Le rugby est considéré comme l'un des sports de compétition les plus "virils", du fait notamment de la violence de certaines phases du jeu et des excès éthyliques et sexuels des fameuses "troisièmes mi-temps". Dans ce monde, les femmes ne peuvent être que des "mamans" ou des "putains". L'expansion du rugby féminin remettra-t-elle en cause l'édifice symbolique de ce qui constitue une véritable initiation masculine ? Initiation qui imposait déjà des jeux ambigus avec la définition des sexes, dont témoigne le soupçon d'homosexualité (plus ou moins "refoulée") qui pèse sur les joueurs.
Si l'on choisit ses amis, on ne peut pas choisir sa famille, déplore l'adage. Ce livre collectif démontre que, bien au contraire, la volonté tient de plus en plus de place dans la création de la filiation. C'est le cas notamment entre parents et enfants adoptés, qu'il s'agisse d'adoptions légales ou de celles, par leurs pères, d'enfants nés d'insémination avec donneur, ou encore d'" adoptions " informelles au sein des familles recomposées.Contributions de Agnès Fine, Monique Jeudy-Ballini, Michèle Laborde-Barbanègre, Claudine Leduc, Agnès Martial, Véronique Moulinié, Françoise-Romaine Ouellette, Sylvie Sagnes, Bernard Saladin d'Anglure, Bernard Vernier
Ce volume dresse une bibliographie générale – quoique nécessairement lacunaire, fondamentalement inachevée – de l'œuvre de Daniel Fabre.Directeur d'études à l'EHESS, Daniel Fabre (1947-2016) est une figure marquante de l'anthropologie française. Son insatiable curiosité le porte à étudier la littérature orale, le carnaval, les communautés rurales et la théorie de l'initiation, les écritures ordinaires, les formes modernes du culte de l'artiste et de l'écrivain, à aborder l'anthropologie des arts et de la littérature, à considérer l'histoire européenne du regard ethnologique, à promouvoir une ethnologie du patrimoine et à inscrire l'institution de la culture dans une approche anthropologique.Fondateur, avec le préhistorien Jean Guilaine, du Centre d'anthropologie des sociétés rurales (devenu par la suite Centre d'anthropologie de Toulouse), il a structuré la recherche et l'enseignement de l'anthropologie à Toulouse par les nombreux séminaires qu'il y a donné jusqu'à la fin des années 1990. En 2000, il a participé à la création du Laboratoire d'anthropologie et d'histoire de l'institution de la culture (Lahic) au sein de l'Institut interdisciplinaire d'anthropologie du contemporain (IIAC UMR 8177, CNRS / EHESS), dont il a pris la direction en 2013. À partir de 1999, il a enseigné l'anthropologie des religions à l'université de Rome " Tor Vergata ". De 2004 à 2008, il fut président de la section 38 (" Anthropologie ") du Comité national de la recherche scientifique du CNRS. De 1993 à 1997, il a présidé le conseil de la mission du Patrimoine ethnologique du ministère de la Culture. Il a également contribué à fonder et dirigé l'ethnopôle Garae (Carcassonne). Membre du comité de rédaction de la revue Ethnologie française et de L'Homme. Revue française d'anthropologie, il a codirigé avec Jean Jamin la revue Gradhiva.
Bijoux fantaisie, exotiques ou " ethniques " contre bijoux précieux ou " de famille ", les bijoux se conjuguent aujourd'hui à tous les modes au mépris des frontières spatiales et temporelles. Loin de réduire les bijoux à la somme de leurs usages, à leur dimension historique ou esthétique d'objets précieux, l'auteur cherche à en capter les éclats fugaces entre la présence et l'absence, le secret et le dévoilement, l'oubli et le souvenir.Dans tous les cas, acheter un bijou, l'offrir, le vendre, le transformer, le perdre ou l'abandonner sont autant d'actes par lesquels un individu se pose comme personne et affiche la nature des relations qu'il entretient avec les autres.
Succès des fêtes de la transhumance, faveur toujours plus vive pour les parcs naturels régionaux ou engouement pour les produits de terroir nous ouvrent à une interrogation de fond : que signifie l'investissement actuel pour une campagne chargée de réassurer nos identités ? Étant de plus en plus nombreux à être citadins, ne s'agirait-il donc là que d'une nostalgie ? Mais, les auteurs (ethnologues, géographes et sociologues) montrent ici qu'il ne s'agit pas seulement pour les ruraux de témoigner des valeurs qui les ont fait tenir ; il s'agit aussi, pour une société tout entière (anciens et nouveaux habitants), de se réapproprier un bien commun à partir de projets tournés vers l'avenir. Une multitude d'acteurs (associations, élus, techniciens, agriculteurs, entreprises agro-alimentaires, professionnels du tourisme ou de la culture) débattent à travers la "mise en patrimoine" d'un territoire, d'un foie gras, d'une race domestique, d'un champagne ou d'un savoir-faire …, d'autres types de rapport au monde (à l'espace, au temps, au corps...) qu'il convient d'instituer.
Du savon de Marseille emballé à l'ancienne aux vestes en tweed provenant de l'île Harris, en passant par des fromages au lait cru fabriqués dans une usine moderne, dix carrières d'objets nous entraînent au coeur des mécanismes subtils de l'innovation et de l'emprunt techniques. Ethnologues et sociologues nous montrent à travers ces exemples, parfois cocasses, les réseaux nécessaires à l'adaptation ou à la réactivation de ces objets. Ces "milieux techniques favorables" incluent ces passeurs et traducteurs que sont les inventeurs, les artistes, les élus, les aménageurs, les conservateurs et tous ceux auxquels la société confie le rôle de codifier, de promouvoir, de contrôler et d'authentifier processus et produits.Contributions de Noël Barbe, Christian Bromberger, Denis Chevallier, Françoise Clavairolle, Nathalie Coffre-Baneux, Claire Delfosse, Emmanuelle Dutertre, Didier Gazagnadou, Anne-Marie Guenin, Marie-Thérèse Letablier, Richard Lioger, Alexandre Mallard, Geneviève Marotel, François-Xavier Trivière.
" Rares sont les entreprises où vos collègues ne perdent jamais une occasion de vous soutenir ", indiquait le slogan d'une récente campagne de recrutement de l'Armée de terre française. Rares aussi sont les métiers où l'engagement requis comprend une telle extrémité; le choix de servir sous les drapeaux implique d'admettre l'éventualité d'avoir à donner ou recevoir la mort. Mais comment y parvient-on? Comment l'institution militaire s'y prend-elle pour transformer de jeunes civils en soldats professionnels prêts à se battre y compris jusqu'au sacrifice de leur propre existence?Fondé sur une enquête ethnographique conduite dans un centre d'instruction militaire auprès de recrues et de leurs formateurs, cet ouvrage interroge les modalités concrètes et enjeux de la fabrique des combattants. Devenir soldat nécessite d'incorporer des techniques et savoir-faire spécifiques, d'aguerrir son corps, d'accroître sa force et sa résistance au prix d'une discipline intense. Mais au-delà, il s'agit d'intégrer une communauté soudée et homogène, de " faire corps " autour de valeurs, de rituels et de traditions partagés qui dépassent le strict cadre de l'instruction opérationnelle. Homme de métier, le soldat est un homme qui doit faire la preuve de ses qualités " viriles ": courage, dépassement de soi et capacité à (faire) endurer la violence se trouvent ainsi au cœur de l'esprit de corps que l'on cherche à transmettre. En dévoilant la pluralité des enseignements militaires, cette recherche met au jour le caractère complexe et parfois ambigu d'une formation dans laquelle il s'agit tout à la fois d'apprendre à combattre et parader.À la croisée d'une ethnologie des savoirs, du corps sexué et des identités socioprofessionnelles, cet ouvrage propose un regard sur une institution politique de premier plan, aujourd'hui particulièrement visible dans l'espace social et pourtant encore largement inaperçue des sciences sociales.
Identités et savoirs industriels dans la France contemporaine.
Qu'est-ce qu'une culture du travail ? Comment la définir autrement qu'en opposition à la culture savante ? Quelles relations une société entretient-elle avec son ou ses industries ? Comment définir et appréhender ce qu'on appelle la culture d'entreprise ? Ethnologues, sociologues, géographes et historiens sont réunis ici pour répondre à ces questions.Contributions de Phanette de Bonnault-Cornu, David Charrasse, Geneviève Herberich-Marx, Yvon Lamy, Isabelle Lazier, Philippe Mairot, Alain Morel, Michèle Périssère, Freddy Raphaël, Georges Ribeill, Pierre Salmeron, André Vant
Directeur d'études à l'EHESS, Daniel Fabre (1947-2016) est une figure marquante de l'anthropologie française. Fondateur, avec le préhistorien Jean Guilaine, du Centre d'anthropologie des sociétés rurales, il a structuré la recherche et l'enseignement de l'anthropologie à Toulouse par les nombreux séminaires qu'il y a donné jusqu'à la fin des années 1990.Les textes ici réunis rappellent et prolongent sous forme d'hommage les différents chantiers qu'il avait ouverts dans la première partie de sa carrière et qui ont largement marqué et distingué la manière " toulousaine " de faire de l'anthropologie. Manière " ancrée " dans le monde occitan en premier lieu, puisque Fabre s'est inscrit dans le sillage des anthropologies autochtones qui visaient à combattre le colonialisme intellectuel intérieur et à mieux préciser les caractéristiques des communautés du Sud. Ce fut la porte d'entrée pour le développement d'une anthropologie de l'Europe qui fut marquée du double sceau de l'anthropologie historique d'une part et de l'anthropologie du symbolique d'autre part, adaptant à la matière européenne les démarches éprouvées ailleurs par Claude Lévi-Strauss.C'est à partir de ces cadres généraux que Daniel Fabre élabora d'importantes questions de recherche qui ne cessèrent dès lors de l'animer: le problème des passages à l'âge d'homme dans les sociétés européennes, les enjeux de l'écriture comme acte social et symbolique, et les contours d'une anthropologie de et avec la littérature.