Qu'est-ce que peut un corps? demande Spinoza, et il répond: Personne n'en sait rien! C'est-à-dire qu'on n'a pas fini de s'en étonner. Chaque jour nous voyons des corps accomplir des actions d'une infinie complexité, qu'il s'agisse d'adresse sportive ou de gestes créateurs.Pour que cela soit possible le corps ne peut pas être le simple instrument de l'esprit, l'un et l'autre sont une seule et même harmonique: quand l'anthropologue Marcel Mauss s'empare de cette conception moderne de l'être vivant, il la nomme " techniques du corps " et franchit un pas décisif. Non seulement marcher ou faire l'amour sont des actions efficaces, mais il y a autant de façons de s'y prendre qu'il y a de cultures – et pas seulement humaines. Dans ces multiples manières d'être au monde l'équipement n'est pas en reste car l'outil, défini comme prolongement de la main par le préhistorien André Leroi-Gourhan, est capable de transformer notre corps même en outil second. N'avons-nous pas la sensation de " faire corps " avec notre voiture lorsque nous conduisons? Ne devenons-nous pas sur la chaîne de montage l'instrument efficace des robots mécaniques?Les essais de ce livre explorent ces conquêtes et limites du corps sur lui-même et sur la matière en s'attachant aux dimensions cachées que sont la sensorialité, le rituel, l'apprentissage, les émotions, l'entretien, et les méthodes pour parvenir à comprendre l'intelligence physique.
Le volume se consacre à revisiter la technologie et les techniques en tant que sciences humaines par deux approches différentes : l'une anglo-saxone qui aborde l'objet technique par sa consommation, l'autre francophone qui l'aborde par ses modes de production. Les nombreuses contributions témoignent de ces traditions distinctions et soulignent également la dynamique des études sur les techniques.Techniques & culture, désormais imprimé sur un nouveau papier plus apte à restituer les narrations photographiques et textuelles, inaugure un travail éditorial fondé sur différentes rencontres franco-britanniques à propos des objets, des techniques et technologies, à des échelles disciplinaires, temporelles et spatiales des plus diverses. Vous y trouverez, entre autres, une réflexion sur la transmission et le plaisir au travail, une nouvelle conception du corps et du sujet, des changements dans les usages contraceptifs au Brésil…, mais aussi des terrains ethnographiques inédits, chez les amateurs de jazz, les " tatoués " de Liège ou les rasés des pelotons cyclistes…
Dans le cadre du développement de la revue Techniques & culture sous sa nouvelle forme et dans la continuité d'une réflexion sur la manière dont une revue en sciences humaines peut s'adapter aux besoins actuels de la recherche tout en préservant son héritage et sa diversité, Techniques & culture initie sous la direction de Gil Bartholyens, Nicolas Govoroff et Frédéric Joulian la création d'une Anthologie raisonnée de Techniques & culture. La visée de ce projet éditorial est d'offrir un outil de travail aux étudiants, qui les accompagnera tout au long de leur parcours de formation et de recherche.L'éclectisme disciplinaire et thématique et l'actualité des questionnements parfois anciens seront illustrés au travers d'entrées comme la technologie culturelle, la transmission, l'apprentissage, les artefacts cognitifs, l'efficacité ou les cultures matérielles non humaines.
Dans le cadre du développement de la revue Techniques & culture sous sa nouvelle forme et dans la continuité d'une réflexion sur la manière dont une revue en sciences humaines peut s'adapter aux besoins actuels de la recherche tout en préservant son héritage et sa diversité, Techniques & culture initie sous la direction de Gil Bartholyens, Nicolas Govoroff et Frédéric Joulian la création d'une Anthologie raisonnée de Techniques & culture.La visée de ce projet éditorial est d'offrir un outil de travail aux étudiants, qui les accompagnera tout au long de leur parcours de formation et de recherche.L'éclectisme disciplinaire et thématique et l'actualité des questionnements parfois anciens seront illustrés au travers d'entrées comme la technologie culturelle, la transmission, l'apprentissage, les artefacts cognitifs, l'efficacité ou les cultures matérielles non humaines.
Habiter le temporaire : Habitations de fortune, mobiles et éphémères
Ce numéro de T&C consacré aux habitats de fortune, mobiles et temporaires rassemble archéologues, ethnologues, juristes, sociologues, économistes et politistes. En privilégiant l'entrée par la culture matérielle, nous avons souhaité que tous ces regards décalent en l'enrichissant la perspective développée actuellement et abondamment sur les questions de précarité et d'habitat.Les articles qui composent le numéro portent sur les sujets suivants : la cabanisation en Languedoc Roussillon, la transformation des abris de loisir, l'habitat pastoral d'un point de vue archéologique (néolithique), l'habitat de berger actuellement en Provence, l'habitat en conteneur dans le cadre de politiques contemporaines d'aménagement du territoire, les habitats non ordinaires articulés à des questions environnementales, les habitats " alternatifs " et de chantier, les bidonvilles en France, les dimensions juridiques des habitats non ordinaires, les habitats nomades pris dans des configurations politiques contemporaines : les roms dans le Sud de la France, les berbères du Niger, les aborigènes d'Australie.
Geste et Matière. Leroi-Gourhan, découvertes japonaises
1937-1939, André Leroi-Gourhan jeune chercheur au regard pénétrant découvre le Japon contemporain et ancien. Il rédige alors quantité de fiches descriptives à la base de sa première œuvre maîtresse " Evolution et Techniques ", collecte un grand nombre d'objets pour les musées mais écrit également divers textes, restés quasi inconnus, sur le Japon. Ceux-ci sont mis en perspective dans ce thema afin d'en saisir l'importance au regard des travaux ultérieurs des sciences humaines. En s'inspirant de son éclectisme intellectuel et pratique, le numéro propose une série d'études associant les dimensions matérielles, sociales, religieuses et esthétiques à propos des hommes et de leur milieu et montre l'actualité des recherches naturalistes sur l'animal et anthropologiques sur le rapport aux techniques ou à la nature en France, au Japon et sur le continent Africain.
Le Thema proposé s'inscrit dans le renouveau des études sur la culture matérielle qui consiste à prendre sérieusement en compte les dimensions physiques des objets et des techniques (conformément au programme précisé par Mauss il y a 75 ans, mais à peine mis en œuvre).Il ne s'agit plus seulement d'étudier les contextes dans lesquels des objets acquièrent le statut d' " irremplaçables " et les conséquences de cette distinction pour les acteurs des sociétés que l'on étudie ou dont on reconstitue le mode de vie, mais d'essayer de comprendre quels aspects des objets en question sous-tendent ce statut.
Issues d'une consommation courante et d'abord objet de nature, les coquilles des coquillages ont été soustraites au dépotoir et remobilisées en tant qu'objets manufacturés dans un nouveau circuit.., dans tous les cas versées du côté de la culture - scène symptomatique de la relation que les hommes entretiennent avec les coquillages, contraste saisissant entre le désintérêt général pour eux en tant qu'animaux pris dans leur milieu naturel comparativement aux attachements multiples envers d'autres espèces et la valeur culturelle acquise par ceux-ci une fois collectés et/ou transformés par la main de l'homme. Soustraits de leurs milieux naturels, l'homme les fait voyager et c'est précisément par ces itinéraires que les mollusques et les coquillages acquièrent une valeur symbolique ou marchande et deviennent des objets de culture particuliers. Le numéro présent interroge donc "l'objet coquillage" à travers les liens réels ou métaphoriques qu'il entretient avec le déplacement.
" Pourquoi le cadavre? " " Pourquoi le cadavre en procès? " Parce que tous les vivants, humains compris, cessent un jour de vivre et que leurs corps entrent inéluctablement en décomposition selon un ordre prévisible d'altération. Les cadavres, plus que les tombes ou les pleurs, ne trompent guère. Ils offrent prise aux questionnements et enquêtes les plus diverses. Dans ce numéro, les cadavres rendent compte des transformations pratiques et symboliques, ils sont " en procès " comme on dit dans le jargon des anthropologues. Les auteurs - ethnologue, archéologue, biologiste, sociologue, historien, juriste, critique de cinéma - durant plusieurs années se sont attachés à réfléchir ensemble à la variabilité et à l'invariabilité des attitudes funéraires, à l'extrême dangerosité sanitaire ou symbolique des corps morts, en formulant quelques hypothèses fortes sur le " cadavre-déchet ", sur l'intimité des émotions face à " la chose ", à la dimension épistémologique de l'objet de répulsion,…