L'espace aménagé de nos classes porte encore la marque des longues traditions d'exercisation et de profération magistrales, souvent renouvelées, jamais vraiment dépassées, du moins au secondaire. Des habitus dont la genèse s'est obscurcie depuis les prodigieuses techniques psalmodiques de la solmisation grégorienne. Il était alors possible de connaître " par cœur ", grâce à l'espace de la nef où il circulait viva voce, inlassablement, en cycles annuels immuables, l'immense savoir nécessaire au salut. Un enseignement doublé d'un décor qui donnait à voir, aussi, tout ce qui était récité et entendu. Or le plan d'études oral et visuel de la nef-cathédrale subit la concurrence des supports de l'écrit diffusés parallèlement à un mouvement de profanation absolu dont on peut su ...
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I. Nef II. Plan d'études viva voce III. Profanation de l'espace-temps sacral IV. Décor, orientation, clocher V. Plan d'études palatial occidenté VI. Perspective occidentée VII. Genèse de l'occidentation palatiale urbaine VIII. Plan d'études urbain, ségrégation sociale IX. Voie triomphale X. Bipolarisation monumentale urbaine XI. Ségrégation sociale pédagogique XII. Classe XIII Lycées d'excellence XIV Espace de surveillance panoptique XV. Rémanences éducatives
SEGREGATION SOCIALE, PLAN D'ETUDES, ESPACE PEDAGOGIQUE
Réciter
Savoir par coeur Psalmodier Du territoire de la correction à l'espace de la surveillance L'héritage de la profération
Voir
Temps sacré, temps profane Pérennité d'un mémorial Fonction enseignante de la cathédrale d'images Orientation eschatologique
Contempler
Inscription territoriale de la distinction Versailles, plan d'études profane
Résider, habiter
La ville lieu de mémoire, plan d'études La thèse des vents dominants Le problème vu du côté de la ville Genèse de la ségrégation sociale urbaine Ségrégation sociale Visibilité de la ségrégation sociale L'archétype londonien Un type européen de ville ségrégationniste ? Le plan bruxellois Le plan de Berlin Le plan de Munich Le modèle parisien
EPILOGUE
Genèse des ordres pédagogiques Rémanences éducatives Contrastes de l'historiographie éducative
Bibliographie thématique
L'espace aménagé de nos classes porte encore la marque des longues traditions d'exercisation et de profération magistrales, souvent renouvelées, jamais vraiment dépassées, du moins au secondaire. Des habitus dont la genèse s'est obscurcie depuis les prodigieuses techniques psalmodiques de la solmisation grégorienne. Il était alors possible de connaître " par cœur ", grâce à l'espace de la nef où il circulait viva voce, inlassablement, en cycles annuels immuables, l'immense savoir nécessaire au salut. Un enseignement doublé d'un décor qui donnait à voir, aussi, tout ce qui était récité et entendu. Or le plan d'études oral et visuel de la nef-cathédrale subit la concurrence des supports de l'écrit diffusés parallèlement à un mouvement de profanation absolu dont on peut suivre la trace dans les nouveaux espaces pédagogiques, palatiaux et urbains, des villes-capitales de l'Europe moderne.Inversant l'orientation "cathédrale" qui indiquait encore la direction du Dernier Jour, but ultime de l'éducation chrétienne, les capitales se dotent d'un axe nouveau, hygiéniste et profane, tourné vers le soleil couchant, délimitant une aire propice aux loisirs de cour, reléguant les engeances populaires à l'arrière du dispositif. Elles se font plans d'études monumentaux, affichent les symboliques de l'absolutisme monarchique, les réifient dans l'espace ordonné de la ville. Cette édification plastique aux valeurs modernes de ségrégation sociale entre quartiers aisés et populaires renvoie à une école en deux ordres pédagogiques, primaire et secondaire, jusqu'au renversement opéré par les trois degrés successifs pour tous de la deuxième moitié du XXe siècle.