Je voudrais que ma poésie soit comme une boule de cristal dont on ne verrait plus que la clarté. J'écris pour que même la plus humble des servantes me comprenne " : c'est le souhait que fait Maurice Carême dans une lettre écrite à Jeannine Burny, la femme qui fut le grand amour de sa vie, qui l'a inspiré, a collaboré avec lui et veille sur son œuvre depuis sa disparition.Une boule de cristal est un objet qui paraît d'une limpidité toute simple. Mais que de travail pour parvenir à ce résultat… Pour qualifier la poésie de Maurice Carême, on a souvent employé les termes de simplicité, de naïveté. Mais simplicité n'est pas simplisme et, à travers cette étude et les entretiens avec Jeannine Burny, on découvrira que Maurice Carême a su puiser à la fois à la source de la chanson populaire et à celle de la poésie savante.Un grand choix de poèmes, dont une section de 32 inédits, ponctue cette analyse de l'œuvre, et des photographies de la " Maison blanche " de Maurice Carême permettront de comprendre combien l'art du poète était indissociable de son art de vivre.
De façon récurrente aujourd'hui, dramaturges, acteurs ou metteurs en scène se réfèrent à la musique pour désigner une composante majeure de leur travail, voire un " modèle d'écriture ". On se propose ici d'étudier ce phénomène en l'abordant sous l'angle du corps, et d'explorer les modalités de mise en relation entre le corps et le fait musical (qu'elle soit littérale, ou plus symbolique), dans les textes comme sur les scènes du théâtre moderne et contemporain, en en cherchant la source dans quelques figures phare du XXe siècle, pour se concentrer ensuite sur quelques dramaturgies très contemporaines. De quoi ce " corps musical " est-il donc le symptôme? La question est aussi bien esthétique que politique. Une première partie de cette étude abordera les écritures, au sens large du terme; la seconde traitera de la question du corps au plateau, de l'acteur à la mise en scène: qu'est-ce que le corps fait à la musique, et la musique au corps? Et surtout, quel modèle de pensée, via cet imaginaire musical, vient informer la représentation théâtrale dans son ensemble?Clôturant chaque partie, deux tables rondes, – l'une d'écrivains et traducteurs, l'autre de musiciens pour la scène –, permettent d'entendre des points de vue parfois divergents sur cette question de la musique et du corps dans le processus de création.
"Où est ce corps que j'entends ?". Cette interrogation extraite d'Enfonçures de Didier-George Gabily est emblématique de toutes les formes de dissociation de la voix et du corps telle qu'elle se manifeste dans le théâtre moderne et contemporain. A travers un vaste corpus, qui aborde aussi bien les théâtres francophone, anglophone, hispanophone, que germanophone, scandinave ou russe, cet ouvrage prend la mesure de ce qui, dans la voix, est révélateur de nouvelles modalités de figurations et de représentations du corps. Sont ainsi examinées les multiples frictions et relations entretenues entre le corps et la voix – des voix sans corps aux corps sans voix en passant par ces corps délocalisés, lointains, fantasmés, étranges, étrangers, malades ou malmenés, tour à tour commentés ou mis en fiction par les voix. Révélatrices des principales mutations des écritures théâtrales et de la scène aux 20e et 21e siècles, ces nouvelles relations entre corps et voix ne sont pas pure affaire de forme?; elles sont à penser en regard des représentations sociales, politiques, médicales, culturelles du corps et de la parole dans le monde contemporain.
Transparence et gouvernance sont devenues, en une décennie, les maîtres-mots du droit contemporain des sociétés.Cet ouvrage vise à apprécier la transparence sociétaire à l'aune de dix ans de réformes qui ont modelé l'information sous la férule des préceptes de gouvernance. Intégration de nouveaux enjeux, débats sur les rémunérations des dirigeants, aspects de droit comparé et de droit comptable, sanctions de la diffusion d'une information erronée sont autant d'éléments qui font la richesse et l'originalité des contributions réunies sous la direction du Professeur É. Blary-Clément.Destiné à tout public, étudiants, praticiens, universitaires, cet ouvrage rassemble les analyses de juristes de différents horizons, français et étrangers, Professeurs et Maîtres de conférences, ingénieurs, avocats, tous au fait des questions de transparence et de gouvernance.Il s'inscrit dans le cadre d'un projet de recherche pluridisciplinaire financé par l'Agence Nationale de la Recherche, référencé ANR-07-ENTR-012 – TIDCG (" Transparency and Information Disclosure in Corporate Governance ").
Jacqueline Lévi-Valensi note que le colloque dont ce volume est la mémoire, Camus et les écritures du XXe siècle, est à la fois continuité et ouverture. " Continuité, parce qu'il se situe dans le prolongement des travaux menés depuis le Colloque de Cerisy-la-Salle qui, en 1982, était le premier à se tenir en France et a vu naître la Société des études camusiennes " ; continuité aussi par l'origine, l'âge et la diversité des intervenants. Ouverture parce que " les œuvres de Camus sont ici abordées dans leur relation à l'autre, au Maghreb, en particulier, mais également à d'autres mondes européens, à d'autres continents, à d'autres écrivains, à d'autres écritures, sous le signe, bien camusien, du dialogue. C'est peut-être pourquoi son œuvre est à la fois singulière et universelle, classique et pourtant si moderne, tenant un 'langage clair'' et gardant ses énigmes, née ''dans la chair et la chaleur des jours'' et porteuse d'une véritable mythologie, qui nous parle, simultanément de la tragédie de la vie et du bonheur de vivre, qui nous apprend l'émerveillement et la lucidité. Une oeuvre ancrée dans les fureurs de son temps, et qui reste d'une étonnante actualité ". Proposant de mettre cette trentaine de contributions sous l'éclairage du double pouvoir de l'écriture, sur l'écrivain et sur ses lecteurs, elle conclut : " Camus ne cesse de nous dire qu'il y a en l'homme quelque chose qui échappe aux violences de l'histoire et qui refuse de mourir, et que ce sont les artistes qui témoignent de cette part irréductible ".
Incarnation du boursier conquérant de la Troisième République, fils d'un modeste instituteur, Albert Châtelet – né à Valhuon (Pas-de-Calais) en 1883 – réussit, par ses aptitudes et son travail, à s'imposer comme un universitaire consacré. Professeur de mathématiques à la faculté des sciences de Lille à partir de 1919, doyen de son institution, il occupe après la Seconde Guerre mondiale, une chaire en Sorbonne et devient le doyen de la faculté des sciences de Paris. Il est aussi une figure majeure de l'administration de l'Instruction publique. Recteur de l'académie de Lille entre 1924 et 1936, il y accomplit une œuvre fondamentale de bâtisseur et de réformateur, au service des structures éducatives et de la nécessaire École unique. Nommé directeur de l'Enseignement du second degré par Jean Zay, Albert Châtelet multiplie les initiatives en vue de la modernisation du système éducatif. Sanctionné par le régime de Vichy, il retrouve ensuite ses fonctions d'enseignant du supérieur, comme professeur à la Sorbonne. La retraite en 1954, par l'abandon du devoir de réserve du fonctionnaire, lui permet de multiplier les engagements dans l'Ici et Maintenant, au service des valeurs qui furent les siennes toute sa vie. Membre de multiples associations pacifistes, il lutte pour le rapprochement entre les peuples, au-delà de la déchirure qu'est le rideau de fer, et milite pour la reconnaissance par la France de la Chine communiste et de la République démocratique allemande. Il s'engage surtout contre la poursuite de la guerre en Algérie et contre l'usage de la torture, organisant plusieurs colloques universitaires et apportant sa contribution à la création du Comité Maurice Audin. En 1958, il s'oppose au retour de Charles de Gaulle au pouvoir et combat le projet constitutionnel du Général. Il entre alors, aux côtés de François Mitterrand et de Pierre Mendès France, entre autres, au sein de l'Union des forces démocratiques et accepte d'être le candidat de l'U.F.D. à l'élection présidentielle indirecte de décembre 1958 où il recueille un peu plus de 8 % des suffrages. Lorsqu'il décède en 1960, le monde universitaire et intellectuel rend hommage à Albert Châtelet, homme aux multiples engagements qui a consacré sa vie à l'École de la République.
Comment, par l'intermédiaire du commentaire en ligne touristique, les communautés francophone et hispanophone évaluent-elles le musée qu'elles ont visité. Existe-t-il un positionnement évaluateur en fonction de l'appartenance du visiteur à une communauté linguistique donnée. Si oui, comment s'exprime-t-il?Pour y répondre, cette monographie mène une analyse discursive des commentaires que les visiteurs francophones et hispanophones des musées du Louvre et du Prado ont laissés entre 2009 et 2019 sur TripAdvisor. Ces commentaires évaluatifs possèdent une portée argumentative dans le choix des mots et des thématiques, décelé par la méthode quantitative textométrique. L'approche statistique couplée à une étude linguistique et discursive des commentaires classés selon la note attribuée à la visite, selon le musée et la communauté linguistique aide à la caractérisation d'un e-lecte, celui du commentaire en ligne touristique muséal.
À la fin de La Place, Annie Ernaux nous fait part de sa déception à la lecture d'un volume dont le titre, L'Expérience des limites, était prometteur : à son plus grand dam, " il n'y était question que de métaphysique et de littérature ". Or, l'expérience des limites, elle a le sentiment de l'avoir connue dans sa vie de jeune fille et de femme issue d'un milieu populaire. L'expérience des limites, elle l'a menée dans une œuvre pluridimensionnelle (romans autobiographiques, autosociobiographies, journaux intimes et " extimes ") en explorant son entre-deux social et se jouant des frontières entre genres et disciplines.Les participants à ce premier colloque international consacré à l'oeuvre d'Annie Ernaux, venus de multiples horizons géographiques et critiques, ont analysé les aspects les plus divers de l'entre-deux : sociologiques, psychologiques ou psychanalytiques, thématiques et (inter)textuels – sans oublier de s'arrêter sur ces formes auto(socio)-biographiques particulières qu'offre l'écriture journalière. La présence de l'auteur, qui est intervenue activement et a pris part à une table ronde, a renforcé l'intérêt des débats. Au reste, la confrontation de la voix auctoriale avec différentes manières de critiquer n'est pas sans importance : c'est une façon d'insister sur la nécessaire circulation du sens entre auteur, textes et lecteurs – instances que la critique n'a que trop souvent disjointes.
L'ouvrage explore deux courants contemporains qui nourrissent l'approche linguistique de la traduction.Dans le courant fonctionnaliste, les outils utilisés peuvent être de nouvelles grammaires contrastives, de nouvelles méthodologies visant à la traduction du figement, de nouveaux concepts comme celui de " traducteur multicible " en traduction audiovisuelle, voire de nouvelles définitions remettant en cause des appellations comme celles de " realia " ou de " culturème ". De nouvelles réflexions peuvent servir à analyser les éléments constitutifs du discours, d'un texte politique par exemple. Enfin des ressources terminologiques multilingues récentes sont évoquées, comme en traduction médicale.Dans le courant plus sémantique, une étude sur la traduction de la métaphore dénonce le primat de l'ordre référentiel, une autre s'interroge sur la correspondance mécanique entre les prépositions, une troisième propose une méthode visant la maitrise des niveaux de langues en traduction technique.