La question du végétarisme est souvent marginalisée, raillée, voire invisibilisée dans les discussions autour des enjeux écologiques et politiques auxquels sont confrontées nos sociétés occidentales. Pourtant, des pratiques végétariennes éclairées et conviviales semblent proposer des avancées intéressantes vers davantage de justice sociale, une meilleure prise en compte du vivant dans son ensemble, et des individus humains et non-humains en particulier. Pourquoi alors tant de mépris ?Il est vrai qu'en révélant que la viande n'est pas l'alpha et l'oméga de nos assiettes, les pratiques végétariennes viennent heurter notre conception traditionnelle de la " bonne alimentation ", où la viande doit être au centre, à la fois sur le plan symbolique comme physique et physiologique. Mais que veut dire consommer ou ne pas consommer de la viande, à la fois dans nos repas quotidiens, mais aussi dans les récits réels ou fictifs qui les entourent ? Quelles représentations véhiculent ces narrations, et comment influencent-elles nos choix alimentaires ? Quels changements ou continuités permettent-ils ?Il est désormais temps de prendre ces questions au sérieux, d'entrer en déprise carniste, comme on entre en révolution, pour changer de paradigme et faire advenir un monde commun plus juste du point de vue animal, social et environnemental.Amandine Andruchiw est docteure en philosophie, chargée de cours en philosophie morale et éthique appliquée à l'université de Reims Champagne-Ardenne. Elle est également la coordinatrice du site Champagne-Ardenne de l'espace de réflexion éthique Grand-Est (EREGE).
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