Si la linguistique, dans les années du structuralisme triomphant, était sûre d'elle-même, de son indépendance et de ses méthodes, elle a dû renoncer aux limites qu'elle s'était fixées. De la phrase, l'attention s'est déplacée vers le discours, mais la poésie, dont on avait cru pouvoir définir l'essence, la poéticité, par un écart vis à vis de la langue ordinaire, a curieusement été tenue à l'écart. Des avancées considérables ont certes vu le jour dans le domaine de la métrique, la réflexion sur le rythme a certes été approfondie, mais les théories de l'énonciation, les recherches sur le sujet, n'ont pas donné lieu à des applications nourries, alors même que la question du lyrisme aurait pu tirer profit de leurs résultats. Ce numéro de Semen tente donc d'apporter des él ...
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Michèle Monte et Joëlle Gardes Tamine, " Introduction. Linguistique et poésie : état des lieux et perspectives ".
Hughes Laroche, " Poésie de la linguistique : la tentation du dictionnaire " ; Joëlle Gardes Tamine, " Pour une rhétorique de la poésie " ; Lucien Victor, " Grammaire et poésie : trois exemples " ; Jean-Michel Gouvard, " Métrique et variations dans Hier régnant désert d'Yves Bonnefoy " ; Michèle Monte, " Poésie et effacement énonciatif " ; Jean-Michel Adam et Ute Heidmann, " Entre recueil et intertextes : le poème. Autour de l'insertion de "Sonnet d'automne" dans Les Fleurs du Mal de 1861 " ; Marc Dominicy, " L'évocation discursive. Fondements et procédés d'une stratégie "opportuniste" ".
Compte-rendu de lecture Jacques Guilhaumou, " Aya Ono, La notion d'énonciation chez Émile Benveniste " ; Justine Simon, " Sophie Moirand, Les discours de la presse quotidienne. Observer, analyser, comprendre " ; Alexandre Manuel, " Denis Bertrand, Alexandre Dézé et Jean-Louis Missika, Parler pour gagner. Sémiotique des discours de la campagne présidentielle de 2007 " ; Adèle Petitclerc, " Langage et société n° 120, "L'analyse du discours dans les sciences sociales en Allemagne", coordonné par Johannes Angermüller ".
Si la linguistique, dans les années du structuralisme triomphant, était sûre d'elle-même, de son indépendance et de ses méthodes, elle a dû renoncer aux limites qu'elle s'était fixées. De la phrase, l'attention s'est déplacée vers le discours, mais la poésie, dont on avait cru pouvoir définir l'essence, la poéticité, par un écart vis à vis de la langue ordinaire, a curieusement été tenue à l'écart. Des avancées considérables ont certes vu le jour dans le domaine de la métrique, la réflexion sur le rythme a certes été approfondie, mais les théories de l'énonciation, les recherches sur le sujet, n'ont pas donné lieu à des applications nourries, alors même que la question du lyrisme aurait pu tirer profit de leurs résultats. Ce numéro de Semen tente donc d'apporter des éléments de réponse aux questions que l'on peut se poser sur le fonctionnement linguistique des textes poétiques, sur la façon dont s'élabore leur signification, sur le rapport de la poésie aux genres ou à d'autres conduites discursives. Ce n'est sans doute pas dans les structures grammaticales ni dans le lexique que réside la spécificité du fait poétique, et il n'est plus possible de le définir comme une langue à part, mais il convient de le situer au sein d'autres pratiques, dans un va-et-vient entre une perspective interne au texte, qui n'oublie pas les leçons du structuralisme, et une perspective externe qui le relie à sa production et à sa réception envisagées dans leurs dimensions historiques, intertextuelles et pragmatiques. C'est dans cette perspective que s'inscrivent les articles de ce numéro.