Province des littératures de l'imaginaire, la science-fiction apparaît d'emblée comme cross age, n'ayant pas pour vocation première d'instruire ou d'éduquer, mais de donner du futur une configuration plausible ou délirante, mais toujours spéculative. Or la question d'une SF lue, pratiquée, enseignée par et à la jeunesse n'avait pas encore été posée, systématiquement et précisément. Le présent volume, porteur d'une parole multiplement vive et critique, où s'éveillent les anticipations et où se révèle un " usage " pédagogique de la SF, comme il y a un " usage " du monde, se veut donc un rendez-vous des thèmes, formes et supports: un carrefour générationnel.C'est quand, la jeunesse? a-t-on envie d'écrire. Les réponses ici apportées racontent aussi l'histoire d'une légitimation, ce dont la génération Z ne se préoccupe même plus, acquise d'entrée de jeu à lamultiplicité et à la pluralité des oeuvres offertes/ouvertes.
Les contributeurs de ce numéro rendent hommage à Claude Santelli (1923-2001) dont on a fêté le centenaire de la naissance en 2023. Ils ont étudié sa série d'émissions connue sous le titre de Théâtre de la jeunesse qui adaptait des romans classiques pour les enfants. Cette émission phare de la télévision des années soixante est étroitement liée au nom de celui qui en fut le créateur, et leprincipal producteur, très impliqué dans la politique culturelle du service public de télévision des années cinquante jusqu'au début des années quatre-vingt.De 1960 à 1969, 38 dramatiques seront diffusées, majoritairement adaptées de romans classiques, entre autres de la Comtesse de Ségur, Verne, Hugo, Daudet, Rabelais, Gautier, Malot, Beecher Stowe, etc. mais aussi des créations comme celle de Santelli lui-même, Gaspard ou le petit tambour de Fulda. À ces transpositions s'ajoutent des biographies et des émissions spéciales diffusées à Noël, comme Le Petit Claus et le Grand Claus créée par Grimaud et Prévert.
Ce volume s'inscrit dans le développement dynamique de l'écocritique et de l'écopoétique, lié à la prise de conscience des effets néfastes du développement humain sur la planète. Dans ce contexte de réflexions théoriques actuelles sur les rapports entre littérature jeunesse et écologie, il présente la particularité de proposer un large horizon culturel et une double ambition théorique et didactique, poétique et politique. Il propose aussi bien des études panoramiques qui reconstituent l'émergence du sujet écologique dans la littérature de jeunesse, dans une perspective européenne, que des applications pratiques de cas d'étude singuliers, au croisement de la poétique et de la didactique, des témoignages d'écrivains et des articles théoriques couvrant tous les genres, roman, théâtre, poésie ou conte.
En lien avec l'événement des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024, le présent ouvrage cherche à engager une réflexion sur les représentations des activités physiques, les figures de sportives et sportifs et les valeurs qui leur sont associées en littérature et culture pour la jeunesse, à partir de champs disciplinaires pluriels. Cette variété se reflète aussi dans les supports qui ciblent divers publics: de l'album aux mangas, en passant par le roman adolescent ou young adult, la presse jeunesse ou encore le dessin animé.Construction de soi, inscription de l'individu dans le collectif, visées inclusives ou dimensions agonistiques, " mythe vocationnel ": les représentations du sport pour le jeune public constituent bien des miroirs des sociétés, anciennes ou contemporaines, dans lesquelles elles s'inscrivent, parfois traversées d'injonctions paradoxales.
Connu pour ses contes fantastiques et sa peinture réaliste des mœurs de son époque, Maupassant fait partie du patrimoine littéraire des Français de 7 à 77 ans. Bien qu'il n'ait pas écrit pour les enfants et que son œuvre ne témoigne pas d'un intérêt particulier pour l'éducation, ses ouvrages ont été adaptés et illustrés pour les plus jeunes en France et à l'étranger. Son oeuvre présente dans les manuels scolaires du cycle 3 au lycée, est la première à laquelle les jeunes étrangers apprenant le français sont confrontés. L'apparente simplicité de son écriture et sa langue claire semblent destiner l'auteur à un lectorat en cours d'apprentissage. Ce numéro s'intéresse à la place que tient l'œuvre de Maupassant dans l'enseignement, de l'école à l'université (Espagne, France, Japon…), aux éditions et adaptations pour la jeunesse (albums, bandes dessinées, illustrations…), aux films et aux téléfilms tirés de ses contes qui parachèvent la patrimonialisation de l'écrivain.
L'expression " grandes vacances ", qui fait aujourd'hui partie du vocabulaire scolaire le plus courant, illustre et détourne à la fois la notion plus générale de " vacances ", qui a désigné les congés accordés pour participer aux récoltes et aux moissons dans des sociétés réglées par le calendrier agricole. Avec l'industrialisation de l'agriculture et la généralisation des congés payés, les vacances sont de plus en plus liées aux loisirs, mais leur durée en fait une autre vie dans la vie, une longue parenthèse identifiée avec la liberté, la disparition des horaires, un été sans fin. Elles ont d'emblée un caractère romanesque dont s'empare du reste le roman, les vacances devenant le moment de l'aventure. Plusieurs livres et séries emblématiques sont évoqués dans ce numéro, Les Vacances de la comtesse de Ségur, Le Club des Cinq, Les Six Compagnons, ainsi que les robinsonnades, qu'elles s'adressent aux jeunes ou aux adultes. On n'oubliera pas les magazines illustrés, qui en font un thème de prédilection.Le souvenir de ces grandes vacances nourrit également de nombreux récits d'enfance où s'incarne l'adolescent ou le " jeune adulte ". Le temps des vacances peut être celui d'expériences plus intimes, uniques, de transmissions d'histoires personnelles ou de savoirs enfouis. " Cet été-là " devient une formule qui annonce un récit de vacances particulières, que l'on retrouve dans une multitude de titres, en littérature comme au cinéma.
La littérature de jeunesse, de la maternelle à l'université
Ce numéro s'intéresse au phénomène nouveau que représente l'étude de la littérature de jeunesse à tous les niveaux du système éducatif. Longtemps considérés comme une propédeutique à la lecture de la " vraie " littérature, les livres pour la jeunesse sont désormais lus pour eux-mêmes, pour leurs qualités propres, parfois jugées supérieures à celles de la lecture adulte. Cette légitimation par les instructions officielles, malgré ses hauts et ses bas, a suscité un intense travail de découverte et de recherche dans les instituts de formation, avec des orientations contrastées, la perspective didactique se nourrissant désormais de la reconnaissance des " pouvoirs de l'enchantement ". La littérature de jeunesse occupe aussi une place de plus en plus importante dans les facultés de lettres, au prix sans doute de deux stratégies qui pourraient paraître contradictoires, d'une part la promotion d'un " mauvais genre " venant bousculer les programmes académiques, d'autre part la validation de livres qui font œuvre et qui méritent d'être retenus pour leurs qualités esthétiques et pour leur aptitude à éveiller la pensée.
Ce numéro étudie les récits d'injustice, infligées ou subies, dans la littérature de jeunesse. La soif d'équité parcourt les cultures de jeunesse, faisant émerger des figures de justiciers populaires encore " réalistes " (du Bossu de Paul Féval au héros d'Eugène Le Roy, Jacquou le Croquant), mais qui peu à peu vont muter en constructions surnaturelles, le masque contribuant souvent à procurer une double identité fantasmagorique.Ces " raccommodeurs de destinées ", pour parler comme Francis Lacassin, deviennent ainsi les dépositaires de valeurs temporairement défaillantes, qu'ils vont s'ingénier à rétablir, à l'instar de Fantômette et de Daredevil, à moins que l'on ne leur préfère Constance Kopp, la shérif intrépide d'Amy Stewart, ou Buffy, la Tueuse élue au cœur blessé.Romans et séries font donc circuler les grand invariants de l'imaginaire justicier: la loi, la morale, l'oubli et le pardon, la vengeance ou la réparation y trouvent tour à tour matière à fiction.
En littérature comme au cinéma, la fantasy accorde une place de choix aux enfants, qu'il s'agisse de les mettre en scène au Pays des Merveilles, dans un univers parallèle ou tout autre école de sorcellerie, ou de montrer comment l'on grandit quand le monde est peuplé de dragons. Les personnages d'enfants, garçons et filles d'apparence ordinaire mais recelant d'impressionnants pouvoirs, apparaissent comme des héros privilégiés, vivant de grandes aventures magiques, mais où il est fréquemment question de transition vers l'adolescence ou l'âge adulte: l'enfance en fantasy ne serait-elle qu'un point de départ qu'il faut quitter? Quels sont les thèmes spécifiques liés au monde de l'enfance, quand celui-ci est empreint de magie? D'ailleurs, peut-on considérer qu'il existe une fantasy pour la jeunesse distincte de la fantasy pour adulte? Si l'enfance en fantasy est aussi variée que dans la réalité, peut-on véritablement définir ce qu'implique de grandir en fantasy? À travers des études de grands classiques du genre, de corpus thématiques internationaux ou de la question de la réception de ces œuvres en bibliothèque, ce numéro des Cahiers Robinson étudie la place de l'enfance en fantasy.
Avec le temps, Paul-Jacques Bonzon a été considéré uniquement comme un auteur de séries, et on a oublié des romans singuliers comme Du gui pour Christmas, Les Orphelins de Simitra, L'éventail de Séville, ou encore Le Viking au bracelet d'argent. Relire cette part de l'œuvre de Bonzon permet de la remettre en lumière mais aussi d'éclairer le développement de la littérature de jeunesse en ces décennies des Trente Glorieuses.La reconnaissance des qualités littéraires de l'auteur par les prix qui sont alors les plus représentatifs des années cinquante nous incite à nous interroger sur les attentes du public de l'époque et la façon dont Bonzon a su y répondre, par les thèmes traités, par l'inscription des faits dans une réalité sociale, historique ou géographique.Menant en parallèle une carrière d'instituteur, comment l'écrivain Bonzon équilibre-t-il didactisme inhérent aux productions pour la jeunesse, droits de la fiction, et désirs du public d'être diverti? Relire Bonzon aujourd'hui, c'est aussi mesurer l'écart entre notre monde d'aujourd'hui et celui de l'après-guerre, encore désuet, dans l'attente d'une modernité qui va l'emporter, un monde où les gens semblent avoir des désirs simples mais où l'appel de l'exotisme se fait sentir avec insistance.
Ce numéro porte sur un des auteurs pour la jeunesse les plus lus aussi bien à l'école que dans le domaine privé. Le succès des livres de Roald Dahl tient en grande partie à l'efficacité d'un imaginaire à la fois singulier et riche de résonances universelles, qui mêle habilement les registres, oscillant toujours entre l'humour et la cruauté, entre le réel et le surnaturel, entre la morale et la dérision. C'est le travail de cet imaginaire, si reconnaissable et si séduisant par ses ambiguïtés, que l'on se propose ici d'interroger. Il s'agit d'en explorer les origines, l'élaboration et le fonctionnement, selon des perspectives historiques, génériques et thématiques. On s'intéresse également à ses transpositions au cinéma par de grands réalisateurs. En s'appuyant à la fois sur les œuvres pour adultes et sur les œuvres pour la jeunesse on explore les diverses formes d'intertextualité, les stratégies développées en fonction des publics et des médias, ainsi que la question des genres et des registres. Enfin, on met l'accent sur des données biographiques qui trouvent des échos insistants tout au long de cette riche production.
Hector Malot fut le premier romancier véritablement " naturaliste " avant de se tourner vers une littérature plus facile mais engagée, notamment en faveur de la République et de l'école laïque. Cet engagement est étudié ici dans plusieurs ouvrages qui s'insèrent dans les débats de l'époque autour de la question scolaire. Malot fut aussi partisan d'une éducation active faisant place à l'observation et aux exercices corporels. Ce qu'il mit en application avec sa fille unique, pour laquelle il rédigea des cahiers de grammaire et d'histoire restés inédits jusqu'ici. Pour finir, d'autres textes inédits du poète oulipien Jean Queval montrent qu'il avait déjà perçu cette dimension d'un écrivain instituteur.