Ce numéro varia éclaire les usages du religieux comme catégorie, principe de régulation et institution.C. Clémentin-Ojha montre comment la traduction de secular dans la Constitution indienne révèle les tensions entre droit, État et définition de la catégorie " religion " dans l'hindouisme. Dans son analyse de la judiciarisation du blasphème au Pakistan, P. Rollier souligne que catégoriser un acte comme contraire à la religion ne relève pas seulement de modes de croire, mais aussi de logiques issues d'une histoire juridique et coloniale.L. Seurat et J. Safar éclairent ensuite les enjeux de régulation du religieux, à travers le cas du marché du hajj en France, où contrôle des mobilités et fabrication d'un " islam de France " s'entrecroisent. C. Vincent-Cassy retrace l'essor du culte de l'archange Raphaël sous Charles II, instrument de protection et de légitimation dynastique.E. C. Calabrese aborde le Hezbollah comme une institution à la fois religieuse, politique et militaire. À l'inverse, M. Colin montre que les membres du Temple Satanique se réapproprient la figure de Satan comme symbole d'émancipation envers la contrainte institutionnelle.Enfin, M. S. Chaidron s'intéresse à la récupération catholique de Claude Bernard, posant la question – centrale pour les sciences sociales des religions – des frontières entre science et religion.
Dans le cadre de leurs cultes, les dieux et les déesses des Grecs reçoivent des épithètes dont le nombre et la diversité participent du caractère fondamentalement polythéiste du système religieux hellénique. Au cœur de cette richesse onomastique, qui caractérise nombre de divinités, Zeus est incontestablement le mieux doté, quantitativement aussi bien que qualitativement. Une telle abondance de dénominations constitue dès lors un moyen d'accès à une meilleure connaissance de la morphologie de Zeus, tout autant qu'un défi à sa cohérence en tant que puissance divine. C'est notamment le cas à Athènes, dont la documentation, un peu moins lacunaire qu'ailleurs, permet un examen systématique et contextualisé de l'ensemble des épithètes cultuelles du dieu. Une telle étude rend compte tant de la pluralité des domaines d'intervention de celui qui est entre autres 'Au-sommet' (Epakrios), 'Des-bornes' (Horios), 'Des-biens' (Ktèsios) ou 'Olympien' (Olumpios), que de la multiplicité des logiques à l'œuvre dans ses modes d'action. Elle témoigne également de la place structurante de Zeus au sein du panthéon d'une cité dominé par Athéna, dont la position tutélaire est indéniablement soutenue par le déploiement des fonctions de son père.
Le thème du sacrifice humain ne peut laisser indifférent et continue de susciter bien des interrogations, entre fascination et dégoût. Historiens et anthropologues se divisent sur l'historicité supposée du phénomène. Pour sortir de l'impasse, cet ouvrage se penche sur la manière dont les cultures se représentent le sacrifice humain, le leur ou celui des autres, fût-il réel ou symbolique. Comment une société fait-elle face à ce qui est – ou ce qu'elle croit être – son passé cruel et sanglant? Quelles sont les valeurs dont le sacrifice humain, et d'autres concepts proches, comme l'anthropophagie, se trouvent chargés en vertu des normes indigènes? Comment ces perceptions ont-elles persisté dans la longue durée et comment se sont-elles adaptées aux idéologies changeantes? Le cœur du volume est consacré au dossier hellénique, remarquablement documenté par les Grecs eux-mêmes. À ce dossier répondent en contrepoint plusieurs articles sur la Chine ancienne, les Aztèques, et la Rome antique, qui projettent un regard différent et sont autant de raisons de remettre cent fois sur le métier cet objet fascinant.
Si la pratique du jeûne s' est très généralement effacée dans les sociétés contemporaines, en dépit du développement récent du jeûne thérapeutique ou d'un retour – dont l' ampleur reste encore à évaluer – à l' observance du Carême en catholicisme, les privations alimentaires ont pourtant été millénairement le partage des peuples soumis à l'influence de l'un ou l'autre des trois grands monothéismes.L' objectif du présent volume est de fournir des éléments d' analyse en vue d'une approche comparée de la discipline du jeûne en christianisme, en islam et en judaïsme. La pratique du jeûne alimentaire, qui semble bénéficier d'un regain d'intérêt à la faveur du healthism contemporain, n' est, en soi, guère complexe – une privation de nourriture –, mais les sens et la portée morale que lui donnent ceux qui s'y appliquent au sein des grands monothéismes sont en revanche innombrables, et les formalités qui lui sont désormais affectées ont profondément changé par rapport à celles qui étaient originellement les siennes.
Le trigramme introduit par Bernardin de Sienne dans ses sermons en 1418, un phonographe au cœur d'un rituel abakua afro-cubain à Philadelphie en 1908, une horloge à pendule apportée dans la première colonie pénale australienne en 1788, une photographie retrouvée dans le dossier judiciaire d'un " sorcier " afro-brésilien accusé de pratiquer des rites de possession en 1871 à Rio de Janeiro: quatre objets parmi d'autres, sans rapport apparent entre eux mais qui servent tous de supports techniques à la production d'une croyance.Entre mise en scène et performance, le dossier "Des techniques pour croire " explore le postulat selon lequel croire et faire croire sont d'abord des opérations matérielles, physiques, indissociables de dispositifs techniques dont l'efficacité n'est pas donnée a priori mais dépend du contexte de leur interprétation, de leurs usages et de leurs éventuelles réappropriations. Ces dispositifs sont ici analysés à la rencontre entre l'anthropologie, les Science and Technology Studies et l'histoire religieuse.
Variations juridiques sur la force agissante des choses sacrées
Le présent ouvrage fait suite à un colloque qui s'est tenu à la Faculté de Droit et des Sciences Économiques de Limoges en 2016, année des 72e Ostensions septennales limousines et marchoises. Ces célébrations furent l'occasion pour juristes et historiens de réinterroger, différemment peut-être, la notion de relique à l'aune de ce corps-objet qui, faisant image, fait agir et réagir au sein de l'espace sacré d'hier, mais aussi civique d'aujourd'hui.Dix contributions consacrées essentiellement aux reliques chrétiennes se distribuent ainsi dans ce volume, autour de la triade Réagir, Vénérer, Douter, trois verbes d'action qui lèvent un coin du voile sur le mystère de la sainteté, les émotions face au sacré et les enjeux juridiques contemporains. Objets de vénération, parfois de détestation, objets patrimoniaux et également objets de droit, les reliques sont bien dans la cité – en action – ce qui en fait des objets bons à penser pour les sciences sociales.
Ce numéro examine à travers une série d'études de cas comment les institutions et leurs acteurs font face à la sorcellerie. Centrées sur l'analyse des dynamiques de l'imputation et de la stigmatisation, les contributions portent aussi bien sur les institutions les plus centrales de l'État (la justice, nationale mais aussi internationale, la police, l'école) que sur les institutions sanitaires, religieuses et sportives ou encore les médias. Elles s'intéressent par exemple aux réactions d'indignation des opinions publiques et à la mobilisation de l'éthique des droits de l'homme face aux lynchages de présumés sorciers. Elles abordent également la question de l'irruption de la sorcellerie dans le contexte de la migration en s'intéressant aux réfugiés et aux institutions responsables deleur prise en charge.Mais ce sont aussi les anthropologues eux-mêmes qui doivent faire face à la sorcellerie. Souvent interpellés par les acteurs au même titre que les juges, les journalistes ou les médecins, les chercheurs se trouvent alors confrontés à des dilemmes éthiques qu'ils ne peuvent plus longtemps éluder.
Los usos de la magia entre los esclavos en el Imperio romano
Cet ouvrage s'attache à comprendre le rôle et les usages de la magie au quotidien par les esclaves dans le monde romain antique. Le livre porte une attention particulière à l'usage, positif et/ou négatif, de la magie dans les relations interpersonnelles. L'ouvrage s'appuie sur une lecture méthodologique des textes magiques qui tient compte des apports de diverses disciplines des sciences humaines dont la sociologie, l'anthropologie, les sciences des religions. Cette lecture permet de déconstruire les usages de la magie et montrer que les utilisateurs ne pensaient pas être dans une pratique hétérodoxe mais respecter leur foi religieuse par d'autres moyens. Pour les esclaves, c'étaient aussi le moyen d'intégrer le monde du religieux des maîtres dont ils étaient exclus.
Parcours rituel et sacrifice chez les Mixe de Oaxaca (Mexique)
Comme de nombreuses autres communautés paysannes amérindiennes de l'État de Oaxaca au Mexique, les Mixe réalisent régulièrement des sacrifices de volailles pour solliciter l'aide d'entités de la nature dans des contextes politiques, agricoles et thérapeutiques, ou en lien avec des étapes du cycle de vie. La diversité des finalités poursuivies soulève plusieurs questions. Pourquoi ces demandes exigent-elles des participants l'ascension d'une montagne avant de partager des repas rituels? Pour quelles raisons faut-il que le sang des animaux soit répandu sur des dépôts cérémoniels élaborés selon une comptabilité complexe? Pour répondre à ces interrogations, l'enquête restitue les discours rituels prononcés en langue vernaculaire en les reliant aux actions exécutées par les participants. Par-delà la description des gestes et des parcours réalisés par les humains, l'enjeu est de découvrir quelles actions les Mixe attribuent aux destinataires des sacrifices, et notamment à " Celui qui fait vivre ". Ce sont ces entités qui, bien qu'en partie invisibles, donnent sens, par leur présence et les pouvoirs qu'on leur prête, à l'organisation rituelle. Au fil des pages, le lecteur découvre comment les humains se coordonnent avec ces partenaires d'un genre particulier pour réaliser certaines activités: partager des repas, occuper des fonctions dans l'équipe municipale, faire croître le maïs ou protéger les enfants... Tandis que le " champ " implique une activité synchronisée de la part de tous les partenaires, le " chemin " renvoie à une organisation politique dans laquelle chaque nouvelle génération prend le relais de celle qui la précède.
Études ethnologiques, indigénistes et amazonistes offertes à Patrick Menget
Guerre, couvade, chamanisme, sorcellerie, chasse aux têtes, rituels funéraires et mythologie… Rédigés par certains des meilleurs spécialistes contemporains de l'ethnologie de l'Amazonie, les trente-trois textes réunis dans cet ouvrage nous éclairent, entre autres, sur ces thématiques classiques de l'américanisme tropical. Si l'ayahuasca, le venin de rainette (kampo), les sarbacanes, les ornements corporels, le cannibalisme rituel, les arts oratoires et les dilemmes inhérents aux premiers contacts avec les Blancs occupent le devant de la scène, les problématiques plus contemporaines transparaissent également dans les deux volumes de ce recueil, qu'il s'agisse de l'introduction du football dans les villages amérindiens ou de l'implication croissante des jeunes femmes dans la vie politique de communautés kayapo mobilisées contre l'implantation de barrages hydro-électriques sur leurs terres. Les questions d'éthique sont également très présentes dans ces "trophées" dédiés à Patrick Menget — figure pionnière de l'ethnologie et de l'indigénisme —, avec des contributions qui traitent de l'attitude à adopter face à la cruauté infligée aux animaux ou face aux difficultés rencontrées par les ethnologues qui s'immergent dans des univers conceptuels amazoniens aussi systématiquement fascinants que parfois déconcertants.
Études ethnologiques, indigénistes et amazonistes offertes à Patrick Menget
Guerre, couvade, chamanisme, sorcellerie, chasse aux têtes, rituels funéraires et mythologie… Rédigés par certains des meilleurs spécialistes contemporains de l'ethnologie de l'Amazonie, les trente-trois textes réunis dans cet ouvrage nous éclairent, entre autres, sur ces thématiques classiques de l'américanisme tropical. Si l'ayahuasca, le venin de rainette (kampo), les sarbacanes, les ornements corporels, le cannibalisme rituel, les arts oratoires et les dilemmes inhérents aux premiers contacts avec les Blancs occupent le devant de la scène, les problématiques plus contemporaines transparaissent également dans les deux volumes de ce recueil, qu'il s'agisse de l'introduction du football dans les villages amérindiens ou de l'implication croissante des jeunes femmes dans la vie politique de communautés kayapo mobilisées contre l'implantation de barrages hydro-électriques sur leurs terres. Les questions d'éthique sont également très présentes dans ces "trophées" dédiés à Patrick Menget — figure pionnière de l'ethnologie et de l'indigénisme —, avec des contributions qui traitent de l'attitude à adopter face à la cruauté infligée aux animaux ou face aux difficultés rencontrées par les ethnologues qui s'immergent dans des univers conceptuels amazoniens aussi systématiquement fascinants que parfois déconcertants.
Études ethnologiques, indigénistes et amazonistes offertes à Patrick Menget
Guerre, couvade, chamanisme, sorcellerie, chasse aux têtes, rituels funéraires et mythologie… Rédigés par certains des meilleurs spécialistes contemporains de l'ethnologie de l'Amazonie, les trente-trois textes réunis dans cet ouvrage nous éclairent, entre autres, sur ces thématiques classiques de l'américanisme tropical. Si l'ayahuasca, le venin de rainette (kampo), les sarbacanes, les ornements corporels, le cannibalisme rituel, les arts oratoires et les dilemmes inhérents aux premiers contacts avec les Blancs occupent le devant de la scène, les problématiques plus contemporaines transparaissent également dans les deux volumes de ce recueil, qu'il s'agisse de l'introduction du football dans les villages amérindiens ou de l'implication croissante des jeunes femmes dans la vie politique de communautés kayapo mobilisées contre l'implantation de barrages hydro-électriques sur leurs terres. Les questions d'éthique sont également très présentes dans ces "trophées" dédiés à Patrick Menget — figure pionnière de l'ethnologie et de l'indigénisme —, avec des contributions qui traitent de l'attitude à adopter face à la cruauté infligée aux animaux ou face aux difficultés rencontrées par les ethnologues qui s'immergent dans des univers conceptuels amazoniens aussi systématiquement fascinants que parfois déconcertants.