Largement étudiée depuis les débuts de son processus de scolarisation, l'éducation physique et sportive scolaire (EPS) demeure paradoxalement assez mal connue lors de deux moments pourtant essentiels de son histoire: celui qui réunit Front populaire, France de Vichy et débuts de la Quatrième République (années 1930-1950) et une période plus immédiate (le court XXIe siècle). Les contributions ici réunies revisitent chacune de ces périodes en mettant en évidence les défis auxquels les acteurs de la discipline se sont trouvés confrontés, en lien avec les enjeux et débats de l'institution scolaire.
Peu avant 1200, alors qu'émerge une pensée originale de la Nature au croisement de la théologie chrétienne et de la philosophie gréco-arabe, une nouvelle forme de décor commence à se répandre dans la sculpture et les vitraux des églises comme dans les arts précieux. La tradition des artistes médiévaux avait emprunté bien des motifs à la Nature comme aussi à l'art de l'Antiquité, mais en les soumettant à d'infinies transformations stylistiques. Au XIIIe siècle surgissent sous la main des artistes arbres, fleurs et surtout feuilles imitant des formes naturelles scrupuleusement observées. Le style "naturaliste" éclos en France, greffé sur les édifices du Gothique rayonnant, a ensuite été disséminé en Europe pendant un bon siècle. Profondément ancré dans les grands chantiers de l'époque gothique, ce mouvement fut pourtant éphémère: dès le tournant du XIVe siècle, il en sortit de nouvelles stylisations, longtemps répétées jusqu'à ce que les artistes de la Renaissance, à leur tour, se mettent à l'école de la Nature. Neil Stratford invite tous ceux qu'intéressent les monuments et l'art du Moyen Âge à explorer cette saison méconnue à travers une riche sélection d'œuvres, commentées de près sous les regards croisés de l'historien et du botaniste.
Essai, issu d'un colloque tenu à l'UPHF, autour de la logistique militaire au fil des âges, de la Rome Antique jusqu'aux guerres de l'époque moderne. Cela passe de l'approvisionnement en armes à la gestion des prisonniers de guerre.
Durant la période contemporaine (1815 à nos jours), la ville de Rouen a pu apparaître, comme une des toutes premières cités de l'espace hexagonal en particulier avec son complexe industriel et portuaire. Un rapprochement avec les autres grands ports de l'axe Seine a permis la formation en 2001 du géant Haropa devenu 1er port français et 4e au niveau européen.Cependant, le lien entre le port et la ville a aussi connu des périodes de distanciation, en particulier durant la Reconstruction de l'après seconde guerre mondiale. De plus, pour des raisons à la fois fiscales, économiques et politiques, Rouen n'a réussi que tardivement à agglomérer à son espace les communes environnantes avec la création en 2015 de la métropole Rouen Normandie.Néanmoins, la cité normande a pu présenter une dimension exemplaire, notamment pour son organisation sanitaire et sociale au tournant des xixe et xxe siècles. De la même époque, datent les projections futuristes du dessinateur Jules Adeline. Certains Rouennais ont aussi acquis un rayonnement à dimension internationale comme le grand écrivain Gustave Flaubert ou le prix Nobel de médecine, Charles Nicolle.Rouen se caractérise également par la richesse de son patrimoine et la diversité des initiatives culturelles prises localement, comme la création d'un réseau serré de sociétés savantes ou encore la renommée de certaines structures muséales. La création de l'Historial Jeanne-d'Arc et, celui à venir du pôle Beauvoisine traduisent aussi une volonté de renouvellement.En même temps, le développement urbain doit prendre en compte de nouvelles aspirations, notamment écologiques, d'autant plus que les effets délétères d'une industrialisation rapprochée, ont été durement ressentis, à différentes reprises.
Le second volume des Cahiers de l'inarchivable est consacré au surréalisme qui fête son centenaire par la publication en 1924 du premier Manifeste du surréalisme. Il s'agit de réfléchir au paradoxe suivant: si les expériences surréalistes existent, ne sont-elles pas intrinsèquement inarchivables ? Quelles sont les traces de ce rapport spécifiquement surréaliste au temps de la production dans l'immédiatement du geste et son archivage rétrospectif ?Anne Foucault analyse la difficulté, voire l'impossibilité d'un archivage global du mouvement surréaliste, désir porté par une partie des acteurs du surréalisme d'après-guerre, mais qui ne rencontra que peu de résonance institutionnelle. Antoine Poisson met à jour les effets de champs littéraires et politiques qui sont des enregistreurs autant qu'ils sont eux-mêmes enregistrés ; ils laissent des traces qui éclairent des processus empêchant (et inversement au contraire permettant) que des productions artistiques puissent advenir. Richard Walter montre que si le surréalisme est a priori rétif à sa mise en archive, symbole de patrimonialisation mortifère, il a pourtant préparé sa mise en archives en documentant sa propre production. Emmanuel Bauchard se penche sur l'étude du milieu intellectuel et artistique caraïbéen pendant les années 1940 et les manques archivistiques qui caractérisent les conditions de circulation et de communication du réseau surréaliste exilé en Amérique. Enfin, Célia Stara questionne la place des artistes surréalistes femmes en exil pendant la Seconde Guerre mondiale en retraçant les vestiges d'un patrimoine constellé afin d'envisager les conséquences de sa dispersion sur la réception et la valorisation des femmes surréalistes, dans leur pays d'accueil comme dans leurs pays d'origine.Ces cinq contributions montrent à la fois l'ambition de ce numéro, mais aussi la multiplicité des approches que l'inarchivable convoque et suscite: entre dispersion, destruction, invisibilisation, oubli, et sauvetage, sélection, conservation, exhibition, patrimonialisation.
La révolte des Catalans (1640-1652) est un épisode important dans l'histoire de l'empire des Habsbourg d'Espagne. En janvier 1641, à la suite de soulèvements violents survenus dans les campagnes catalanes, les institutions de la Principauté déposent Philippe IV d'Espagne et proclament Louis XIII comme comte de Barcelone. Pendant près de douze ans, la Catalogne fut ainsi une province française, jusqu'à sa réintégration dans le giron de la Monarchie hispanique en 1652. Qu'est-ce qui a rendu la rupture pensable en 1641 ? Comment les insurgés ont-ils justifié la déposition de Philippe IV et l'alliance avec la France ? À mi-chemin entre monographie scientifique et ouvrage de synthèse, la présente étude analyse l'événement à travers sa propagande, en remontant aux débats juridiques des années 1620-1630 qui ont irrigué la production écrite des insurgés, mais aussi celle des partisans de Philippe IV.
Formé par les Barberini, s'affichant Romain dans sa propagande, Mazarin cultiva ses liens méridionaux. Il fut aussi un homme du Nord, dans l'ordre politique comme dans celui de la culture. Dans l'ordre politique, sa lutte contre les Habsbourg impliqua l'Europe nordique (traité de Westphalie, alliance avec les princes rhénans et candidature de Louis XIV au trône impérial, alliance avec Cromwell, mariage polonais de Marie de Gonzague, etc., sans oublier sa petite nièce, Marie de Modène, qui devint reine d'Angleterre en épousant Jacques II). Contraint à l'exil par la Fronde, c'est à Brühl qu'il se réfugia. La paix des Pyrénées eut des répercussions jusque dans les régions du Nord. Dans l'ordre culturel, la bibliothèque du cardinal était aussi une " bibliothèque nordique " alimentée par les nombreux achats de Naudé en Allemagne, lequel, lors de la Fronde, se réfugia en Suède, à la cour de l'accueillante Christine. Quant aux achats d'art, ils incluaient évidemment l'Europe du Nord (tableaux, tapisseries, curiosités), à commencer par les acquisitions lors de la vente des collections de Charles Ier d'Angleterre. Plusieurs de ces pistes sont exploitées dans le présent volume.
Le 10 juin 1944, Oradour-sur-Glane entrait tragiquement dans l'Histoire. Ce nom, désormais associé à l'innommable, évoque l'un des massacres les plus atroces de la Seconde Guerre mondiale. Mais au-delà de l'horreur et du silence des ruines, Oradour est aussi devenu, au fil du temps, un lieu de mémoire, de reconstruction et d'espoir.Ce livre explore avec justesse et sensibilité le chemin complexe de la résilience. Il donne tout d'abord la parole à l'architecte du Centre de la mémoire, confronté au défi de concevoir un lieu capable de dire l'indicible, d'honorer la mémoire tout en ouvrant un espace à la réflexion. Puis il retrace la renaissance du village, la manière dont les habitants ont repris vie sur une terre meurtrie, recréé un tissu social, attiré de nouvelles entreprises, construit un avenir sans effacer le passé. Enfin, une réflexion plus large permet de mieux comprendre ce qu'est la résilience individuelle, et comment elle se bâtit grâce à l'engagement de nombreux acteurs.Un hommage à la dignité humaine, à la mémoire vivante, et à la force de la reconstruction.
Durant plus d'un demi-siècle, les témoins de la Révolution et de l'Empire ont pris la plume non seulement pour relater leurs carrières, mais aussi produire des études historiques sur la séquence 1789-1815 qui venait de s'achever, en adoptant la posture théoriquement impartiale de l'historien. Forts de leurs souvenirs et de leur documentation, à une époque où l'histoire déchaînait les passions mais où les archives publiques n'étaient pas encore accessibles, ils ont brièvement détenu une sorte de monopole éditorial, avant d'être concurrencés par des historiens plus jeunes, moins marqués par les événements, qui ne ressentaient pas le besoin de s'expliquer ou de se justifier.En opérant un retour aux sources, notamment grâce à l'apport des archives de Lamartine, de Walter Scott, de La Fayette, de Thiers, de Michelet, de Tocqueville, de Las Cases, de Prosper de Barante, ou du chancelier Pasquier, cet ouvrage étudie sous un angle original l'évolution des méthodes de travail des historiens, de la période romantique à la naissance du positivisme, mais aussi les premières polémiques autour de l'interprétation des grands événements de la Révolution et de l'Empire, qui laissèrent certains témoins pleins d'amertume. De nombreuses lettres, des manuscrits et des notes critiques inédites viennent enfin dévoiler le rôle de conseiller historique joué par certains personnages de premier plan comme Barère, Talleyrand, Metternich, Caulaincourt, Marmont ou encore Jérôme Bonaparte.
Les prisonniers de guerre français durant la Seconde Guerre mondiale
À la suite de l'armistice de 1940, près de 1,6 million de prisonniers de guerre français sont progressivement transférés en Allemagne. Si les travaux historiques se sont penchés sur les ressorts politiques ou sociaux de cet exil forcé, le domaine des activités corporelles n'a guère été considéré.Or, le sport constitue un angle d'attaque précieux pour saisir, dans toute sa complexité, la captivité de guerre, que cet ouvrage entend investiguer. Si les organismes humanitaires jouent un rôle central, les réalisations des prisonniers dépendent avant tout des conditions mêmes de leur captivité: entre les officiers des Oflags luttant contre le désœuvrement, les prisonniers jugés récalcitrants et les hommes de troupe des commandos, les différences sont considérables. Derrière les joies qu'ils procurent à ceux qui peuvent s'y adonner, se cachent, en outre, des projets d'encadrement idéologique menés tant par les nazis que le gouvernement de Vichy.Les pratiques physiques témoignent ainsi de la diversité et de la singularité des conditions de détention, et plus largement des rapports entre corps, liberté et soumission.
Depuis 2018, le Collège de France héberge la revue numérique Entre-temps, qui a pour ambition d'explorer et de partager dans un format numérique les nouvelles écritures de l'histoire. Animée par de jeunes chercheuses et chercheurs dans le cadre de la chaire de Patrick Boucheron, elle passe chaque semaine en revue, par des textes, des podcasts et des vidéos, les exigences et les questionnements d'une histoire engagée et savante qui ne cherchent pas seulement à diffuser plus largement ses savoirs, mais aussi à les mettre à l'épreuve de publics divers, témoignant de la variété et de la créativité des mises en présence du passé historique, notamment par les arts. En ce sens, Entre-temps est bien une revue d'histoire publique, qui s'inscrit dans la mission du Collège de France de faire savoir, c'est-à-dire de mettre la science devant la société.Cet ouvrage présente une anthologie de textes issus de cette revue: suivant les grandes rubriques qui en organisent les contenus ("Façonner", "Créer", "Transmettre" et "Exhumer") et donnant un aperçu des grandes séries qui l'animent, il permet de prendre la mesure des expériences narratives, visuelles et performatives qu'elle a suscitées. Car si Internet est sa propre archive, la forme du livre demeure aujourd'hui le principal vecteur du débat public. Voilà pourquoi cet ouvrage, donnant forme à une archive numérique du contemporain, entend contribuer à une discussion plus large sur ce que peut l'histoire publique aujourd'hui.
De sa naissance vers 1120 à son union avec sa voisine Clermont en 1630, puis sa véritable absorption par celle-ci un siècle plus tard, Montferrand fut l'une des principales villes d'Auvergne, fière de son autonomie politique, de son dynamisme commercial et du rôle qu'elle estimait jouer dans l'organisation du royaume de France. À l'époque contemporaine, elle devint une partie, délaissée et périphérique, de Clermont-Ferrand, avant que l'arrivée de prisonniers, réfugiés et travailleurs étrangers, puis l'industrialisation ne transforment radicalement l'espace clermontois et fassent, du bourg viticole qu'était devenu Montferrand, une ville ouvrière. De ce passé subsistent un urbanisme, des monuments, de riches archives municipales, des symboles, un sentiment d'appartenance. Ce sont les diverses facettes de cette histoire, d'une " ville neuve " – comparable à bien d'autres, du XIIe au XVIe siècle, en Europe et en Amérique – à l'identité d'un quartier, qu'explore cet ouvrage, fruit d'une collaboration universitaire pluridisciplinaire et internationale.