A Bordeaux, le XVIIIe avait permis l'installation d'un centre ville de style et d'une bourgeoisie prospère. Tandis que ce siècle avait été l'époque des grands axes et des grandes compositions, le XIXe siècle fut l'époque des projets individuels. Les institutions dont une ville bien établie a besoin furent construites et la création d'un boulevard permit à la ville de s'élargir vers l'ouest. Alors que le style Empire avait dominé le début du siècle, on réutilisa de façon éclectique les styles anciens dans les constructions réalisées à partir de 1830. Les maisons bourgeoises prirent modèle sur les idéaux romantiques du Moyen-Age ; la Renaissance et le baroque revinrent aussi à la mode. A la fin du siècle ces styles se fondirent dans un style issu de l'artisanat d'art : l'Art nouveau.
Le romancier Jean Freustié (1914-1983) d'origine libournaise est apprécié pour sa sincérité. Écrivain et critique littéraire, il cherche à connaître l'homme à la lumière de la psychologie; il se raconte sans fard, présentant son addiction à la morphine puis à l'alcool…Il atteint la maîtrise de son art dans l'autobiographie, où il évoque avec ironie, désillusion et une grande vérité, l'expérience de la seconde guerre mondiale comme médecin-auxiliaire. Le thème dominant de la jeunesse lui offre l'occasion de brosser un tableau de sa ville natale et de sa famille haute en couleurs dominée par un père courtier en vin.La description sans concession de la société libournaise n'est pas sans rappeler celle de Bordeaux par François Mauriac: " À Listrac [Libourne] au début des années 30! Autour de nous c'est le néant, l'immobilisme, la laideur et la médiocrité. " L'héritage du vent (1979) peut être lu comme un écho au brûlot social de Préséances (1921) de Mauriac qui éloigna longtemps l'auteur de sa ville natale.