à contre-courant de ce qu'avait développé Gérard Calot.
A l'occasion de son cinquantième anniversaire, l'institut National d'Études Démographiques avait réuni à Paris un colloque international dont ce volume présente les "Actes ". Le thème en était double. D'une part, il s'agissait de décrire, en quelques pages. l'évolution de la discipline démographique depuis la fin de la dernière guerre c'est alors, en effet, que celle-ci avait cessé d'être le fait de quelques pionniers isolés pour se structurer et s'institutionnaliser. Les contributions de la seconde partie se proposaient, elles, de recenser les principaux problèmes qui sollicitent aujourd'hui les démographes et qui appelleront dans un proche avenir des choix inéluctables, mais aux issues incertaines.L'ensemble de ces textes et les quelques commentaires qui les accompagnent ne prétendent fournir ni une histoire complète ni des perspectives sûres. Ils ont seulement pour ambition de montrer combien la démographie est une science vivante " aux contours mouvants ", comment ses méthodes s'adaptent aux transformations de la population, et pourquoi aujourd'hui, comme toutes les sciences humaines, elles s'interrogent sur son avenir.