Les Chiriguano nous permettent de saisir une société amérindienne au moment précis de sa création, de son "institution". Issus de migrants d'origine tupi-guarani, ils se sont métissés avec des populations arawak, au moment où les premiers Européens parcouraient ces confins des Andes et du chaco. Ces migrants, numériquement minoritaires, ont su intégrer une masse dix à vingt fois plus nombreuse de groupes locaux tout en les maintenant dans un rapport de dépendance.
Comment l'œuvre de Louis Marin a-t-elle travaillé, dans sa grandeur discrète, depuis la disparition du philosophe, historien et sémiologue, en 1992 ? Comment sa méthode d'approche des objets, textes et images, sur lesquels il a fait porter son attention patiente depuis ses Études sémiologiques (1971) jusqu'au Pouvoir des images, dernier livre publié de son vivant, a-t-elle profondément imprimé sa trace dans un grand nombre de recherches conduites par des historiens de la littérature, de l'art, de la philosophie, et plus généralement des sociétés moderne? Les études réunies ici s'échelonnent sur les vingt-cinq ans qui nous séparent de sa mort et veulent rendre compte de l'unité d'une œuvre mais aussi de l'extrême variété de ses effets. Louis Marin n'a pas fait système, mais il a aidé de nouvelles générations à concevoir et à comprendre les systèmes de représentation au sein desquels ont été produits les gestes d'écriture et de peinture qu'il a su interroger.Avec un texte inédit de Louis Marin (proposition d'enseignement " Arts et langage " conçue pour le Collège de France en 1989)
Camille Lefebvre retrace ici la série d'événements qui mène à la rencontre, au début des années 1950 à Paris, de ses quatre grands-parents: d'un côté, la fille d'une jeune femme juive ashkénaze ayant grandi entre Odessa et Kichinev et le fils d'un couple de marchands de tissus juifs séfarades de Sidi Bel Abbès, de l'autre, la fille d'un boucher de Normandie et un républicain espagnol fils de paysan de la région de Ségovie. Ces quatre trajectoires familiales se déroulent dans des espaces et des contextes très différents, bien qu'elles connaissent au moment de la Seconde Guerre mondiale une communauté d'expériences, liée à la persécution et à l'engagement résistant. L'autrice suit des fratries d'Oran aux confins de la Bessarabie, en passant par les campagnes de Normandie et les prisons franquistes en Espagne: elle nous invite ainsi à une traversée du XXe siècle à partir des destins croisés de ses ascendants. Alors qu'un mouvement très large se dessine autour d'essais ou de récits retraçant des parcours familiaux, ce livre fait le récit d'une histoire de famille, mais montre également comment l'histoire peut s'emparer de nos récits familiaux. Chacun ou chacune peut soit y reconnaître l'expérience de ses ancêtres, soit être amené à questionner ce qui se dit du passé dans sa propre famille.
Mobilisations politiques du droit et de la justice en France (1968-1981)
Liora Israël étudie la création de nouvelles organisations de juristes (Syndicat de la Magistrature, Mouvement d'Action Judiciaire, Syndicat des Avocats de France), les reconfigurations des pratiques professionnelles des juristes engagés, ou encore les grands procès. Cette configuration de juristes engagés et d'organisations nouvelles fondées sur le droit et la justice démontre alors que le droit n'est pas forcément neutre, et qu'il peut être considéré comme un instrument au service de luttes sociales et parfois radicales.
Révolte des victimes, indignation publique, médecins et politiques sur le banc des accusés... jamais avant le sang contaminé, la santé n'avait été en France une telle affaire d'Etat. Pourtant l'épidémie transfusionnelle par le virus du sida est restée pendant des années confinée à un tout petit univers médical, l'hémophilie, composé de quelques centaines de malades et de leurs médecins. Ce livre revient sur l'expérience de ses acteurs les plus directs : les malades hémophiles et leurs proches, leur association et leurs médecins. Il propose d'entendre la parole de ces individus, de restituer leur expérience (du traumatisme), de saisir quelles ont été leurs ressources pour faire face à la crise et tenter de produire un monde médical qui ne soit plus trompeur. Ni plaidoyer, ni accusation, sa démarche produit une sociologie de l'affaire très complète, qui éclaire les transformations du monde médical. Ni plaidoyer, ni accusation, sa démarche produit une sociologie de l'affaire très complète, qui éclaire les transformations du monde médical." Lorsque je suis entrée en contact avec le monde de l'hémophilie, en 1995, il m'a surprise et désemparée. Je me suis heurtée à une grande difficulté pour penser l'affaire et la rapporter à l'expérience des malades et des médecins. Le monde social de l'hémophilie témoigne conjointement du refoulement, de l'oubli et d'une crise de conscience aiguë. il fallait s'emparer de cette boîte noire. " (E. Fillion)