Représentations et prise en charge de la pauvreté en Normandie au XIXe siècle
Terre de pauvreté et de mendicité, la Normandie orientale n'a pas été épargnée par les peurs sociales qu'ont suscitées ces phénomènes. Au tournant des XIXe et XXe siècles, la mendicité et le vagabondage normands représentent un cinquième des condamnés français. Durant le long XIXe siècle, le Directoire et les débuts de la Troisième République ont constitué des moments charnières dans les politiques de lutte contre la pauvreté à la fois dans ses dimensions assistancielles (communalisation de l'assistance publique, premières lois sociales républicaines) et répressives (pénalisation, relégation).En focalisant son attention sur la Seine-Inférieure et l'Eure aux profils opposés, l'un urbain et industrialisé, l'autre agricole et rural et en les replaçant dans le contexte national, cette étude montre la diversité et la singularité des réponses d'une société normande au fort engagement social, qu'il soit de nature publique (communes, départements, État) ou privée (catholique, protestant, franc-maçon). Fondé sur des archives de la "compassion" et de la "peur", et renouvelant les approches dans une démarche plurielle entre histoire sociale, des représentations et des émotions, cet ouvrage s'inscrit dans une longue tradition historiographique d'études sur la pauvreté et sur les politiques de prise en charge des "bons" et des "mauvais" pauvres.
Clément Marot ou l'éternel " adolescent ", comme l'indique le titre de son principal recueil, L'Adolescence clémentine, publié en 1532, alors qu'il a déjà trente-six ans et plus qu'une douzaine d'années à vivre. Cette œuvre, composée tout entière pendant le règne de François Ier, est la manifestation la plus claire, la plus évidente, de la Renaissance des lettres qui a fleuri à l'aube du XVIe siècle. Œuvre classée par genres, où les ballades et les rondeaux font bon ménage avec les épîtres et les chansons, les épitaphes et les complaintes, œuvre polyphonique souvent mise en musique, L'Adolescence clémentine s'inscrit dans le droit fil de la poésie médiévale, tout en la modernisant, la renouvelant et la transformant, dix ans avant que ne surgisse la révolution poétique de la Pléiade, laquelle ne parviendra pas à la faire oublier.Poésie instable que celle de L'Adolescence clémentine, dialogante, effervescente, jamais fixée, toujours répétée, mais comme on répète un texte de théâtre, en le découvrant et en le variant à chaque reprise, poésie continuée jusqu'à La Fontaine et à Voltaire, à redécouvrir de toute urgence aujourd'hui.
Le genre des mélanges universitaires est très codifié: les élèves et les amis du maître qui quitte ses fonctions lui offrent leur contribution savante. Le recueil ainsi constitué donne par son ampleur la mesure de la riche carrière du récipiendaire, Jean Maurice. Médiéviste, spécialiste des bestiaires et des chansons de geste, il s'est aussi intéressé à la réception du Moyen Âge à l'époque contemporaine. Ses mélanges réunissent des études très diverses, où le Moyen Âge sert de fil conducteur à travers les arts et les siècles.
Traditionnellement considéré comme un chef-d'œuvre comique et un modèle de l'esprit français, le théâtre de Beaumarchais prétend aussi, plus profondément, éclairer l'homme et explorer ce que La Mère coupable appelle " le secret de l'âme ". Cette ambition anthropologique, au cœur de la présente étude, nuance la prétendue légèreté de ce corpus: fondée sur le principe de la trilogie, qui privilégie la maturation des personnages et l'entrelacs des registres dramatiques, elle puise dans le mélange des émotions l'art de mettre à nu le mécanisme des passions et la loi du désir. Beaumarchais renoue dès lors avec les grandes tragédies du monde antique: bâtardise, parricides symboliques, inceste, filiations, aucune des grandes étapes de l'aventure humaine n'échappe à son théâtre abrasif. Figaro, apothicaire mélancolique transformé, par le secret de sa naissance, en spécialiste des humeurs et de la catharsis, y marche sur les pas d'Œdipe et affronte à nouveau l'énigme du Sphinx: qu'est-ce que l'homme? L'identité est-elle réductible au visible et au dicible, au masculin et au féminin? La découverte de soi n'implique-t-elle pas de consentir à l'existence de forces immaîtrisées qui agissent indépendamment de la conscience et révèlent, au cœur de la trilogie, la fascinante puissance du rêve et de la folie?
L'essai, au sens étymologique, c'est la pesée, le poids; au figuré, c'est l'exercice, le prélude, l'échantillon. Partant du mot, que Montaigne introduit dans le domaine littéraire, ces pages envisagent le livre III, d'abord de manière synthétique et globale, en trois sections consacrées à Montaigne, aux Essais et à la " bibliothèque des Essais ". Puis se dévident des " cheminements de chapitres ", analysant quelques-unes des plus célèbres sections du livre III, " Du repentir ", " Sur des vers de Virgile ", " Des coches ", "De l'art de conférer ", "De la vanité ", "Des boiteux ", "De la physionomie ", "De l'expérience ".L'anthologie critique conduit de Pascal, lecteur assidu, et quand bien même indigné souvent, des Essais, à Stefan Zweig, qui termina ses jours au Brésil en lisant et commentant Montaigne, au début d'une longue guerre dont il ne vit pas la fin.
Si le mémorialiste de l'Ancien Régime, en rapportant ce qu'il a vu personnellement, continue un discours autorisé et " public " qui repose sur des usages et valeurs d'un monde encore largement perçu comme statique, il y a virtuellement, pour l'autobiographe moderne, autant de mondes qu'il y a de " moi privés " qui les disent et qui semblent ne pouvoir s'affirmer qu'en s'opposant aux diktats de la société. Or, c'est le mémorialiste d'Ancien Régime qui écrit pour ses intimes ou pour un cercle restreint de semblables, tandis que l'autobiographe Rousseau s'adresse d'emblée aux lecteurs de tous les états et à la postérité tout entière. Ce paradoxe est au centre de l'interrogation de ce volume qui tente de mettre en évidence, au fil des siècles et à des époques où les césures historiques et les ruptures idéologiques favorisent la redéfinition des quêtes identitaires collectives et personnelles, les multiples possibilités d'agencement et les frontières plus ou moins marquées entre " moi public " et " moi privé ".
Les Contemplations sont un livre creusé par l'absence, l'exil et le deuil.Le vertige qu'éprouvent poète et lecteurs penchés sur le gouffre n'est pourtant pas celui du vide: ce recueil de la nuit, de la mort et du silence déborde de lueurs, de vie et de voix. Pour mieux saisir l'infini, Hugo le multiplie, grâce aux variations d'un lyrisme qui excède les limites d'une expérience personnelle pourtant fondatrice. La présente étude se propose d'explorer le cosmos réinventé par Hugo, constellation de poèmes qui invite à discerner un sens, au-delà du chaos de la mort et du mal – à contempler le monde pour mieux le créer.
Les mesures de confinement connues au cours des derniers mois ont bien mis en évidence l'importance des interactions humaines et le rôle joué par les technologies de la communication pour les créer ou les maintenir au-delà des distances imposées. Tout un chacun a ainsi pu prendre conscience de la manière dont les communications humaines sont désormais étroitement liées aux technologies numériques. Cet ouvrage s'intéresse précisément aux "e-liens" compris comme les liens, notamment sociaux, psychologiques et pédagogiques existants dans le cadre d'interactions en ligne. Il propose plus particulièrement une réflexion collective sur la création et la dynamique des "e-liens" existant dans le cadre de dispositifs de formation incluant des technologies numériques.Alors que ces interactions et leurs dynamiques dépendent des acteurs et des dispositifs, la richesse des cadres théoriques présentés, des résultats de recherches et éléments de discussion qui ressortent des différents chapitres sont propices à un approfondissement de la connaissance des interactions médiatisées et de la réflexion concernant les usages éducatifs des technologies numériques.