" Tout héros qu'il est, Ulysse demande à être attaché au mât du navire pour résister au chant des sirènes. De même, le poète oppose une résistance farouche à l'attraction du savoir. Non pas qu'il soit contre le savoir, au contraire, mais obstinément, avec entêtement, il cherche à garder inaccessible un fragment qui échappe depuis toujours au savoir. Si chaque objet a une ombre portée, le savoir aussi a la sienne qu'il lui est, par définition, impossible d'éclairer de ses lumières. Pour s'aventurer dans cette ombre, il faut impérativement un stalker. Certaines choses ne s'enseignent pas. Non seulement elles ne s'enseignent pas, mais l'acte de vouloir les enseigner les annule aussitôt. Elles doivent leur présence à l'effacement de la raison. Peut-être à une folie, à une transe, une perte, une dérive. Peut-être aussi, sans doute même, au sang, qui y est pour beaucoup dans l'ardeur d'une ombre qui trouve ses origines dans les profondeurs de nos violences et de nos barbaries. "Ce livre est issu de la leçon inaugurale prononcée au Collège de France le jeudi 6 février 2025 par Wajdi Mouawad, professeur invité en 2024-2025 sur la chaire annuelle L'invention de l'Europe par les langues et les cultures, créée en partenariat avec le ministère de la Culture.
Comment s'incarnait le personnage sur la scène de la comédie latine palliata, et plus spécifiquement celle de Plaute (IIIe-IIe siècle avant notre ère)? Comment son masque et sa gestuelle contribuaient-ils à construire le personnage et à nourrir le sens de l'œuvre? Le théâtre n'est pas seulement affaire de texte, il est aussi pleinement un spectacle: c'est cette part spectaculaire que cet ouvrage étudie, exploitant sources textuelles et iconographiques, ces dernières n'ayant encore jamais été systématiquement examinées en France dans cette perspective.Il s'agit ainsi d'établir la caractérisation visuelle du personnage, en se demandant dans quelle mesure ce personnage est contenu dans les limites des types qui peuplent la palliata (jeune homme, esclave, vieillard, courtisane…) ou, au contraire, brise ces limites. L'ouvrage étudie tout d'abord le masque de théâtre, en s'attachant à prouver qu'il était employé sur la scène de la palliata à cette époque déjà. On n'en doute plus guère, mais ce qui fait aujourd'hui l'objet d'un consensus intuitif reste à étayer objectivement. Les deuxième et troisième parties traitent de la gestuelle comique et plus spécifiquement plautinienne, à travers les textes, puis les images. Si le spectacle est au cœur de cette étude, jamais le texte de théâtre n'est laissé de côté: c'est dans l'interaction du verbal et du visuel que s'élabore un personnage qui, en définitive, se révèle en constante métamorphose.
" Tu as engagé une illégale pour s'occuper de tes enfants ? ! "La narratrice tombe des nues lorsqu'elle apprend que son amie emploie une sans-papiers.Mais avec l'histoire de Gloria, la baby-sitter camerounaise, puis celle de Mohammed, un demandeur d'asile débouté, sa stupeur va laisser la place à de nouvelles questions : comment des sans-papiers peuvent-ils payer assurances sociales et impôt à la source, tout en se voyant refuser le droit d'exister légalement ? Comment des employeurs peuvent-ils recruter des travailleurs illégaux, et s'en sortirimpunément ?Avec ce sixième roman, Isabelle Flükiger nous emmène dans une Suisse de l'ombre où la justice n'est pas le droit, et où la loi ne dit pas toujours ce qu'elle fait. Un récit entre enquête et fiction aussi percutant qu'instructif.
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