Espace technique et dramatique, lieu ouvert ou lieu clos, le hors-scène pose la question des frontières de la scène à travers le décentrement et le dépaysement du regard, focalisé non plus sur la lumière et les planches, mais sur son dehors, son extérieur, son autre ou son envers. Chaque mot compte pour dire le hors-scène et pour le mettre en jeu. De façon radicale, l'imaginaire du hors scène, distinct de celui de la scène, se développe à partir d'une matrice plus obscure du spectateur, faite de dégagements – les entrées et les sorties des acteurs, et prenant ses racines dans les enfers – les dessous de la scène. Du côté des Théâtres d'ailleurs, pleins feux sur Haïti avec la pièce contemporaine d'Évelyne Trouillot, Le Bleu de l'Île et sur la Côte d'Ivoire autour de Maurice Bandaman.
Reviviscences de Faust : au théâtre, à l'opéra et sur la scène littéraire
Archéologie, intempestivité ou (in)actualité de Faust ? De quel temps Faust est-il le contemporain ? Du monde médiéval ? De celui de Goethe et de Marlowe ? Ou bien est-ce du nôtre qu'il faut le tirer, afin d'en cartographier les enjeux contemporains ? Souvent identifié comme dernier mythe hérité du monde médiéval, Faust trouve une vivacité remarquable dans les arts, de la littérature à l'opéra, du théâtre au cinéma. Ces nouvelles (ré)créations faustiennes sont motif à s'interroger sur la figure, quand Faust totalise un savoir sur le monde et sur le livre, sur la science et sur l'art. Alliant les réflexions d'écrivains, de compositeurs et de chercheurs, ce numéro se propose de dresser une revue (non exhaustive) de " Leurs Faust ", appliquant à tous le mot de Valéry, du XIXe au XXIe siècles.
Le dialogue Orient-Occident ou comment se dépaysent les écritures théâtrales
Le dossier de ce numéro de Coulisses est consacré au théâtre oriental et à son influence sur celui de l'Occident au vingtième siècle. L'article de Coralia Costas revisite les idées principales d'Antonin Artaud par le biais du théâtre balinais. Flore Garcin-Marrou se sert des pièces inédites de Félix Guattari inspirées par le théâtre japonais pour revoir deux idées clé de L'Anti-Œdipe – la machine désirante et le corps sans organes de la schizophrénie sous le capitalisme. Mais le théâtre oriental a subi à son tour l'influence de dramaturges occidentaux, de Shakespeare surtout, et l'article de Françoise Quillet nous présente la version du Roi Lear de l'auteur, acteur et metteur en scène taïwanais, Wu Hsing-Kuo. Enfin, l'article de Viviane Sotier-Dardeau présente, avec illustrations, les techniques traditionnelles du théâtre de l'état de Kerala en Inde.
Ce numéro 42 de Coulisses contient un dossier d'articles sur Racine, portant notamment sur la dramaturgie racinienne, l'accueil critique de La Thébaïde aux XVIIIe et XIXe siècles, mais également sur Andromaque, Athalie et Mithridate. Une belle analyse de l'iconographie des illustrations illustrées La Thébaïde, Britannicus et Mithridate, ainsi qu'une interview du metteur en scène Gwenaël Morin viennent compléter cette réflexion sur " Racine : théâtre et émotion ".La section Varia propose un article de théâtre/danse sur le spectacle créé par Hélène Harmat à Hambourg en 2010, Oh pardon j'étais dans d'autres sphères. Il est suivi de comptes rendus de spectacles : Roméo et Juliette de Guillaume Dujardin par David Ball, Les Indes dansantes de Nathalie Pernette et Hervé Niquet par Karine Bénac. Un hommage à Philippe Baron par Lucile Garbagnati précède le premier inédit d'une série consacrée aux dramaturges antillais : Pater familias de Gaël Octavia.
Au fil de 6 articles sur le théâtre de Marivaux, surgissent les contradictions internes des comédies, où la figure de Marivaux se profile derrière celle de ses personnages, où la contrainte le dispute à la légèreté, où l'identité se dérobe derrière le caractère, et où le silence est lourd de significations. Il y a des comptes rendus de la mise en scène du Bourgeois gentilhomme, de La Seconde Surprise de l'amour, de Fantasio et de La Cerisaie et du livre, Théâtres des Antilles. L'inédit est une traduction de 2 monologues de Robert Browning où il fait parler 2 peintres de la Renaissance italienne, Filippo Lippi et Andrea del Sarto.
Ce numéro contient un dossier de 8 articles consacrés à l'utilisation des didascalies ainsi que des comptes rendus de pièces de Shakespeare et d'O Casey.
Ce numéro contient la deuxième partie du dossier consacré à Samuel Beckett, des comptes rendus des spectacles à Bussang et à arc et Senans et un texte polémique : La Nudité sur scène.
Le dossier principal de ce numéro, dirigé par Claire Joubert et Arnaud Bernadet, est consacré à un Beckett polyglotte, à son rapport aux langues, ou plus exactement à sa façon de faire d'un usage des langues " une manière d'être ". Écrire en d'autres langues que la sienne n'est pas seulement une conduite esthétique, cet art est, pour Beckett, une " manière " de prendre sinon parti tout au moins position. La langue ressaisit l'art de toutes les façons - " malfaçons " et contrefaçons comprises. Ce multilingue est également un comportement scénique et dramaturgique. Théâtre de l'étranger que celui de Beckett, où la langue joue le rôle principal, elle qui fut sans doute son actrice préférée. Celle du spectateur aussi qui ne raterait les rendez-vous qu'elle lui donne " pour rien au monde ". La formule n'est rien moins que beckettienne. Mise à l'honneur sur une scène où la langue se démultiplie, l'étrangeté des langues permet paradoxalement aux spectateurs de s'y retrouver (parce qu'il est fait de ces mélanges), autant que de se retrouver - le premier suscitant le second -, belle reconnaissance de ce que les spectateurs ne savaient pas d'eux-mêmes, comme autant de façons d'être, de prendre et de faire siennes les manières de l'art. Ce numéro est complété par des comptes rendus de spectacles à Besançon et ailleurs. Il contuient aussi un inédit de Daniel Othily, Zongo de Cérons, consacré à un Guadeloipéen qui, pris dans le destin historiquement spectaculaire de la Révolution française, s'insurgea contre l'esclavage et l'asservissement.
Ce numéro de Coulisses propose un dossier consacré à Marivaux en (se) posant la question du marivaudage, de son efficacité scénique et de sa pertinence dramaturgique, ainsi que ses débordements sociaux, ses implications comme conscience de soi, ses désirs aussi. Est également présenté le premier volet de " Post-drama (I) ", dossier portant sur la théorie théâtrale contemporaine, sur ses formes quand elle s'inscrit dans une pratique concrète et une écriture vivante. À l'heure de la postmodernité, qu'en est-il du théâtre post-dramatique, que recouvre cette appellation, n'est-elle pas elle-même trop sérieuse ? Convoquant théories et théoriciens de l'après-coup, elle révèle la façon dont les appellations théâtrales fonctionnent, en clair-obscur, les unes par rapport aux autres, la façon dont elles se leurrent et se déguisent mutuellement. Si le théâtre post-dramatique trouve, avec le marivaudage, un salutaire contrepoint, c'est qu'il l'éclaire littéralement, lui rendant ainsi toute sa clairvoyance.