" Roman du retour ", Aurélien représente le désarroi consécutif à la Grande Guerre, désigné dans les années vingt comme un " nouveau mal du siècle ". Figure du désœuvrement et du désengagement, le personnage éponyme est au cœur de la réflexion romanesque sur l'impact de la guerre sur la figuration de soi et la perception du réel. La dépersonnalisation, notion empruntée à la psychiatrie, permet ici de cerner au plus près la dérive subjective du survivant dans un monde déréalisé. C'est par le choix d'une forme narrative spécifique qu'Aragon aborde la question d'une mémoire blessée par la guerre. Le travail sur la disjonction temporelle, la répétition et le leitmotiv, sur le hasard, embrayeur fictionnel et signe du dysfonctionnement de la causalité, sur la thématique de l' ...
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AURÉLIEN d'Aragon. Un " nouveau mal du siècle "Carine TrévisanSommaireINTRODUCTION7Chapitre I : AURÉLIEN, UN ROMAN DU RETOUR171.L'HISTOIRE, CAUSE OBSCURE17II.UNE NOUVELLE LOGIQUE DU CYCLE19III.UN "NOUVEAU MAL DU SIÈCLE"27IV.UN ROMAN DU RETOUR39Chapitre II : LE DEHORS ET LE DEDANS, LA POROSITÉ DES FRONTIÈRES47I.LE PERSONNAGE ET SES TERRITOIRES501.Lieux intimes51Lieux d'emprunt51Le dehors et le dedans52Réclusions58Conclusion622.Théâtres de l'intimité64Du salon au bordel66Témoins673.Théâtres sociaux72Théâtre sensoriel et régression72La désindividualisation74II.LES LIEUX DU CORPS801.La Seine, forme matricielle81La Seine, une forme élective81L'eau, enveloppe matérielle et sonore862.Paysages du corps93III.ÉTRANGER AU LIEU1001.Le lieu comme décor1002.La porosité des frontières105Atmosphère112" Faire le gris"115CONCLUSION119Chapitre III : LE TEMPS DE LA RÉPÉTITION121I.LES TROUBLES DU TEMPS1221.l'incertitude des repères1222.Les seuils invalidés : une historicité problématique129Le seuil de l'amour130Le seuil de l'âge adulte136"Je ne suis jamais sorti tout à fait de la guerre" . 137II.UN ROMAN DE LA REMÉMORATION1381.Remémoration et narration1382.Remémoration et fiction1403.La bonne et la mauvaise répétition145III.L'IMPOSSIBLE ANNULATION DE LA TEMPORALITÉ1551.L'antique et le refus du temps présent1552.Le temps du deuil159 Chapitre IV : LE HASARD ET LA NÉCESSITÉ,LA CAUSALITÉ DESSAISIE1631.LA REPRÉSENTATION ROMANESQUE DU HASARD1631.Le hasard relatif : l'effet de hasard1632.le hasard absolu167II.LA FORCE DU DESTIN1721.le hasard, instrument de la fatalité1722.L'amour comme destin1753."Le destin, c'est la politique"182CONCLUSION190Chapitre V : LES ÉNIGMES DE L'IDENTITÉ195I.LA CONSTITUTION DE L'IDENTITÉ DANS LA FILIATION1951.Ressemblance1962.Héritages2003.Paternités de substitution2074.Figures transgénérationnelles2115.Conclusion214II.VISAGE ET IDENTITÉ2161.Le visage, "chose fuyante"2182.Le rapt du visage221Les spectres du visage221Le rapt du visage dans ses représentations2263.Le visage, un écran contre le sexe228Le masque de Méduse2314.Le masque, un écran contre la mort235La mort historique2385."Au-delà des semblances fixées... "2436.Les oscillations au seuil du visage2467.Conclusion251III.LA DUPLICATION DE L'IDENTITÉ2531.Le théâtre des identités2532.Les troubles du reflet2553.Conclusion259CONCLUSION GÉNÉRALE261BIBLIOGRAPHIE265TABLE281
" Roman du retour ", Aurélien représente le désarroi consécutif à la Grande Guerre, désigné dans les années vingt comme un " nouveau mal du siècle ". Figure du désœuvrement et du désengagement, le personnage éponyme est au cœur de la réflexion romanesque sur l'impact de la guerre sur la figuration de soi et la perception du réel. La dépersonnalisation, notion empruntée à la psychiatrie, permet ici de cerner au plus près la dérive subjective du survivant dans un monde déréalisé. C'est par le choix d'une forme narrative spécifique qu'Aragon aborde la question d'une mémoire blessée par la guerre. Le travail sur la disjonction temporelle, la répétition et le leitmotiv, sur le hasard, embrayeur fictionnel et signe du dysfonctionnement de la causalité, sur la thématique de l'identité ont été retenus dans cette étude comme caractéristiques de l'écriture aragonienne de l'histoire. Ecrit en marge des circonstances de la rédaction, l'Occupation, Aurélien permet de repenser les rapports de l'écriture à la guerre, écriture qui, dans ses troubles et ses plis, mime, par empathie, la débâcle des survivants tout en effectuant un travail de cicatrisation, de remembrement, d'apaisement.