À l'occasion des vingt ans du Centre de Recherche sur l'Action Politique de l'Université de Lausanne (CRAPUL), cet ouvrage réunit des contributions de ses membres autour du thème de la politisation.Un premier axe examine la manière dont des groupes (institutions, mouvements sociaux ou groupes d'intérêts) transforment des phénomènes sociaux en enjeux politiques ainsi que le rôle du droit dans ces processus.Le second axe s'intéresse aux parcours individuels de politisation, en étudiant la manière dont les expériences militantes et sociales façonnent les visions du monde.Dans une démarche collective, ce livre montre la richesse des méthodes et approches plurielles pour comprendre ces phénomènes politiques.
Ces dernières années, les systèmes alimentaires de la plupart des pays occidentaux ont amorcé leur transition vers une approche plus respectueuse de l'environnement et de la santé des consommateurs. Avec les conseils de politique alimentaire (Food Policy Councils) et d'autres formes originales de coopération, différents acteurs issus des cercles institutionnels, industriels, économiques ou de la société civile sont engagés dans la mise en œuvre, l'évaluation et l'adaptation de systèmes alimentaires durables. Au-delà du droit à l'alimentation universel, la démocratie alimentaire exprime cette volonté de transformer les systèmes agro-alimentaires en donnant au plus grand nombre de parties prenantes le pouvoir de transformer l'existant. Le volume 11 de la collection RESSOR rassemble les contributions de chercheurs en sciences sociales et d'acteurs de l'ESS autour des transformations du système alimentaire par l'action collective.
Ouvrage retraçant le mouvement des "Gilets jaunes", de l'origine de ce mouvement jusqu'à sa fin, en se focalisant sur les mouvements sociaux profonds, mais aussi leur proportion à basculer, ou non, vers l'extrémisme politique.
L'élection présidentielle de 2024 aux États-Unis a été à la fois un choc immense et le produit largement prévisible d'un système électoral et politique complexe. La réélection de Donald Trump trahit des tensions et des contradictions remontant pour certaines à la fondation du pays.Cet ouvrage présente deux ambitions. Il s'agit d'abord d'interroger ce système politique, de se demander par exemple ce qui assure aux deux grands partis un monopole durable, ou encore de quelle manière l'argent intervient au cours de la campagne, transformant la sphère publique au nom de la liberté d'expression. Il s'agit ensuite de rendre compte d'une expérience singulière, celle qui a mené un groupe d'étudiants de master en études anglophones à jouer les médiateurs scientifiques pendant près de deux mois pour comprendre puis expliquer en direct les rouages de cette élection, de classes de lycée en salle de cinéma. Ce livre ambitionne de servir de guide dans ces deux domaines, pour comprendre les États-Unis et pour comprendre comment en parler ou les étudier, dans une logique de Sciences avec et pour la société (SAPS).
Les inégalités de santé représentent un enjeu majeur de justice sociale. Si nombre de déterminants sociaux de la santé ont été identifiés, l'analyse des processus qui produisent ces inégalités reste à approfondir. L'approche sociologique considère qu'elles représentent l'une des manifestations les plus saillantes de l'inscription des structures sociales dans les corps. Il importe ainsi, dans une perspective intersectionnelle, d'appréhender les rapports sociaux de pouvoir – renvoyant aux positionsde genre, de classe et de race – qui façonnent les pratiques. Cette approche invite aussi à ne pas appréhender le biologique indépendamment du social mais à penser l'interaction complexe entre ces deux dimensions. Elle engage enfin à analyser les pratiques de santé au sein de trajectoires de vie, de la naissance jusqu'à la mort, des atteintes à la santé jusqu'à la prise en charge par le système de soins.Cet ouvrage est issu de la leçon inaugurale prononcée au Collège de France le jeudi 3 avril 2025 par Nathalie Bajos, professeure invitée sur la chaire annuelle Santé publique pour l'année académique 2024-2025.
De quoi sont faites les relations entre employés et patrons, élèves et enseignants, accusés et juges, officiers et soldats du rang, enfants et parents, patients et soignants, gourou et fidèles, etc.? Ce numéro propose de repartir de l'autorité, notion centrale et problématique de notre modernité politique, pour la penser comme une relation sociale. Elle se caractérise, par rapport à d'autres relations de pouvoir, par le fait d'être fondée sur des statuts de participation a priori asymétriques. En saisissant l'autorité comme un travail relationnel, une mise à l'épreuve et un ensemble d'expériences sensibles, les articles explorent les moments critiques qui construisent, stabilisent et mettent à l'épreuve les relations d'autorité, ainsi que les dispositifs matériels, spatiaux, langagiers et moraux qui les produisent et dans lesquels elles s'inscrivent.
Dans les années 1960, le mouvement antipsychiatrique fondé par Franco Basaglia à Trieste a conduit à la dissolution de la psychiatrie en Italie. En Suisse aussi, de nombreuses institutions psychiatriques pour personnes souffrant d'un handicap psychique chronique ont été partiellement dissoutes. Avec la Convention de l'ONU relative aux droits des personnes handicapées (CDPH), ratifiée par la Suisse en 2014, la désinstitutionnalisation de tout le champ du handicap, notamment en matière de logement et de travail pour les personnes atteintes d'un handicap, fait l'objet de débats. L'article 19 de la CDPH, qui postule une " autonomie de vie ", est au premier plan. Cela ne signifie toutefois pas que les personnes handicapées doivent être laissées seules ; au contraire, elles doivent devenir une partie visible de la société et pouvoir participer aux dynamiques sociales. La désinstitutionnalisation est donc aussi un défi démocratique, qui exige une réponse de la part de nombreux prestataires de services spécialisés, des autorités locales et municipales, mais aussi de toutes les personnes qui, à travers l'objectif de désinstitutionnalisation, apprennent à gérer et à vivre avec des handicaps et à les accepter.
Depuis les années 1990, le mal-logement gagne du terrain dans les grandes villeseuropéennes. On estime qu'il existe près de 900 000 personnes sans domicile en Europeet 19 millions qui vivraient dans des habitats indignes.Ces chiffres sous-estiment très probablement la gravité du problème. En France comme ailleurs,la cherté du logement et l'augmentation des inégalités résidentielles ont conduit les personnes les plusmodestes à se replier vers des habitations excentrées, parfois dégradées et, dans les cas les plus ex-trêmes, à avoir recours aux centres d'hébergement et aux habitations de fortune.L'une des figures centrales de l'exclusion, le sans-abri, suscite une attention médiatique saisonnière.Elle n'est cependant que la partie visible d'une nébuleuse de myriades de situations précaires. Unnombre croissant de personnes vivent ainsi éloignées des grands centres urbains, dans des camionsou des cabanes, campent à l'année, ou ne fréquentent pas (ou plus) les structures d'aide.Quelles trajectoires ont conduit ces personnes à vivre aux marges du logement ordinaire?Quelles difficultés spécifiques rencontrent-elles? Comment vivent-elles concrètement auquotidien? Quelles ressources et quelles stratégies mettent-elles en place pour (sur)vivre etquels liens ont-elles avec les services d'aide?À partir des résultats de plusieurs enquêtes Insee et Ined, et d'un travail sur le ter-rain auprès de ces populations mal-logées ou sans domicile, les contributeurs donnent icila parole à ces femmes et ces hommes que la vie a un jour laissés au bord de la route.L'ouvrage, préfacé par Manuel Domergue, directeur d'études à la Fondation Abbé Pierre, expertdes questions de précarité et de mal-logement, permet de dresser le portrait de ces invisibles, auplus près de leur réalité quotidienne.
Aux sources de la démocratie technique : la créativité technique
Le concept de démocratie s'enracine sur diverses périodes et relève de multiples origines géographiques (Athènes, Moyen-Orient, Chine…), autrement dit " la " démocratie est beaucoup plus ancienne, et probablement beaucoup plus multiforme, que ce qu'on imagine. En effet, très souvent, " la " démocratie est considérée comme une réalité unique et universelle or cette dernière s'avère plurielle, loin d'être pensée de la même façon selon les femmes ou les hommes, selon les générations, dans un même milieu. et c'est même cette diversité qui la structure, et qui, en un mot, lui permet de jouer un rôle fondamental dans la société.Quant à " la " technique, elle reste également omniprésente dans les activités de l'espèce humaine, et cela au moins depuis des dizaines de millénaires. Très rapidement, de premiers groupes humains conçoivent et reconçoivent leurs outils issus de cheminements techniques plus diversifiés que ce qu'on imagine habituellement. C'est dire si la variété mais également la trajectoire de ces choix techniques demeurent sur le temps long, inhérentes de l'espèce humaine… et ne relèvent en rien d'une exclusivité du contemporain!La session du XIVe congrès de la Société Française d'Histoire des Sciences et des Techniques qui s'est tenue à Bordeaux en avril 2023 visait à approfondir la connaissance des conditions favorisant la créativité technique et à identifier des moments où le monde de la technique est " interpelé " voire " percuté " par le concept de démocratie technique. C'est une certitude, il n'existe pas d'universalité, ni de solutions techniques à l'échelle planétaire, et c'est bien cette quête de la diversité, de cheminements singuliers, d'acceptation de logiques disruptives qui permettra d'asseoir un peu plus les fondements d'une véritable démocratie technique. N'est-ce pas là, le meilleur héritage que nous pourrons transmettre aux générations à venir.
L'Irlande et les droits humains : idéalisme et pragmatisme, discours et réalités
Ce numéro d'Études irlandaises offre une analyse approfondie du rôle de l'Irlande dans la promotion des droits humains, à travers des thèmes cruciaux tels que les droits des femmes, l'éducation, ou le Brexit. Alliant rigueur scientifique et commentaires sur des sujets sociétaux d'actualité, il s'adresse à la fois aux chercheurs, aux étudiants et à un public curieux des enjeux contemporains liés à la justice et à la défense des droits sur l'île d'Irlande.
Par quelles techniques, quels discours, selon quelles temporalités et par quels acteurs s'élabore, se performe et se diffuse le travail de la preuve? Dans le sillage de la philosophie et de la sociologie pragmatique qui ont de longue date thématisé la question de l'enquête et de la preuve, ce dossier en explore les trajectoires multiples dans les espaces juridiques, journalistiques, médicaux, scientifiques et artistiques où elles prennent forme. Il interroge la collecte des traces et leur devenir preuve à la lumière de leurs topographies singulières - intimes (le corps), matérielles (les images, les archives), ou plus abstraites (les opérations mathématiques). Cette approche processuelle porte une attention particulière à l'incertitude propre aux étapes de qualification, de vérification, de mise en débat et en récit qui transforment, ou pas, une trace en preuve. Les terrains d'enquête investis ici débordent l'arène judiciaire et impliquent des intermédiaires qui participent au travail de la preuve de manière informelle ou plus institutionnelle. La réflexion porte également sur les nouvelles techniques de repérage, de monstration et de démonstration, lesquelles peuvent reconfigurer le rôle du témoin et de l'expert. Il s'agit ainsi de mieux saisir en quoi la multiplication des acteurs, des formes et des espaces d'investigations modifie les pratiques de l'enquête et l'épistémologie de la preuve.
L'hydrogène est aujourd'hui considéré par de nombreux pays, dont la France, comme un élément chimique clé pour accomplir la transition énergétique. Cependant, celui-ci est souvent perçu comme une problématique purement technique qu'il s'agirait de résoudre en vase clos du côté des sciences naturelles ou des sciences pour l'ingénieur, dont les sciences humaines et sociales ne devraient hériter qu'après coup. Réunissant des travaux issus de plusieurs disciplines, cet ouvrage invite à changer de regard. Il propose d'une part, de rendre compte des multiples facettes de l'hydrogène, techniques mais aussi historiques, sociales, économiques, politiques et juridiques, et d'autre part, du potentiel des sciences humaines et sociales pour contribuer aux débats sur son rôle dans nos sociétés contemporaines, au-delà des simples enjeux d'acceptabilité sociale et de soutenabilité économique auxquels on les réduit trop souvent.