Il semble qu'il y ait non-congruence entre d'une part, notre perception linéaire des unités sonores ou écrites et d'autre part, la réalité physique et sensorielle. Non seulement les sons ne se suivent pas, mais ils se chevauchent. Quant à l'écrit, il se trouve que le traitement des lettres par l'oeil n'est aucunement séquentiel. Toujours est-il que la linéarité de la perception, fût-elle discutable, est une réalité. Le thème général de l'ouvrage invite à une étude transdisciplinaire des phénomènes. D'une part, il s'avère de plus en plus que la perception, tant visuelle, auditive, tactile que cognitive permet d'aborder les faits de langue sous diverses formes que ni la syntaxe ni la sémantique, pas plus que la pragmatique ou la stylistique, ne sauraient renier. Et d'autre part, la linéarité, profonde ou de surface, constitue la source, le canal ou le but, naturels ou reconstruits, de toute perception.
L'irréel est-il véritablement le reflet inversé ou déformé du réel ? Y a-t-il vraiment antonymie entre les deux ? Ce volume montre qu'une telle dichotomie est réductrice et que l'on passe en douceur de l'un à l'autre, par distanciation graduelle avec des ambiguïtés possibles entre ces deux pôles. L'irréel lui-même ne semble pas être doté de contours bien définis en tant que catégorie linguistique et métalinguistique. Il n'est donc pas sûr que les catégories classiques des grammaires correspondent à la réalité.
Mettre en relation le corpus et l'exemple suscite des réflexions épistémologiques essentielles portant sur les données et permet d'envisager le couple qualitatif/quantitatif sous un angle original. Car si depuis une vingtaine d'années, on a observé un engouement pour les analyses appuyées sur des corpus, on peut légitimement se demander si cette approche constitue une réelle coupure avec les pratiques antérieures.