Quand peut-on déclarer un conflit achevé? Après une guerre, une dictature, un génocide, qu'est-ce qu'une réconciliation réussie? Quels enseignements chaque situation post-conflictuelle ou post-traumatique peut-elle délivrer en matière d'établissement de la vérité, de réparation et de transmission de la mémoire? Comment faire cohabiter les exigences de la mémoire et la nécessité de vivre ensemble? C'est sur ces sujets complexes que cet ouvrage propose des éléments de réponse en conjuguant la parole de chercheurs, de témoins, ainsi que d'artistes impliqués, pour offrir des regards multiples.
Comment pense la littérature ? Et plus précisément encore : Comment pense le roman? De nombreux romans se tiennent en effet à la frontière entre littérature et philosophie: le " roman-essai ", le roman polyphonique et le roman totalisant.Les Somnambules de Hermann Broch et L'Homme sans qualités de Robert Musil s'inscrivent dans cette " indéfinissabilité " que l'on reconnaît au roman-essai. Les rapports du roman et de la philosophie sont dans ces œuvres des rapports tendus : la philosophie se sert de la fiction romanesque (Broch) ; à l'inverse, le roman polémique avec une certaine philosophie qu'il incarne à travers les personnages (Musil). Empruntant à la musique une structure polyphonique, les romans de Thomas Mann La Montagne magique et le Docteur Faustus dispensent un enseignement philosophique non de manière abstraite, mais sous la forme d'un jeu esthétique, narratif, par le rattachement de l'ironie et de la parodie. Le roman totalisant rend compte finalement des limites fragiles qui séparent le philosophique du littéraire, à partir du moment où la littérature se définit comme un absolu qui englobe la philosophie, mais aussi tous les champs du savoir. Le Jeu des Perles de Verre de Hermann Hesse et La Mort de Virgile de Hermann Broch manifestent une ambition totalisante dont la réalisation ne peut être que de l'ordre de l'utopique (Hesse) ou de l'indicible (Broch).Tous ces romans entrecroisent deux regards, regard de la philosophie sur le roman et regard du roman sur la philosophie.
Les auteurs ont placé au centre de leurs réflexions la crise perçue, ressentie et surtout analysée par les contemporains. Ainsi sont étudiés différents philosophes ou auteurs de sciences humaines comme Max Scheler, Karl Jaspers, Edmund Husserl, Martin Buber, Sigmund Freud ou Oswald Spengler qui ont tenté d'expliquer, d'étudier la crise générale qui touche les Allemands et l'Allemagne.Des œuvres d'écrivains -T. Mann, R. Musil, H. Broch, K. Mann et Ö. Von Horvath -, et d'artistes - le Bauhaus - qui ont observé et présenté la crise sont aussi étudiés. Sa négation par les dramaturges et les théoriciens nazis est aussi présentée.
Dans un contexte particulier caractérisé par la première participation, en 2004, d'un chancelier fédéral allemand aux commémorations du 60e anniversaire du Débarquement des Alliés en Normandie, et, en 2005, par de multiples commémorations du 60e anniversaire de la fin de la Guerre, des universitaires et chercheurs – historiens, germanistes, politologues et sociologues – spécialistes de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale mènent une réflexion sur les enjeux de la mémoire. Il s'agit d'examiner les concepts de "devoir" et de "travail" de mémoire qui, logiquement, se déclinent de manière différente selon que l'on se place du point de vue des "victimes" ou du point de vue "allemand". Abordées selon diverses perspectives "franco-allemandes ", les analyses se concentrent autour de la question de savoir ce qu'on peut transmettre aux jeunes générations et de quelle manière, en insistant aussi sur la dimension complexe d'un phénomène inépuisable. À travers les différentes contributions, les auteurs s'interrogent sur la problématique de la dichotomie mémoire/oubli, la place de la mémoire dans la société, la portée de la mémoire individuelle versus la mémoire collective, l'importance de la mémoire institutionnalisée, tout en accordant une place importante aux témoignages des survivants et aux " lieux de mémoire ".
Dix ans après la chute du mur et l'unification de l'Allemagne, les douze contributions, écrites en français et en allemand, regroupées dans le livre, esquissent un bilan et analysent les évolutions à long et à court terme, le contexte allemand, européen et mondial de l'unification. Elles étudient la position française, en proposant une relecture des relations franco-allemandes à la lumière de 1989-1990. Historiens, témoins et acteurs évoquent ensuite le déroulement très concret des événements en RDA, le rôle des Églises et des mouvements de résistance, et livrent aussi leurs observations et leurs réflexions sur l'évolution dans les nouveaux Länder depuis 1990.