Ce numéro de La Revue de la BNU propose une plongée inédite dans le monde des archives musicales. Il interroge la place de la musique dans les bibliothèques, les centres d'archives et les institutions patrimoniales, en explorant des fonds riches, variés et souvent méconnus. Comment conserver ce qui est de l'ordre du son, du geste ou de l'interprétation? Comment transmettre des œuvres musicales à travers des documents, des enregistrements, des objets?Autour d'un dossier thématique structuré en trois volets — archives de musiciens, musiques populaires et expérimentales, territoires musicaux —, chercheurs, bibliothécaires et spécialistes révèlent les coulisses de collections fascinantes: Marius Constant, Jean-Marie Londeix, Déodat de Séverac, ou encore Georges Kastner. Sont également abordées les archives du jazz, les musiques de film, les collectes ethnomusicologiques, ou encore la mémoire sonore d'un quartier en transformation.Le numéro propose aussi des rubriques riches et variées: une photographie rare d'Iannis Xenakis, un hommage à Paul Méfano, une lettre inédite de Schönberg à Max Deutsch, et un aperçu des nouvelles acquisitions patrimoniales et des actualités scientifiques de la Bnu.Richement illustré et rédigé dans une langue accessible sans sacrifier la rigueur, ce numéro s'adresse à tous ceux qui s'intéressent à la musique comme fait culturel, à la mémoire sonore, à la patrimonialisation des œuvres immatérielles, et à la diversité des formes que prend la conservation musicale aujourd'hui.
Contrairement au lieu commun prétendant que les andalous et, plus encore, les gitans seraient " par nature " fatalistes et résignés, un grand nombre de textes du répertoire flamenco peuvent être lus comme une histoire populaire de l'Andalousie.Le livre mène en parallèle l'étude de l'histoire politique et sociale de l'Andalousie depuis le début du XIXe siècle et celle de 251 textes de chants traditionnels ou d'auteurs (espagnol et traduction en français audios mp3 associés).Traduction des letras : Maguy Naïmi
Enquête sur les formes et les effets de la présence de la musique en bibliothèque
Depuis le milieu des années 2000, le développement des plateformes numériques d'écoute musicale et les pratiques nouvelles qui en ont découlé ont bouleversé l'activité des bibliothèques, confrontées à la désaffection massive des usagers pour leur offre musicale.Comment les bibliothèques se sont-elles adaptées à ces mutations extrêmement rapides ? Quels sont les effets des nouvelles activités musicales qu'elles ont déployées sur leur place dans l'écosystème culturel et politique local ? Qui sont celles et ceux qui empruntent des CD, streament de la musique en ligne, ou assistent à des concerts en bibliothèque ?À partir de l'étude de six bibliothèques impliquées dans la valorisation de la musique et évoluant dans des contextes institutionnels, sociaux et économiques différents et d'une enquête quantitative conduite auprès de plus de 1 000 établissements, cet ouvrage propose un état des lieux des réflexions et des expérimentations en cours. Il identifie des pistes permettant de redéfinir la place des bibliothèques dans le domaine de la musique et les façons dont elles peuvent innover en marge des évolutions technologiques qui marquent le secteur musical.En effet, malgré des disparités territoriales, les bibliothèques contemporaines se révèlent être des espaces qui permettent aux usagers de " musiquer ", c'est-à-dire de vivre une expérience culturelle de partage différente de ce que proposent les plateformes numériques et qui diversifie les formes de la relation à la musique. Les réponses apportées par les professionnels aux transformations du secteur autant que l'évolution des pratiques de leurs publics invitent plus largement à réfléchir à nouveaux frais à la place qu'occupent les bibliothèques dans l'écosystème culturel et éducatif de leur territoire.
Le nocturne. La nuit éclairée par la musicologie et l'histoire de l'art
Ce volume, pluridisciplinaire, s'intéresse au nocturne en proposant deux axes de réflexion: le premier analyse la nuit comme foyer de l'imagination et de la fantaisie, l'autre s'oriente sur sa "fabrique" en examinant les outils, le langage et les systèmes déployés pour représenter cet univers. L'ouvrage réunit des travaux explorant la polysémie du nocturne dans le répertoire musical savant occidental illustrée par les scènes de sommeil dans l'opéra baroque, le portrait structurel et formel du nocturne pianistique romantique, les déclinaisons de la nuit chez Puccini ou encore chez Messiaen et les métamorphoses des pratiques sociales avec l'arrivée de la "nuit artificielle" dans les salles de concert. Une étude sur les procédés employés par les graveurs anglais pour représenter l'obscurité vient enrichir la thématique. L'ensemble se conclut par une édition moderne de l'Essai sur les transparents publié à Londres en 1807 par Edward Orme, et réédité ici pour la première fois après plus de 200 ans de silence.
Désirant relier les acteurs et les commentateurs de la vie artistique du monde, ce volume montre les divers degrés synergiques qui animent les sommets d'une triangulation conceptuelle (musiques, mondialisation et sociétés). Ressortissant de l'ici et de l'ailleurs, de l'art savant et de la musique populaire, du politique et du religieux, du localisme et de la globalisation, les articles cosmopolites qui le composent traitent, chacun à sa manière, du sens et des enjeux inhérents aux différentes expressions musicales des cents dernières années.Entre création et transmission, métissage des populations et réseaux de diffusion planétaire, partage artistique et lien social, néocolonisation et mondialisation, ce livre tente de démontrer que le monde des musiques reste un vecteur primordial de la médiatisation culturelle. Les thèmes abordés vont des jeux chantés pour enfants au Festival mondial des arts nègres, du tout-monde de Glissant à la world music africaine, des partitions " contemporaines " (de Schoenberg à Stockhausen) au black metal, de la musique japonaise pour koto à celle des peuples Wayapi et pahoins, etc. Loin d'une vision idéalisée reflétant peu ou prou les grâces d'Érato, cet ensemble de textes suggère finalement qu'en raison des reflets émanant des objets et des sujets qui l'actualisent, la musique porte, aux temps de la mondialisation de ce premier quart de XXIe siècle, les maux et les espoirs de son époque.
La composition musicale contemporaine et le monde arabe
Pourquoi des compositeurs du monde arabe adoptent-ils l'univers esthétique de la " musique contemporaine " dont les musiques, affranchies de toute norme préétablie, se laissent difficilement appréhender ? Par simple choix personnel, dira-t-on, choix stimulé par un monde plus que jamais ouvert. Ou peut-être du fait de la fascination qu'exercerait encore le modernisme occidental sur les subjectivités du Sud, comme pourrait le postuler une approche postcoloniale. De telles explications ne disent cependant rien sur le rapport intime, mais aussi critique, du compositeur avec sa culture d'origine. Nombre de ces compositeurs, en effet, se réapproprient des musiques traditionnelles de leur enfance sans jamais les afficher comme marques identitaires.Dans Fragments accordés, Anis Fariji place cette démarche de création dans le contexte culturel du monde arabe. Il s'arrête sur les manières dont a été affecté le matériau musical traditionnel depuis l'introduction de l'enregistrement sonore. Il parcourt les discours de la création musicale dans le monde arabe. Enfin, à travers les musiques d'Ahmed Essyad, de Zad Moultaka et de Saed Haddad, il analyse le devenir critique du matériau traditionnel dans des formes aussi singulières qu'exigeantes.
Le travail xenakien pose la question des frontières et de leur franchissement. De l'architecture à la musique, de la théorie à la pratique, de l'art à la science, Iannis Xenakis montra l'exemple d'une libre circulation, toujours guidé par les lois de la Nature, si ce n'est par une visée universelle de la création. Musique environnementale / architecture immatérielle, concepts et symboles dans l'Œuvre xenakienne, dialectique architecture / musique: trois volets du présent ouvrage, articulés autour de la thématique entre les mondes, visent à définir et mettre en perspective un "entre les mondes" dans le travail de conception, d'invention, de création, de composition, non seulement de Iannis Xenakis, mais aussi de toutes celles et tous ceux pour lesquels ce citoyen des mondes peut constituer une référence.
Cet ouvrage représente une démarcation par rapport aux travaux antérieurs de l'auteur; toutefois, il s'inscrit dans la démarche d'une analyse structurale des "lieux", non plus architecturaux et/ou anthropologiques, mais dans celle d'un principe musical (scansion, tensivité, accords) entendu au sens de la tradition occidentale jusque dans ses expressions les plus contemporaines (Xenakis, Messiaen). L'expression "architectonique" (architecturale, musicale) représente ainsi une telle continuité.Plus largement, cette entreprise s'inscrit dans une sémiotique générale (textualité et iconicité) dont elle participe par de nombreux aspects en ce qu'elle fait appel à de nombreuses considérations (totalisation et modalisations, principalement) dépassant le cadre d'une simple logique de la substance sonore.
Les oeuvres de la musique savante occidentale – connues ou à découvrir – sont des " idéalités intentionnelles ". Leur contenu incorpore de multiples univers de sens et mondes imaginaires (symboliques, mythologiques, poétiques, sacrés, fantastiques, féériques). La Passion selon Saint Matthieu de Bach, Don Juan de Mozart, la Missa Solemnis de Beethoven, Roméo et Juliette de Berlioz, le Requiem de Verdi, Parsifal de Wagner, Le Chant de la Terre de Mahler, La Mer de Debussy, Daphnis et Cloé de Ravel, La Nuit transfigurée de Schoenberg, Le Sacre du Printemps de Stravinsky, Wozzeck de Berg par exemple sont des créations qui transcendent l'histoire et les espaces culturels. Ce panthéon musical sans cesse réactualisé ou révisé témoigne ainsi de la nature profondément intersubjective de la musique où se confrontent traditions et innovations, jugements de goûts et évaluations esthétiques.
Dans les coulisses des orchestres de musique classique
— Ah, vous êtes musicienne ? Vous jouez quoi ? — De l'alto. — Ah… et vous jouez dans un orchestre ? — Euh… disons que je joue plutôt dans " des " orchestres. Delphine Blanc, docteure en sociologie et altiste, a souvent ce type d'échanges qu'elle fait immanquablement suivre de quelques explications permettant d'éclairer son interlocuteur sur sa profession de musicienne. Si certains musiciens jouent en effet dans le même orchestre durant toute leur carrière, on ignore souvent que d'autres, au contraire, se produisent rarement deux semaines de suite dans le même. Il n'existe d'ailleurs pas un seul type d'orchestre, mais plusieurs, répondant chacun à des modèles économiques, sociaux ou artistiques différents. Ces formations sont, de plus, composées de musiciens, mais pas seulement. Il faut compter tous ceux qui travaillent en coulisse : administrateurs et régisseurs, notamment. Entre ces métiers et ces parcours si divers, les usages et les relations de pouvoir sont très variables. Elles donnent naissance à des collectifs aux visages multiples, objets d'études de ce livre qui, s'appuyant sur de nombreux témoignages d'acteurs de la profession, offre une immersion passionnante dans un monde complexe et donnant encore lieu à de nombreux préjugés, tout en répondant à un grand nombre de questions souvent sans réponses auparavant. Ainsi, comment l'organisation de ces orchestres pèse-t-elle sur les comportements individuels ? L'engagement contractuel influence-t-il l'engagement artistique et faut-il, pour être un " vrai " musicien, perpétuer l'idée d'une bohème romantique où n'est artiste que celui qui accepte le risque et l'incertitude ? Cet ouvrage propose d'entrer, au-delà de la scène et des instrumentistes, dans les coulisses et les bureaux des orchestres de musique classique.
L'objectif de ce livre est d' offrir aux mélomanes les clés nécessaires à la compréhension d'un art encore trop souvent présenté comme mystérieux et réservé aux seuls initiés.Ses deux premières parties s' attachent à décrire le répertoire, la syntaxe, les codes et l' esthétique des deux disciplines fondamentales du flamenco, le chant et la guitare. Ces aspects musicaux sont indissociables des textes chantés et de leur versification (troisième partie). Enfin, la quatrième partie tente de dresser un panorama des multiples expérimentations qui ont fait évoluer le corpus traditionnel depuis les années 1980. La danse flamenca s' est construite sur les compositions des chanteurs et des guitaristes : aussi n' en traitons-nous que marginalement, pour analyser l'influence des pratiques chorégraphiques sur les innovations musicales.Comprendre le langage musical du flamenco implique également de revenir périodiquement sur les contextes historiques, anthropologiques, socio-économiques, politiques, etc. qui ont marqué sa genèse dans la deuxième moitié du XIXe siècle et sa constante évolution depuis.
Pour une stylistique de la chanson au XIXe sie`cle
La chanson est au cœur de la pensée littéraire du xixe siècle : de Chateaubriand à Verlaine en passant par Lamartine, Stendhal, Hugo, Musset, Michelet, Flaubert et Rimbaud, toute la littérature en parle. Populaire, politique, proche et inatteignable, celle qui a tant fasciné reste pourtant trop mal connue et rarement étudiée, considérée souvent et par beaucoup comme un genre mineur.Expression privilégiée de l'affectivité la plus intime mais aussi d'enjeux plus collectifs, la chanson dite " populaire " au xixe siècle est au centre de cette étude très documentée dont le corpus est essentiellement composé de chansons à thématiques sociales ou politiques, en prise avec l'actualité.Au-delà du prolifique Béranger – célèbre chansonnier français qui connut un large succès dans la première partie du xixe siècle et dont beaucoup aujourd'hui ne connaissent que le nom – qui l'écrit, qui la chante, quels sont ses enjeux, quelles sont ses formes, quels sont ses thèmes ? Ce livre a une triple ambition : offrir la première approche textuelle minutieuse de la chanson française du xixe siècle, montrer comment se construit et s'affirme, au cours de la première moitié du siècle, l'idée même de chanson populaire devenue si commune de nos jours, et exploiter un corpus méconnu d'une rare richesse.