La société civile organisée (SCOR) offre non seulement un espace public multiscalaire et un espace de contre-pouvoirs mais aussi une forme de régulation par rapport à l'État. Les rapports sont pour le moins ambigus puisque même quand la SCOR est " contre " l'État, les rapports restent profonds comme les différentes contributions ne manquent pas de le démontrer.Cet ouvrage cherche à étudier la capacité ou non des " mineurs ", des " minorés " ou des " minorisés " de la société à émerger, à se mobiliser comme acteurs de la société civile organisée et en même temps à construire celle-ci. Il s'agit de voir en quoi ceux dont " la valeur est diminuée " accèdent et occupent l'espace intermédiaire para-politique et quels sont leurs rapports avec le pouvoir représenté par l'État, de la plus ou moins grande proximité à l'opposition. Ces contributions posent un certain nombre de questions pour cerner le sens, les logiques et les périmètres voire les territoires de la société civile organisée contre – ou en réaction – à l'État. Enfin ces formes d'organisation, constitutives de la société civile organisée, représentent-elles des moyens pour les mineurs/minorés/minorisés d'accéder au politique, au pouvoir et/ou pour être intégrés à l'État ?Si l'originalité de cet ouvrage tient à la pluridisciplinarité, elle est aussi contenue dans son inscription dans un temps de moyenne durée, ouvert sur le temps présent et dans son déploiement multiscalaire.
Réflexions à partir de la lutte contre la traite des êtres humains
Cet ouvrage questionne la manière dont s'articulent les échanges entre les acteurs impliqués dans la lutte contre la traite des êtres humains. Nombreux sont les textes juridiques ou les recommandations internationales qui exhortent lesdits acteurs à " travailler ensemble ". Que l'on parle de la nécessité de mettre en œuvre une " approche globale de la lutte contre la traite ", de la mise en place de " mécanismes d'orientation ", de l'instauration de formes de " partenariats " ou de " coopérations ", l'objectif est le même.Or le développement de telles interactions se révèle difficile à mettre en œuvre en France. Ce constat s'explique par l'ampleur des législations que ces pratiques criminelles contournent ou heurtent de plein fouet : atteinte à l'intégrité physique des personnes, violation du droit du travail, des frontières, des règles fiscales, fraude documentaire, etc. Mais en amont, c'est l'absence de définition d'une politique publique consacrée à ce sujet qui est à questionner.En effet, la mise en œuvre d'une réelle dynamique de " travail ensemble " ne peut que résulter d'une réflexion de fond sur les valeurs que heurtent les faits de traite des êtres humains et les moyens de les protéger. Elle oblige à définir l'objet sur lequel doit porter l'action à conduire, les objectifs à atteindre et les moyens d'y parvenir. Cela exige d'établir des priorités au sein des valeurs en concurrence et de s'accorder sur un certain nombre de principes théoriques et de principes d'action. C'est un travail considérable mais essentiel.Les contributions rassemblées permettent de prendre la mesure de la difficulté, d'identifier les enjeux en termes d'effectivité de la lutte contre la traite et d'ouvrir des perspectives quant aux formes que peut prendre ledit " travail ensemble ". Elles sont issues d'un colloque organisé en juillet 2016 par le COMPTRASEC (UMR CNRS 5114) dans le cadre d'un projet de recherche financé par le Conseil régional d'Aquitaine.