Réunissant de façon inédite des contributions de spécialistes de la littérature, des anthropologues, des historiens, des philosophes, des écrivains et des éditeurs, cet ouvrage tente de relever trois défis : repenser le lien entre littérature et politique ; réfléchir sur la relation entre littérature et savoir et interroger les usages conjoints des termes "littérature", "démocratie" et "Afrique". Dans ce projet, "littérature" et "démocratie" ont été étudiés à partir des concepts "enjeux littéraires" et "espaces démocratiques".'Enjeux littéraires' permet de penser non seulement la textualité littéraire, mais aussi les discours sur la littérature, les politiques éditoriales, la distribution, les circuits de lecture et de lecteurs, le marché du livre, les statuts et les (choix de) langues, la représentation de l'écrivain et des œuvres.'Espaces démocratiques' dépasse l'analyse du rapport entre la littérature et un certain régime politique occidental, pour examiner plus généralement la façon dont la littérature produit un espace de transformation susceptible de mettre en question tout ordre sociopolitique existant.Cet ouvrage rassemble des contributions portant sur divers auteurs appartenant aux trois domaines francophone, anglophone et lusophone. Il regroupe des analyses monographiques, des réflexions plus générales sur les problèmes qui concernent les trajectoires historiques des écritures et des auteurs de l'Afrique subsaharienne, aussi bien que des questions fondamentales de la théorie littéraire.
L'ouvrage rend compte d'une réflexion collective sur la manière d'aborder des terrains de recherche qualifiés de sensibles. L'expression terrains sensibles désigne des espaces (ghettos, squats, camps, etc.) et des conditions sociales (sans-papiers, SDF, réfugiés, etc.) que les institutions définissent comme exceptionnels, déviants et/ou illégaux. Ces terrains sont également sensibles en ce qu'ils relèvent d'enjeux sociocritiques cruciaux et suscitent une demande sociale forte. La question des modalités d'engagement du chercheur est au centre des préoccupations des contributeurs.
Cette approche collective étudie la musique comme fait social, à travers les usages qui en résultent et les sentiments d'appartenance qui lui sont liés. Un espace de dialogue se dessine autour de la textualité de la musique et de son interpénétration avec la réalité sociale. De cette rencontre interdisciplinaire, résultat d'un croisement entre diverses aires culturelles, d'une mise en commun d'outils d'analyse et d'un mélange de sons, émerge une étude hybride à l'image de l'hétérogénéité des processus décrits. Invitation à la découverte ou redécouverte d'un objet méconnu, au cœur de terrains eux-mêmes peu connus, ce livre appelle au décloisonnement des visions sur les musiques dites "populaires". Il incite à l'exploration de différentes formes de savoirs et à l'ouverture de nouvelles perspectives interprétatives.
La fin des régimes à parti unique confronte les pays d'Afrique et d'Europe de l'Est à une redéfinition de la démocratie qui passe par la considération de leurs expériences historiques et culturelles et l'application d'une norme démocratique "universelle". Or, la sortie des systèmes post-coloniaux (Afrique) et socialistes (Europe de l'Est) s'est accompagnée de phénomènes de résistance, de rémanence et de permanence des modes de pensée hérités de l'idéologie passée (coloniale ou soviétique). Et c'est encore à partir d'elle que la nouvelle réalité politico-sociale est interprétée. Ainsi, par exemple, pour les élites maliennes l'empire médiéval, tel que défini par les administrateurs-ethnographes coloniaux, continue de jouer un rôle central dans la conception de l'État national ; ou l'invention d'une ethnicité ukrainienne post-socialiste à partir de concepts issus de l'ethnologie soviétique ; et encore l'émergence en Haïti d'un modèle "néo-colonial" qui soutient les inégalités au sein de la société contemporaine. Autant d'exemples ici, et de nombreux autres dans la publication, soumis à la réflexion d'historiens et d'anthropologues, afin de mieux saisir deux expériences historiques fondamentales, le post-colonialisme et le post-socialisme, comparables par leur amplitude, leur contemporanéité et la similitude de leurs mécanismes idéologiques.
En 1958, le géographe Gilles Sautter réalise un rapport sur la construction, qui n'aboutira jamais, d'un chemin de fer, reliant le Tchad à l'Oubangui-Chari. Cette liaison visait à améliorer les conditions de transport, à organiser un territoire à l'échelle de l'Afrique équatoriale française et à en faciliter le contrôle politique. Ce texte, nouvellement publié ici, témoigne à la fois d'une époque et d'un homme porté par l'enthousiasme des découvertes, et le souci d'une géographie appliquée, à ce qu'on n'appelait pas encore le développement. Ce travail de commande constitue une excellente étude de l'économie régionale, à la veille de l'indépendance.
Que reste-t-il de l'africanisme ? Née dans les années trente, la notion d'africanisme a été remplacée dans les années soixante par l'appellation plus neutre d'études africaines. Leur spécificité, encore nettement affirmée, impose pourtant une réflexion sur leurs réminiscences africanistes, explicites et implicites. Avant de faire le bilan des savoirs africanistes et de leur apport aux sciences sociales contemporaines, interrogeons-nous, avec cinq jeunes chercheurs du Centre d'Etudes Africaines (EHESS), sur les circonstances de la naissance du paradigme africaniste et sur la pluridisciplinarité qui fonde son autonomie.