Geste universel qui relie des époques et des champs de création très différents, le dessin est le medium de prédilection pour concevoir ou mettre en forme des espaces, que ceux-ci soient réels ou imaginaires, visibles ou invisibles. Traiter le dessin dans son rapport à l'espace, c'est ainsi le concevoir comme un trait d'union entre des disciplines que tout oppose a priori.L'enjeu de cet ouvrage est de confronter les points de vue afin qu'émerge une possible définition du dessin indépendamment d'une cassure trop brutale entre les domaines artistiques et scientifiques. La problématique de l'espace est un angle d'approche pertinent, non seulement parce que le dessin questionne les modes de représentation mais aussi, parce qu'au cours des siècles, il n'a cessé de réinventer ses supports d'inscription et ses modalités de présentation.
Le nom de Bruno Chérier (1817-1880) est passé à la postérité en raison de l'amitié qui le liait au sculpteur Jean-Baptiste Carpeaux, dont il était le correspondant fidèle et le modèle. Cet ouvrage met en évidence le rôle de Chérier auprès du sculpteur : ils collaborent à leurs débuts à des chantiers communs, Chérier jouant un rôle essentiel dans la pratique de la peinture par Carpeaux et participant au choix des sujets inspirant son ami. Le sculpteur nous a également laissé une série d'émouvants portraits de Chérier, aussi bien dessinés, peints que sculptés. Richement illustrée, cette étude permet également de restituer la carrière de Chérier, à la fois peintre et dessinateur de cartons de vitraux. Ancré dans le Nord mais aussi reflet plus large d'une esthétique propre au Second Empire et aux prémices de la IIIe République, son œuvre est essentiellement formé de portraits et de décors religieux. Valenciennois d'origine, il a notamment reçu des commandes à Tourcoing, Lille et Loos. Dans cette monographie, l'accent a été plus particulièrement porté sur les cycles décoratifs monumentaux dans les églises : Chérier est en effet le peintre qui a obtenu le plus de commandes au XIXe siècle pour des édifices religieux de la métropole lilloise.
Depuis la Renaissance, l'estampe a constitué une révolution capitale dans l'histoire de la culture visuelle et de la perception de l'oeuvre d'art : l'idée de graver un sujet sur une matrice, puis de l'imprimer en de multiples exemplaires, a totalement bouleversé les notions d'originalité et d'unicité traditionnellement attachées à l'oeuvre d'art. Bien moins coûteuse et moins fragile que le dessin ou la peinture, l'estampe a trouvé des applications extrêmement variées - des plus nobles aux plus humbles - destinées à des publics élargis, mettant quasiment l'image à la portée de tous. Mais paradoxalement, le caractère multiple des estampes originales, la soumission au modèle inhérente à l'estampe dite de " reproduction ", la complexité de certains procédés techniques, la question des retirages posthumes de planches, ont pu entraîner, incompréhension, méfiance et préjugés. L'évolution des statuts de l'image imprimée est une question des plus actuelles et des plus transversales à travers les siècles. Elle se rattache pleinement à l'histoire de la culture visuelle et appelle de stimulantes approches interdisciplinaires. Elle est au coeur de ce recueil auquel ont contribué de nombreux spécialistes, chercheurs en histoire de l'art, en économie de l'art, conservateurs de musées, conservateurs de bibliothèques, experts...
Ce livre est consacré au marché du tableau et à la pratique de la collection à Paris au XVIIIe siècle. Son objet n'est pas d'envisager les mécanismes de la production de l'image peinte, étudiés par ailleurs, ni même la circulation des oeuvres dans le sens de " consommation des images " par quelques groupes socio-professionnels, mais plutôt d'étudier les modalités de circulation du tableau, considéré comme objet de collection. Au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle, Paris devient l'une des places les plus importantes d'Europe pour le marché de l'oeuvre peinte, alors que dans le même temps, on assiste à un essor considérable des collections privées, nouveaux lieux de sociabilité et de formation du regard. Cette période correspond à un grand dynamisme de la pratique et à une mutation des " mondes de l'art ". C'est en effet au cours de la seconde moitié du siècle que le marché du tableau se structure et se dote d'instruments efficaces et modernes. Le marchand de tableau n'est plus alors systématiquement issu du corps des maîtres-peintres de l'Académie de Saint-Luc ou de celui des marchands merciers. L'apparition de grands marchands experts, imposant une nouvelle idée du commerce de l'art, et l'essor considérable de la vente publique avec catalogue qui devient la forme la plus voyante, la plus offensive et spectaculaire du marché, sont les deux grandes nouveautés de la période.
C'est le propre de certaines vies hors du commun de refléter le mouvement global d'une époque dans ses élans, ses revirements, ses échecs. Sans avoir eu le charisme de David ou le charme inné de Gérard, Jean-Baptiste Wicar, par sa personnalité multiforme et son existence aventureuse, demeure une figure emblématique du monde français de l'art, entre le 18e et le 19e siècle. Sa vie fut partagée entre la France et l'Italie ; son oeuvre l'est encore aujourd'hui et contribue à consolider les liens entre les deux pays et à mettre en valeur leur complémentarité. Le fonds de l'atelier de Wicar, conservé à l'Académie des Beaux-Arts de Pérouse, constitue le plus important ensemble d'oeuvres françaises de l'époque néoclassique appartenant au patrimoine italien. La collection de dessins de Wicar, qui fut très convoitée en son temps, est entrée en revanche au musée de Lille, où elle continue de familiariser le public avec l'art italien de la Renaissance. Né pauvre, à Lille, sous l'Ancien Régime, Wicar mourut riche et célèbre dans la Rome de la Restauration, qui l'honora d'un tombeau dans Saint-Louis des Français. Cet ouvrage collectif restitue les étapes de la vie de Wicar dans leur contexte et met l'accent sur les échanges entre une Italie en éveil, ébauchant sa quête d'unité nationale, et la France de la Révolution et de l'Empire.
Le présent ouvrage qui reprend partiellement la thèse de doctorat de l'auteur, Peter Paul Rubens et la France 1600-1715 soutenue en 2002, étudie les rapports riches et complexes qui s'établirent entre le peintre flamand et la France d'Henri IV et de Louis XIII. Des premiers contacts noués à l'occasion du voyage entrepris par l'artiste vers l'Italie au printemps 1600 jusqu'à sa mort, à Anvers, en 1640 sont successivement abordées la question des relations entre Rubens et ses différents " patrons " français et celle des conséquences des activités diplomatiques de l'artiste sur sa carrière française. À travers le regard de Rubens et le regard porté sur Rubens peintre et décorateur génial, concepteur de la Galerie Médicis, érudit, diplomate et courtisan, se dégage un portrait riche, foisonnant et parfois inattendu de la France des arts, des lettres et de la politique sous Louis XIII.Ce travail qui fait date par son ampleur, s'accompagne d'une analyse très complète de ce qu'il est convenu d'appeler la " réception " de Rubens et de son oeuvre dans notre pays entre 1600 et 1640, à travers une étude de sa fortune critique, de la diffusion de son art par l'estampe, des premiers collectionneurs des tableaux et esquisses du maître en France et enfin de " l'influence " exercée par la peinture de Rubens sur ses collègues français.Né à Rouen en 1970, Alexis Merle du Bourg est titulaire d'une Maîtrise en droit (1993) et d'un doctorat en Histoire de l'art obtenu à l'université de Paris IV-Sorbonne en mai 2002. D'emblée ses recherches ont porté sur les rapports artistiques entre les pays du Nord et la France pendant la période moderne (xve-xviiie siècle). Il a récemment consacré sa thèse de doctorat à la réception de la personne et de l'oeuvre de Rubens en France sous Louis XIII et Louis XIV. Auteur de plusieurs articles consacrés notamment au maître flamand, il publie en 2004 sa thèse dans deux ouvrages. Il a collaboré, en outre, à plusieurs importantes expositions à Lille (Rubens), Arras (Rubens contre Poussin) et Blois (Marie de Médicis. Un gouvernement par les arts) qui ont également lieu en 2004.