La geste, la route et le livre dans la littérature médiévale
Les collègues et amis du Professeur Claude Roussel ont souhaité rendre hommage à sa personne et à son œuvre en lui offrant un volume de Mélanges. Les trente études de langue et de littérature réunies dans cet ouvrage portent sur des sujets qui ont nourri sa recherche et façonné sa pensée: l'édition de textes, dont il est un maître absolu, et la chanson de geste composée à l'automne du Moyen Âge. Son édition de La Belle Hélène de Constantinople et l'étude littéraire qu'il a consacrée à cette œuvre ont transformé radicalement l'appréciation quelque peu réservée, voire négative, de la critique sur l'esthétique des chansons de geste tardives et sur leur place dans la culture et la production littéraire médiévales. Depuis, Claude Roussel a dédié des articles à des thèmes variés: courtoisie, hospitalité et savoir-vivre, mythe des enfants-cygnes, figure royale, croisade, culture populaire et culture cléricale, et a participé à l'édition du Devisement du Monde de Marco Polo dirigée par Philippe Ménard.Engagés à leur tour sur la voie ouverte par ces travaux, les auteurs de ce volume se sont intéressés aux motifs épiques et à leurs relectures ou réécritures (la geste), à l'exploration de mondes exotiques ou spirituels (la route) et à des problèmes éditoriaux ou de tradition manuscrite (le livre). Le " monde entour et environ " ne saurait, considèrent-ils, épuiser ni la richesse ni la cohérence des recherches de Claude Roussel, ni l'étendue de la curiosité qui les a guidées.
Châteaux et littérature, des Lumières à l'aube de la Modernité, 1764-1914
Symbole éternel, archétype universel, le château occupe une place privilégiée dans l'histoire de la littérature. Pourtant, c'est seulement à partir de la fin du 18e siècle, avec la vogue du roman noir, qu'il connaît une véritable résurgence. Pendant toute cette période et jusqu'à la fracture radicale que représente la première guerre mondiale, il impose dans nos lettres sa présence typique et multiforme. C'est à la richesse polysémique de la figure du château que sont consacrées les études de l'ouvrage, composé par des historiens de la littérature. Au long des différents chapitres, le château est envisagé successivement comme héritage mémorial du passé, miroir du temps, vestige enchanté, lieu identitaire ou encore scène de l'inconscient.
"Once more unto the breach, dear friends, once more!": Harry of England's rallying cry has never ceased to resonate with forceful energy to the ears of spectators far beyond the backdrop of the Anglo-French Hundred Years' War. The climax of Shakespeare's two tetralogies, which also coincided with the opening of the newly-built Globe theatre in the summer of 1599, Henry V has galvanized its audiences with its vibrant chorus and its battle scenes alike, while also exploring the heroic self-fashioning of a Christian king who may or may not be the noble soul that he aspires to be.Henry V has often been regarded as a patriotic work. Yet for all its emphasis on camaraderie, honour, power and "vasty" ambition, Shakespeare's history play resounds with the heart-rending echoes of personal loss and political division. Its compelling rhetoric, its ambivalent treatment of warfare, and its blend of humour and violence together with the complex socio-political issues at work, account for its global popularity in a post-Brexit world, on "unworthy scaffold[s]" as much as on the Hollywood screen.Following the recent inclusion of Henry V in the Agrégation syllabus in France (2021-2022), this volume seeks to provide new perspectives on the play and to question a variety of issues relating to politics, cultural representations, gender, class, aesthetics, materiality, and adaptation. Its four parts highlight the richness of the play and reflect recent critical trends in early modern drama studies.
Peut‑on vraiment ressusciter Les Incas ? Et comment les arracher au cimetière des œuvres mortes où ils gisent ensevelis depuis un siècle ? Comment les proposer au lecteur moderne ? Conçu dans le sillage de la première édition critique du roman publiée en 2016, le présent volume se propose de répondre à ces questions tout en apportant un regard nouveau sur l'écriture et la pensée de Jean-François Marmontel (1723‑1799). Un tel projet se fonde sur deux constats majeurs : celui, d'une part, de la timide redécouverte d'un auteur et d'une œuvre qui n'ont pas encore trouvé leur écho dans les études sur le XVIIIe siècle ; et celui, d'autre part, qui renvoie à la complexité des Incas, dont la richesse des enjeux stylistiques et philosophiques est loin d'être épuisée. C'est cette perspective, liée à la forme et aux fonctions du roman marmontélien, qui est placée au centre de ce volume.
L'image d'un Cantal conservateur, voire de droite, est largement inscrite dans notre paysage politique. Elle est à rectifier car il n'en a pas toujours été ainsi. A la fin du 19e siècle, le Cantal a été franchement républicain, puis radical, après avoir été bercé par les sirènes… bonapartistes deux ou trois décennies auparavant ; ce qui montre bien que, dans le jeu électoral, s'est toujours glissée de manière consciente ou non une conception singulière des liens qui devaient unir le département au Pouvoir central, juxtaposant un caractère rebelle à la soumission à l'ordre des choses.
L'époque est à la rupture. Le monde bruit de la rumeur des crises – économiques, sociales, climatiques, écologiques, migratoires, financières –, des catastrophes, d'oppositions renouvelées – du nouveau à l'ancien, des nantis aux oubliés –, d'innovations radicales – disruptions technologiques et innovations sociales –, de révolutions politiques ou scientifiques. Une prise de recul est nécessaire afin d'apprécier la réalité et la portée de ces événements qui rompent des équilibres établis. Le parti pris de ce volume interdisciplinaire n'est pas celui d'une tentative théorique originale, encore moins systématique, de " penser la rupture ". En écho à une époque éclatée, nous souhaitons plutôt proposer un parcours dans la variété des mots de la rupture, des mots qui sont ici l'occasion d'une réflexion qui pourra aider chacun à nommer, enrichir, qualifier, nuancer sa perception des ruptures dont il est le témoin, l'agent ou la victime. L'abécédaire que nous vous proposons se veut informé, parfois inattendu, et plaisant à parcourir.
Entre fondement du droit et questionnement du mythe
Parmi les mythes bibliques, peu sont aussi riches en réception, aussi lourds en conséquences et en même temps aussi contestés que les récits de la Genèse liés à la création du monde et de l'homme, au paradis et à la " Chute ". Car peu nombreux sont ceux qui ont structuré aussi fortement ce qui a été à la fois croyance et pratique dans les sociétés chrétiennes. Avec la laïcisation de la pensée du XVIe siècle aux Lumières, cette croyance est mise en question, et les récits bibliques ne font pas exception, évoluant ainsi vers le mythe. La production littéraire et artistique s'en ressent et se libère plus que jamais, donnant au couple de la Genèse des interprétations et attributs nouveaux. Les articles réunis dans ce volume interrogent dans des approches disciplinaires différentes les rôles que jouèrent Adam et Ève dans cette période de transformation qui voit la Genèse d'un côté encore comme référence du droit, et de l'autre comme source de réécriture littéraire, voire comme matériau exemplaire de polémique.
Ce volume propose une vingtaine d'études ayant trait aux modalités et enjeux de la création artistique dans le grand âge. Les thématiques du chant du cygne, de l'œuvre testament, de l'inachevé, du chef d'œuvre tardif, de la modernité de l'œuvre ultime y sont donc abordées, au fil d'analyses concernant aussi bien la littérature que les domaines pictural et cinématographique (19e et 20e siècle).