Accéder à la version numérique sur OpenEdition BooksLes mots explorés par Claude de Jonckheere sont autant de perspectives ouvertes sur des aspects de l'agir envers autrui. Le titre 83 mots pour penser l'intervention en travail social présuppose que les mots ne servent pas uniquement à communiquer, mais surtout à réfléchir. Plutôt que de proposer des définitions, ce sont l'expérience de pensée qu'ils suscitent, les aspects du monde auxquels ils conduisent et les problématiques qu'ils permettent de construire qui importent. Les mots nous font sentir ce monde qui devient alors le nôtre et sur lequel nous pouvons agir afin de le transformer. Ils font irruption en nous, bousculent les mots s'y trouvant déjà et les agencent différement. Ce livre offre des manières de penser l'intervention de sorte que les professionnels puissent sortir du trouble dans lequel les difficultés croissantes inhérentes à l'exercice du travail social les plongent parfois. Il ne se veut pas un manuel indiquant aux lecteurs des façons de faire mais souhaite contribuer à l'augmentation de leur puissance d'agir, car il postule que penser, avec des mots, a des conséquences sur les pratiques. La coloration principale de cet ouvrage est donnée par le pragmatisme et l'empirisme de William James, John Dewey, Georges Herbert Mead et par la philosophie de l'événement d'Albert North Whitehead, repris dans la tradition francophone notamment par Gabriel Tarde, Gilles Deleuze, Isabelle Stengers et Bruno Latour. Ce recueil est destiné aux personnes dont la profession est d'agir envers autrui – ou qui se forment à une telle profession – celles dont Freud disait qu'elles exercent un "métier impossible " notamment les travailleurs sociaux mais aussi les thérapeutes, les enseignants, les soignants et, pourquoi pas, les politiques.
Mutualisation et tentative de définition d'une pratique fondamentale du travail social auprès des jeunes
Qu'entend-on par " accueil libre " ? Accueil libre comme " amour libre " ? Ou " libre " de ne pas choisir l'accueil ?Des animatrices et animateurs de divers lieux d'accueil (groupe " Réflexion Action Jeunesse ") se sont penchés sur leur pratique et ont mis en commun leur approche. Durant plus de cinq ans, ils se sont rencontrés régulièrement afin de partager et d'analyser des situations préoccupantes de leur activité professionnelle. Une série de synthèses sur le fonctionnement complexe, les spécificités et les difficultés de l'accueil libre émane de ces rencontres et constitue le cœur de cet ouvrage. A ce noyau, deux textes théoriques de chercheur.e.s de la Haute école de travail social de Genève font échos. En amont, Laurent Wicht, souligne le caractère essentiel et institutionnalisant de la mutualisation en travail social ; en aval, Joëlle Libois et Patricia Heimgartner, prolongent la réflexion dans une perspective historique et par la tentative de définition d'une pratique fondamentale, exigeante et subtile du travail social.
Au printemps 1998, le Festival international du film documentaire de Nyon présentait "Skin or die" en première mondiale. Les Hammerskins étaient alors presque inconnus. Leur émergence n'avait attiré l'attention ni de l'opinion ni des pouvoirs publics, lorsque le réalisateur Daniel Schweizer découvrait, en Suisse, ces jeunes désorientés par la crise sociale et morale qui voient dans la barbarie une perspective d'avenir. La projection de cette enquête à Temps Présent et sur Arte et les articles qu'elle a suscité ont fait connaître ce mouvement et le réseau international, commercial et politique auquel il appartient: les entreprises du mouvement diffusent les outils de propagande (publications, CD, cassettes vidéo, gadgets); les membres surfent sur Internet et diffusent dans l'Europe entière dates et lieux des concerts-manifestations qu'animent des chants racistes, nationalistes on guerriers: "50% de politique, 50% de musique" est la consigne; les militants font la tournée de ces rassemblements pour attirer de nouveaux adhérents. Leur nom rappelle le Front allemand du travail (deutsche Arbeitsfront) que les nationaux-socialistes (nazis) opposaient au mouvement ouvrier. Ils veulent rassembler des jeunes travailleurs blancs. Révélant une réalité, Skin or die d'une certaine manière a anticipé l'évènement. C'est dire que pas plus les autorités que l'opinion publique n'ont pu encore prendre la mesure du changement: l'apparition d'une politique raciste. Les concerts-manifestations de cette mouvance nostalgique du nazisme - qu'ils violent ou qu'ils ne violent pas les dispositions pénales réprimant la discrimination raciale (article 261 bis du Code pénal suisse) - suscitent depuis plusieurs mois un important débat. Les autorités sont-elles laxistes ou au contraire exagérément répressives? Faut-il prévenir, voire combattre le développement de cette nouvelle idéologie ou faut-il laisser s'exprimer ce qui serait considéré comme une sous-culture alternative ? Les auteurs du présent dossier et du film sont clairs: cette idéologie, cette mouvance sont dangereuses. Toutefois, la répression ne constitue qu'un des instruments d'action, et cet instrument n'est peut-être pas le plus important. Les contributions réunies dans ce livre et les différents domaines - pédagogique, historique, sociologique, documentaire et éthique - qui sont les leurs se rejoignent sur l'essentiel: Il faut dialoguer, informer, prévenir ! La mise sur pied d'une information préventive à l'intention de la jeunesse, des responsables de l'éducation mais aussi de l'opinion publique est la priorité numéro un. Elle est une condition nécessaire à l'affermissement d'une volonté démocratique confiante en elle et qui puisse faire pièce à la dérive raciste. Le vote de la Loi contre le racisme a révélé une forte sensibilité à cette cause et imposé sa nécessité. Mais des dispositions pénales sont réduites à l'impuissance si elles ne sont pas articulées avec une action préventive, qui est aujourd'hui dramatiquement sous-équipée.
Vers une mise en œuvre de la Convention relative aux droits des personnes handicapées
La Convention relative aux droits des personnes handicapées (CDPH) adoptée en 2006 par l'ONU réaffirme le principe selon lequel les personnes vivant une situation de handicap jouissent des mêmes droits de participer à la vie politique et communautaire que tout autre citoyen ou citoyenne.A travers lois, règlements ou conventions, les Etats ayant signé et ratifié cette convention établissent des politiques –– qui dessinent les orientations à suivre en faveur du développement de pratiques inclusives. Cependant, pour les personnes en situation de handicap, l'écart entre les lois et les pratiques peut s'avérer important, tant les attitudes négatives, les préjugés, les lacunes dans l'organisation des services et les problèmes d'accessibilités sont lents à disparaître. Passer du principe à la réalité peut souvent sembler utopique.Pourtant, des initiatives citoyennes et scientifiques menées avec succès démontrent que l'émancipation des personnes avec une déficience intellectuelle est en marche et que l'autodétermination tend à devenir une réalité pour une partie croissante d'entre elles. Pour les enfants, on tend vers une scolarisation plus inclusive, pour les adultes des dispositifs en vue d'une plus grande autonomie dans les choix de vie fondamentaux sont sporadiquement mis en place.Les contributions présentées dans cet ouvrage sont issues d'expériences de personnes concernées, de professionnel·e·s, de chercheur·e·s et d'étudiant·e·s de différents pays francophones (Suisse, France, Belgique, Canada) et offrent des pistes de réflexion et d'action en vue d'une concrétisation de l'égalité des droits.
Le travail social participe centralement à l'évolution de nos sociétés contemporaines, tant du point de vue de sa contribution au problème de la vulnérabilité, de la proximité qu'il entretient avec la population, du dialogue qu'il nourrit avec d'autres champs que par les critiques qu'il suscite. De cet aspect polymorphe découle l'intérêt de le considérer, pour reprendre une expression de Nietzsche, " avec le plus grand nombre d'yeux possible ".C'est dans une telle perspective que Thierry Gutknecht se propose de rendre compte de la complexité du travail social en empruntant au philosophe Michel Foucault certains concepts clefs – pouvoir, savoir, dispositif, gouvernementalité, etc. – ainsi que sa démarche de problématisation. Il s'agit alors de " partir du bas ", c'est-à-dire de la pratique et de textes de base (lois, référentiels, actes de journées thématiques, etc.) afin d'aborder certains aspects de ce champ en les posant comme problèmes demandant à être pensés d'un point de vue sociétal. Au final, le travailleur social se retrouve interpellé quant à la centralité d'une interrogation sur le devenir de la Cité; autrement dit, se pose la question du positionnement, non seulement éthique mais aussi politique et sociétal, du professionnel.
Actions professionnelles et situations de formation
Le travail social est un univers professionnel qui s'interroge, qui hésite, qui tente de nouvelles pratiques pour appréhender la complexité des situations. La diversité des fonctions, allant du "chef de projet" à "l'agent territorial", de "l'assistant socio-éducatif" à "l'éducateur en milieu ouvert", etc., tout comme les nombreux textes censés clarifier les missions : codes de déontologie, orientations de l'action… illustrent bien cette complexité. L'analyse de l'activité, dépassant les débats d'intentions, permet d'aller voir de près comment les professionnels "se débrouillent", jour après jour, dans le réel de l'activité. Par l'étude de cas très concrets, le présent ouvrage montre que l'action professionnelle en travail social, si elle reste mouvante et diversifiée, peut malgré tout s'adosser à un socle identifiable. Le repérage de ces savoirs d'action s'inscrit dans un processus de reconnaissance du métier à partir d'un agir professionnel analysé dans sa quotidienneté. En situation de formation, l'analyse de l'activité permet de construire des outils ainsi que des contenus d'enseignement et d'offrir des supports pour la clarification des compétences en jeu. Grace à cet appui sur l'analyse du travail, les dispositifs professionnels ou de formation seront davantage en phase avec l'évolution de la profession. Les contributions réunies dans cet ouvrage sont le fruit d'un travail collectif mené au sein du réseau local de compétences "Analyse de l'activité" de la Haute école de travail social à Genève. A côté des chercheurs enseignants : Claude de Jonckheere, Joëlle Libois, Sylvie Mezzena, Kim Stroumza, la parole est donnée à des étudiants en travail social qui ont inscrit leur mémoire de fin d'études dans l'approche d'analyse de l'activité : Virginie Crettenand et Isabelle Duchâble, Brahim Hemma, Julie Prada et Kim Ramirez.
Il existe une abondante littérature universitaire consacrée aux faits religieux, à la sécularisation ou encore à la laïcité. En revanche, peu de recherches s'intéressent à la manière dont les professions sociales et socio-éducatives abordent et traitent les croyances des personnes accompagnées. Tirant profit d'enquêtes de terrain, cet ouvrage met à disposition un cadre de réflexion anthropologique pour tenter de mieux comprendre comment les convictions religieuses des bénéficiaires de l'action sociale et médico-sociale, croisant aussi parfois celles des professionnels, interviennent dans l'activité ordinaire des relations de service.La première partie propose une analyse anthropologique des faits religieux et montre les principaux obstacles épistémologiques et idéologiques auxquels peuvent être confrontés les intervenants sociaux. La seconde partie aborde la question de l'islam et de son hyper-présence actuelle dans les discours publics et les institutions sociales. Enfin, la troisième partie donne la parole aux professionnels pour mieux comprendre les embarras et les réponses que dessine l'intervention sociale face à la manifestation croissante des convictions religieuses ou parareligieuses.
La diversité de trajectoires de vie, d'appartenances et de ressources est une réalité peu prise en considération dans les fonctionnements institutionnels. En proposant cet ouvrage, alors que la littérature sur les concepts de diversité et de genre abonde, Monique Eckmann et Agnes Földhazi offrent des pistes de réflexion et des outils pratiques pour aborder les questions de diversité et de genre dans les établissements d'enseignement tertiaire, voire dans d'autres institutions ou organisations. Un examen du cadre légal à disposition en la matière et l'étude de dispositifs existant dans les institutions de divers pays procurent des exemples de mesures qui fonctionnent. A nous d'adapter celles-ci et d'en inventer d'autres pour garantir à toutes et à tous un accès égal aux droits et aux ressources dans une perspective de non-discrimination.
Enfance, jeunesse, familles et travail social: de la prévention précoce à la participation sociale
Un enfant de 2 ans, accueilli dans une crèche, crise et frappe un autre bambin…Faut-il voir dans ce geste, le signe précurseur – pour un enfant issu d'un milieu vulnérable – d'une trajectoire délinquante à l'adolescence? Ou s'agit-il d'un enfant ordinaire dont l'éducation ne fait que commencer? Et si besoin est, comment agir?De la vision de l'enfance envisagée, dépend la réponse à ces questions et le mode d'intervention adopté. En se basant sur des expertises scientifiques et économiques réductrices, d'aucuns opteront pour une prévention précoce normative qui glisse vers une pathologisation des conduites sociales dès la petite enfance. Une toute autre posture est celle d'une prévention prévenante: malgré un environnement aux inégalités marquées, un monde dans lequel la frontière entre norme et pathologie s'est tendue, certains s'engageront pour la généralisation de conditions sociales acceptables. Divers acteurs de l'accompagnement socio-éducatif font le choix de favoriser l'épanouissement des enfants, des jeunes et des familles, de valoriser leurs potentiels et de viser la participation sociale plutôt que la stigmatisation et le contrôle.L'ouvrage Au risque de la prévention, porté par le réseau "Socialisation des mineurs", réunit des contributions d'enseignants et chercheurs en travail social, de responsables politiques et de professionnels des domaines socio-éducatifs. Réflexions théoriques et éthiques accompagnent l'exposé de pratiques innovantes à fort potentiel émancipatoire. L'ouvrage apporte ainsi des éléments au débat sur le modèle de société que nous souhaitons.