Ce livre retrace l'histoire de la radicalité environnementale aux États-Unis en s'appuyant sur la vieet l'œuvre de grandes figures inscrites dans cette tradition (H. D. Thoreau, John Muir, Aldo Leopold, David Brower, Dave Foreman et J. Baird Callicot). Si l'ouvrage retrace le destin d'une idée, il permet des'intéresser à de nombreux phénomènes historiques plus larges : la réception des idées de Darwin, le darwinisme social, la naissance de l'industrie nucléaire aux États-Unis, la controverse climatique, l'émergence de groupes comme Greenpeace ou Friends of the Earth, l'évolution du consumérisme américain…
Jamaica Kincaid est l'une des voix remarquables de la petite île d'Antigua. Installée aux États-Unis depuis une quarantaine d'années, elle est l'auteur d'une œuvre protéiforme et originale (romans, nouvelles, essais, chroniques, récits de voyage, ouvrages sur le jardin). Sa production s'inscrit dans l'entre-deux d'un espace littéraire caribéen et d'un imaginaire " mondial ". La fabrique du même, souhaite éclairer son oeuvre singulière et montrer ce qui, dans son écriture, résiste aux étiquettes trop facilement assignées (récits autobiographiques, Bildungsroman). On a ici choisi de suivre les chemins de traverse et de prêter attention à ce que disent les voix insistantes, faussement insignifiantes, des textes inclassables de Jamaica Kincaid. Par le biais de la notion de reprise et de motifs ordinaires (la marche, le travail de la main, le jardinage, le tricot, l'objet), La fabrique du même aborde les discrètes façons dont l'oeuvre figure les tiraillements du soi, la difficulté du rapport au monde, à la famille, à l'histoire et au verbe. L' œuvre fait voir le chemin des petites choses, les tracés autres que ceux de la ligne droite (zigzag, diagonales, lignes brisées, courbes) faisant ainsi surgir un fond commun de motifs qui met l'espace de l'œuvre en résonance critique avec un imaginaire caribéen et mondial.
Auteur déraciné, Vladimir Nabokov a changé de pays et de langue et a connu une existence en constant déplacement. L'écrivain en mouvement a développé une sensibilité particulière pour l'espace en mouvement, pour les géographies diverses qu'il a habitées. Tâche peu entreprise par la critique nabokovienne, l'étude de l'imagination géographique de Nabokov permet d'éclairer des passages entre géographie et écriture, mais aussi entre espace et temporalité. À partir d'un corpus de textes russes (Dar/The Gift) et américains (Lolita, Pale Fire, Ada), cet ouvrage analyse la pratique nabokovienne de l'ailleurs et les " jeux de mondes " qui émergent de la tension entre espaces réels et inventés, entre le proche et le lointain. Il existe chez cet auteur une douleur de l'ailleurs nourrie par l'absence propre à l'exil, mais aussi une jubilation de l'ailleurs capable de projeter des mondes nouveaux, qui transfigurent les cartographies du réel. Explorer l'ailleurs, c'est inévitablement parler des difficultés de l'écriture, évoquer les enjeux d'un projet esthétique et langagier. Cette étude remet en question l'idée que l'ailleurs nabokovien serait synonyme d'évasion loin du réel et montre qu'il se construit dans une intimité inconfortable avec le temps présent et les particularités de ce monde.
Instant de reconnaissance, la scène de la rencontre avec une passante unit la certitude de la perte à une secrète connivence. Parcourant desNormal021falsefalsefalseFRX-NONEX-NONE/* Style Definitions */table.MsoNormalTable{mso-style-name:"Tableau Normal";mso-tstyle-rowband-size:0;mso-tstyle-colband-size:0;mso-style-noshow:yes;mso-style-priority:99;mso-style-qformat:yes;mso-style-parent:"";mso-padding-alt:0cm 5.4pt 0cm 5.4pt;mso-para-margin-top:0cm;mso-para-margin-right:0cm;mso-para-margin-bottom:10.0pt;mso-para-margin-left:0cm;line-height:115%;mso-pagination:widow-orphan;font-size:11.0pt;font-family:"Calibri","sans-serif";mso-ascii-font-family:Calibri;mso-ascii-theme-font:minor-latin;mso-fareast-font-family:"Times New Roman";mso-fareast-theme-font:minor-fareast;mso-hansi-font-family:Calibri;mso-hansi-theme-font:minor-latin;}œuvres de dix écrivains, de Henry James à Paul Auster, ce livre aborde la manière dont le motif éminemment urbain de la rencontre avec une inconnue permet d'envisager l'écriture de New York dans la littérature américaine. En renonçant aux saisies mimétiques pour avouer ses doutes sur sa capacité à nommer le renouvellement urbain, l'écriture ne se retire pas du monde sensible. Elle s'accorde au contraire à l'inquiétude d'une ville où l'exil est pays, où la fièvre reconstructrice et le chatoiement des artifices traduisent la souffrance et la force des rêves. Mêlant le lointain et l'intime, elle recrée les desseins d'harmonie qui, associés à l'invention du territoire américain, ne cessent d'animer l'espace new-yorkais.
Dans la culture nord-américaine, la notion du sauvage est essentiellement liée à la figure de l'Indien, qui en est l'incarnation même. Trouvant ses prémices dans l'Europe impériale, l'idée du sauvage n'a cessé d'évoluer au cours de l'histoire américaine. Qu'il soit étape première dans l'évolution de l'homme ou dégénérescence de l'homme civilisé, source de civilisation ou état à jamais primitif, noble ou ignoble, vertueux ou uniquement vicieux, le sauvage est le miroir de l'homme civilisé, de ce qu'il a été ou de ce qu'il devrait être.La définition même du sauvage a abondamment nourri les enquêtes littéraires propres au XIXe siècle américain, au point d'avoir durablement marqué l'identité de la littérature américaine. C'est à l'essentielle ambiguïté de ce terme, soulignée par Montaigne dès le XIXe siècle, que se confrontent tout ensemble pensée de la limite, pensée de l'humain, pensée du temps et pensée du territoire, s'entrelaçant de manière proprement exemplaire dans la pensée de l'Amérique.
Les autobiographies des indiens d'amérique du Nord demeurent peu connues en France alors qu'elles sont d'une grande portée littéraire et politique. On a tendance à définir l'autobiographie comme genre européen résultant du souci de l'homme occidental de mettre son individualité en avant, oubliant que d'autres cultures la pratiquent depuis longtemps, tels les indiens qui narraient déjà oralement l'histoire de leur vie avant l'arrivée des Européens. avec l'imposition de l'anglais, ils vont produire des textes majeurs dès la fin du 18e siècle, puis en nombre important du 19e siècle jusqu'à nos jours.Cet ouvrage démontre comment ces récits, loin d'être cependant le signe d'une soumission intellectuelle à la colonisation européenne, s'offrent en tant qu'acte de résistance et de survivance. En écrivant ses identités, la femme ou l'homme colonisé(e) utilise le pouvoir de définition du langage et oppose une résistance aux forces du pouvoir dominant. Ce sont ces résistances que cet ouvrage tente de mettre en valeur.