" This is not for you ", ainsi s'ouvre House of Leaves de Mark Z. Danielewski. L'auteur américain aime provoquer son lecteur et Only Revolutions comme The Fifty Years Sword ne font pas exception. Ces romans ne sont pas pour vous, effectivement, si vous êtes adeptes d'une forme de lecture passive et confortable. Mais l'interdit existe en partie pour être transgressé, les articles de ce premier volume francophone sur Danielewski en seront autant de témoignages. Face à des romans iconoclastes, le lecteur doit interroger ses habitudes et reconsidérer bien des questions littéraires. Comment lire ces œuvres qui semblent le plus souvent prendre en charge le mouvement même d'interprétation dont elles sont l'objet? L'interprétation et la surinterprétation permanente y sont par ailleurs explicitement thématisées. Répondant à l'appel lancé par les textes, le lectorat s'est transformé en hordes d'exégètes, dont les forums de discussion consacrés aux romans attestent. Ce sont les modes de lecture spécifiques aux œuvres de Danielewski qui nous intéresseront. Aborder ces textes sous l'angle de la lecture pourra permettre de ne pas faire l'erreur de n'y voir qu'une entreprise purement formaliste. Les romans de Danielewski s'avèreront alors tout aussi initiatiques pour leurs lecteurs et leurs herméneutes que pour les personnages, de Truant à Navidson, en passant par Hailey et Sam, ou encore Chintana.
Identités partisanes et stigmatisation des gauches en Europe (XVIIIe-XXe siècle)
En inventant la droite et la gauche comme forme de positionnement politique, la Révolution française voit poindre, aux confins d'un échiquier ainsi redéfini dès la fin de 1789, des formes de radicalité qui ont contribué à rendre le débat plus tendu. En même temps que la politique naît une forme d'" extrémisme " à droite comme à gauche, qui se caractérise par une grande attention théorique tout autant que par des pratiques de rupture avec le débat supposé plus calme des Assemblées.Les actes de ce colloque se proposent d'interroger la notion d'" extrême " depuis son apparition dans le débat révolutionnaire jusqu'à ses plus récentes manifestations, en France ou en Italie par exemple, où une gauche radicale a pu se manifester et continue d'exister sous différentes formes.Ce sont de multiples facettes de cette réalité mouvante qui sont ici proposées et étudiées. Qu'en est-il d'une définition précise de l'" extrême " ? Est-ce une posture idéologique revendiquée dans une Assemblée représentative ? Ou bien, de par sa radicalité, ne peut-elle se déclarer que dans un espace autre, celui de la militance, de la société civile et de l'action sociale ? Est-elle une réalité homogène ou bien à son tour traversée de nuances, voire d'oppositions qui la divisent ? Ne serait-elle pas plutôt une réalité et un mot imposés par ses détracteurs inquiets ou agressifs, sous la forme d'un stigmate visant à décrédibiliser depuis deux cents ans ceux dont la politique est dite d'" extrême gauche " ? " Extrême " devient alors un stigmate qui permet de ranger sous un même mot le terroriste, le partageux, la pétroleuse, ou le militant syndical trop actif.Qu'en est-il des acteurs de cette radicalité de gauche ? Qu'en est-il des systèmes de représentations qui, depuis plus de deux cents ans, tentent de la marginaliser au nom d'une politique du bon sens, au nom d'un centre modéré rejetant à sa périphérie celles et ceux qui sont considérés comme des dangers pour l'ordre public et social ?Il s'agit ici d'ouvrir des pistes pour inscrire dans l'histoire du politique cette réalité de la gauche " extrême ", ces combats d'images, ces luttes de mots, autour d'une pensée et d'une pratique de gauche dont on essaie de savoir si elle est " extrême " parce que décalée par des discours dominants faisant de la modération l'objet de l'ordre politique.
Cécile Brunschvicg, presque inconnue du grand public, demeure dans les manuels d'histoire une des trois premières femmes françaises à avoir fait partie d'un gouvernement sous le Front Populaire, comme sous-secrétaire d'État à l'Éducation nationale. Pourtant c'est au sein du mouvement féministe réformiste, où elle a milité près de quarante ans de 1908 à sa mort, que Cécile Brunschvicg a acquis son statut et ses compétences de femme politique. Au sein des deux principales associations féministes de son époque, la section Travail du Conseil national des femmes françaises et l'Union française pour le suffrage des femmes, qu'elle a présidées toutes deux, elle a milité sans relâche pour l'égalité des sexes. Directrice du journal La Française, membre du Parti radical, pacifiste, mais aussi engagée dans les questions sociales, elle n'a eu de cesse d'agir sur tous les fronts pour la promotion des idées féministes et l'amélioration de la condition féminine. C'est par l'angle du féminisme que nous avons choisi d'aborder la vie et les nombreux engagements de cette femme qui se définissait elle-même comme " Féministe d'abord ". Sans être une biographie traditionnelle au déroulé chronologique, cette étude permet d'appréhender les combats et les idées de Cécile Brunschvicg, sa conception de l'égalité des sexes, mais aussi sa lutte pour les droits sociaux et les droits politiques.
Patronage et mécénat religieux des femmes de pouvoir dans l'Europe des XIVe-XVIIe siècles
Entre dévotions privées et mémoire dynastique, la question du mécénat et du patronage religieux des femmes de pouvoir permet d'aborder l'histoire de leur spiritualité, mais s'inscrit aussi dans une histoire plus politique du pouvoir, et de son partage entre les sexes. Majoritairement écartées de la Couronne et du pouvoir réel au bas Moyen Âge, les reines se sont-elles distinguées par un investissement plus grand dans le domaine du sacré ? Dans l'association délibérée d'un couple, le monarque incarnait-il davantage l'auctoritas et son épouse la caritas ? Loin de l'histoire engagée du genre, il faut concevoir le pouvoir en termes de complémentarité. Il est néanmoins nécessaire de s'interroger sur la (ou les) spécificités du patronage féminin ; en d'autres termes, existe-t-il des domaines spécifiquement féminins d'appropriation ou d'incarnation du sacré ? C'est sous cet angle d'analyse, à la confluence du politique et du religieux, qu'est abordé l'ensemble des reines-consorts des royaumes européens (France, Italie, Espagne, Pays-Bas) dont les parcours sont examinés sur un temps long, du XIVe au XVIIe siècle, dans une perspective comparatiste. Toutes les formes d'interventions religieuses sont ici évoquées par les meilleurs spécialistes internationaux de l'histoire politique et artistique du Moyen Âge et de l'époque moderne: fondations d'églises, de couvents et d'hôpitaux, legs pieux et charitables, patronages et collections d'ouvrages religieux, mais aussi commandes architecturales ou artistiques.
La brève histoire du Parti républicain de la liberté (PRL) demeure une histoire largement méconnue. Couvrant la période allant de l'hiver 1945-1946 à l'échéance décisive des élections législatives de 1951, c'est-à-dire les années correspondant en gros à la reconstruction du système des forces politiques organisées au lendemain des ruptures de 1939-1945, elle n'en constitue pas moins un moment important et particulièrement révélateur de l'histoire des droites dites parlementaires. Les fondateurs du PRL étaient animés par une vaste ambition, celle de doter la France d'une organisation fortement structurée, destinée à regrouper l'ensemble des forces situées à droite et au centre droit de l'échiquier politique. Cette formation se fixe comme objectif de se hisser au niveau d'un " quatrième parti ", capable de faire pièce aux trois grands du Tripartisme (PCF, SFIO, MRP) dominant la scène électorale et parlementaire depuis 1945. En dépit des espoirs suscités et d'un certain nombre de succès ponctuels, la tentative a débouché sur un échec, l'absorption, en 1951, par le Centre National des Indépendants et Paysans (CNIP), apposant un point final à l'entreprise. Mais le retour en grâce de la droite modérée qui a caractérisé la seconde moitié de la IVe République ne peut pas être compris si l'on ne prend pas en compte cet effort d'organisation, les causes multiples de son échec et les leçons qui ont été tirées de ce dernier. C'est ce qui est proposé d'examiner dans cet ouvrage de synthèse, prenant appui sur une documentation largement inédite.
Les " années 1968 " constituent, on le sait, une époque de contestation mondialisée. Mais les rôles de genre, les stéréotypes sexués, les clichés virilistes sont-ils eux aussi contestés? Pour le savoir, ce livre se concentre sur la question de l'engagement, acception plus large que le seul militantisme et plus circonscrite que le vaste champ du politique. Son ambition est de saisir l'influence du genre dans les multiples formes de positionnement et de conflictualité politique, dans les organisations syndicales comme les groupes et partis politiques, les mouvements associatifs et les collectifs militants, dans une période marquée par de nouvelles dynamiques féministes. Les scènes retenues, européennes certes, mais aussi africaines, latino-américaines et états-uniennes, se placent volontairement dans une perspective internationale et transnationale, parce que ces expériences politiques circulent, s'échangent, se modifient en se transmettant. Qu'il s'agisse de grèves ouvrières, de groupes d'auto-conscience, de créations artistiques, de mouvements d'émancipation et d'auto-détermination, on y voit les actrices et acteurs mobiliser des ressources qui leur permettent de transformer les rapports sociaux, de résister à l'ordre établi et in fine de rompre la spirale de la domination.
Le traitement politique et médiatique des retours d'œuvres d'art pillées et spoliées par les nazis (France 1945-2008)
Aprè la deuxième guerre mondiale, une commission de récupération artistique (CRA) est mise en place pour traiter du problème des oeuvres d'art spoliées par les nazis. La France obtient, comme un certain nombre de pays, un retour d'oeuvres restituées d'État à État. 85 000 demandes sont déposées en France, 61 233 objets artistiques sont retrouvés, 45 000 sont rendus à leurs propriétaires, juifs pour la plupart, mais des tableaux restent orphelins et des propriétaires ne retrouvent pas leur bien. Entre 1950 et 1995, cette histoire est oubliée. Après la chute du mur de Berlin, le dossier des pillages artistiques est à nouveau ouvert. Quel en fut le traitement administratif au ministère des Affaires étrangères ? Et son traitement médiatique ? Quelles sont les stratégies de communication des acteurs ? À l'action et l'oubli (1945-1955), succèdent une lente médiatisa- tion (1955-1969), puis un nouveau silence (1969-1996). Enfi n arrive l'ère de la communication (1997-2008) pour cette histoire méconnue, qui s'achève avec la commission Mattéoli (1997) et une nouvelle vague de restitutions et d'indemni- sations en application des principes - non contraignants - de Washington (1998) acceptés par la France.
Cet ouvrage publie 72 communications, conférences et rapports de travail présentées lors du 3e congrès international "Radiocarbone et archéologie" (Lyon, 1998), couvrant les matériaux de datation, la calibration, l'apport du radiocarbone à l'archéologie, les synthèses des datations pour diverses parties du monde et la chronologie de phases culturelles néolithiques ou médiévales.
L'historiographie révolutionnaire a sévèrement jugé 1795 et fortement condamné le moment thermidorien. Pourtant, la succession de nos expériences politiques nous invite à repenser l'an III en termes moins exclusifs. Stabiliser les institutions, éduquer les citoyens, ramener la paix : 1795 invente les moyens de la durée républicaine.